Elle va trop vite, elle est trop musculeuse, elle est poilue – Entretien avec Anaïs Bohuon, sociohistorienne – Mickaël Correia et Céline Picard

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Texte de la brochure :

Depuis quelques semaines, l’athlète sud-africaine Caster Semenya défraye la chronique. La triple championne du monde du 800 mètres conteste une mesure qui oblige les sportives qui ont un taux élevé de testostérone à le faire baisser pour participer aux compétitions. La Fédération internationale d’athlétisme cherche ainsi à tout prix à sauvegarder l’illusion d’une certaine équité, entreprise d’autant plus vaine qu’aux inégalités de conditions de vie et d’entraînement s’ajoute l’infinie diversité des morphologies. Parmi les outils en usage dans le milieu sportif, la catégorisation selon le sexe est à la fois le réceptacle et le relais des pires préjugés de genre. Continuer la lecture de Elle va trop vite, elle est trop musculeuse, elle est poilue – Entretien avec Anaïs Bohuon, sociohistorienne – Mickaël Correia et Céline Picard

L’alimentation, arme du genre – Tristan Fournier, Julie Jarty, Nathalie Lapeyre et Priscille Touraille

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Texte de la brochure :

À la mémoire de Nicole-Claude Mathieu

Ce dossier est le fruit d’une rencontre entre trois sociologues et une socio-anthropologue autour du constat suivant : un vide théorique caractérise le croisement des champs du genre et de l’alimentation dans le monde francophone. L’appel à contribution lancé en 2014 par le Journal des anthropologues avait pour objectif de sonder ce vide et de permettre l’émergence de questionnements inédits et de données susceptibles d’alimenter le peu d’études empiriques disponibles sur le sujet. Nous espérions, par cet appel, « essayer de savoir et de faire savoir ce que l’univers du savoir ne veut pas savoir », selon la formulation de Bourdieu (1997 : 14).

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Anthropocène, Capitalocène, Plantationocène, Chthulucène – Donna Haraway

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Texte de la brochure :

Il ne fait aucun doute que les processus anthropogéniques ont eu des effets planétaires, en inter/intra-actions avec d’autres processus et espèces, depuis qu’il est possible d’identifier comme telle notre espèce (une dizaine de milliers d’années) ; et l’impact de l’agriculture (apparue il y a quelques milliers d’années) fut considérable[1]. Or depuis le début, les plus grands terraformeurs (et réformateurs) de planètes ont été et sont toujours les bactéries et leurs proches, également en inter/intra-actions avec une myriade d’autres catégories d’êtres (y compris les peuples humains avec leurs pratiques, que celles-ci soient technologiques ou autres[2]. Comme beaucoup d’autres événements historiques révolutionnaires de nature écologique, l’envergure de la dispersion des graines de plantes des millions d’années avant l’agriculture humaine fut un fait nouveau dans l’évolution de la planète. Continuer la lecture de Anthropocène, Capitalocène, Plantationocène, Chthulucène – Donna Haraway

Un jour nous vaincrons – Zehra Doğan

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Texte de la brochure :

Le projet anticapitaliste porté par le mouvement révolutionnaire kurde reste méconnu — quand il n’est pas ignoré, y compris de la plupart des formations féministes et antiracistes européennes[1]. Il présente pourtant la singularité de placer l’émancipation des femmes au cœur de sa théorie et de sa pratique : « le principe fondamental du socialisme est de tuer le mâle dominant », c’est là son mot d’ordre le plus fameux. Zehra Doğan, 30 ans, est l’un de ses multiples visages. Née en Turquie, cette jeune artiste-peintre a été incarcérée en 2017. 600 jours de prison pour avoir réalisé un dessin évoquant la répression militaire du régime d’Erdoğan et diffusé le témoignage d’un enfant sur sa page Facebook. Sa correspondance avec la cofondatrice du magazine libertaire Kedistan a récemment paru aux Éditions des femmes : Nous aurons aussi de beaux joursNous en publions quelques extraits de notre choix.

 

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Le langage est politique – Maria Candea

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Texte de la brochure :

Maria Candea est enseignante-chercheuse en linguistique et sociolinguistique à l’université de Paris 3 (Sorbonne Nouvelle) et membre du comité de rédaction de la revue électronique GLAD ! — sous-titrée Recherche sur le langage, le genre et les sexualités. Pour cette chercheuse engagée, longtemps militante dans l’association féministe Mix-Cité, les convictions politiques sont parfaitement compatibles avec la recherche, à condition d’être réinterrogées en permanence. Quoi de plus normal que d’interroger politiquement un objet politique, le langage ? Oui, un objet politique, historique et social. Sait-on assez que le masculin ne l’a pas toujours emporté sur le féminin ? Que l’Académie française, qui assure décréter ce qu’est le « bon français », est pour l’essentiel composée d’absentéistes ? Que les citoyens ont un mot à dire sur les choix qui gouvernent notre orthographe ? Continuer la lecture de Le langage est politique – Maria Candea

De la transparence des femmes – Colette Guillaumin

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Texte de la brochure :

Vous vous rappelez, à l’école ? « Pousse-toi, ton père est pas vitrier ! Tu me caches la vue. » Eh bien si, apparemment nous avons été engendrées par des vitrières, transparentes nous sommes : on nous voit à travers, on pourrait même dire qu’on ne nous voit pas du tout. Dans nos métiers intellectuels, par exemple. On écrit, pas mal même… c’est normal, c’est notre métier. Mais le «hic» c’est que si tout le monde le sait, personne n’a l’air de s’en apercevoir. Voyez, l’autre jour, je lisais un livre très sérieux sur l’«agression», très bien fait ce livre, très bien appuyé, très bien argumenté et pas si mal. Au moins trois cents citations, et des auteurs les plus divers. Trois cents, ça n’est pas rien (c’était peut-être plus). Grâce à un si grand nombre de citations, j’ai tout de même pu trouver une femme citée dans le texte. Après tout, il n’y en a peut-être qu’une seule qui a travaillé là-dessus, c’est possible, tout est possible, moi je n’en sais rien et c’est un domaine où jusqu’ici je n’ai entendu parler que d’hommes ; ce n’est d’ailleurs pas étonnant, l’agression «naturelle» est bien une idée de dominant, de celui qui est du bon côté du manche dans un rapport social. Bref, j’ai quand même trouvé une femme. Alors, c’est normal, j’ai voulu savoir de quel livre ou article était tirée l’argumentation qu’on lui attribuait. Et je me suis reportée à l’appareil de notes final qui donne, pour tous les auteurs cités, les indications bibliographiques des citations, page par page. C’est très bien fait, très précis et très détaillé, avec titre, année, ville, éditeur, pages concernées, etc. : trois cents comme ça. Très bien fait, sauf que je n’y ai pas trouvé la femme en question, rien, aucune référence. Comme d’habitude.

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L’homophobie vient-elle (vraiment, et seulement) d’en bas ? – Sylvie Tissot

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Texte de la brochure :

Il existe aujourd’hui une condamnation officielle de l’homophobie, et une politique de reconnaissance de l’homosexualité – à travers notamment la légalisation du mariage des couples de même sexe. Cette gayfriendliness institutionnelle résulte en bonne partie de la pression des mouvements sociaux, mais elle a aussi été entérinée et organisée à des fins de diversion – et de stigmatisation parfois explicite des « autres », présentés comme homophobes : les classes populaires, les minorités racisées et le « monde musulman ». C’est ce qu’ont montré plusieurs travaux consacrés à l’« homonationalisme » – terme forgé pour critiquer ces opérations politiques menées au nom du progressisme. Plusieurs réponses ont déjà été apportées pour les contrer, certaines allant malheureusement jusqu’à disqualifier toute lutte contre l’homophobie et toute demande d’égalité des droits (et notamment des droits d’accès au mariage et à l’adoption) au nom du supposé impérialisme, du supposé racisme ou du supposé mépris de classe dont elles seraient nécessairement, comme par essence, entachées. C’est un angle d’analyse très différent que nous proposons ici. Dans son livre Gayfriendly. Acceptation et contrôle de l’homosexualité à Paris et à New York qu’elle présentera le 21 mai à 19h30 à Bonjour Madame[1], Sylvie Tissot propose un détour par la gayfriendliness revendiquée par des hétérosexuels fortunés et cultivés, pour en dégager les caractéristiques bien particulières, ainsi que les importantes limites. Le texte qui suit, et qui en est extrait, analyse et déconstruit l’autorité morale dont les habitants de quartiers gentrifiés s’investissent eux-mêmes, par le biais notamment d’une dénonciation vertueuse de certains lieux et de certaines populations. Continuer la lecture de L’homophobie vient-elle (vraiment, et seulement) d’en bas ? – Sylvie Tissot

Les femmes dans les luttes anti-carcérales – Clara Wichmann, Marie Ganz, Neal Shirley & Saralee Stafford

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Texte de la brochure :

Ces trois textes traitent des femmes dans les luttes contre la prison de points de vue très différents.

Clara Wichmann est juriste de formation et son approche est d’abord théorique. On peut tout de même signaler que son compagnon, Jo Meijer, a été emprisonné pour avoir refusé de servir durant la première guerre mondiale.

Le témoignage de Marie Ganz, issu de son autobiographie Rebels! Into Anarchy – and out again relève de son expérience personnelle. Dans son récit, elle décrit de façon sensible les effets du contrôle du quotidien sur les détenues et les liens de solidarité qu’elles arrivent à établir malgré tout.

Le dernier texte est un extrait du chapitre « We Asked for Life » de Dixie Be Damned : 300 years of Insurrection in the American South (AK Press, 2015). Neal Shirley et Saralee Stafford y reconstruisent la révolte des détenues du centre correctionnel pour femmes de Caroline du Nord pour l’inscrire plus largement dans une historiographie anarchiste du Sud des États-Unis.

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Salaire contre le travail ménager – Silvia Federici

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Texte de la brochure :

Le texte de Silvia Federici (auteure aussi de « Caliban et la sorcière », paruen juin 2014 chez Entremonde et Senonevero) « Wages against Housework » paraît en 1975 et en 1977 dans sa traduction française dans un ouvrage collectif « le foyer de l’insurrection, Textes pour le salaire sur le travail ménager » édité par le collectif féministe l’Insoumise de Genève. Ce livre collectif rassemble uniquement des textes autour de la perspective du salaire contre le travail ménager à propos des luttes importantes sur cette perspective en Italie, en France, en Angleterre, aux USA, et au Canada. Continuer la lecture de Salaire contre le travail ménager – Silvia Federici

L’abolitionnisme pénal, une lutte féministe ? – Gwenola Ricordeau

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Texte de la brochure :

La notion d’ « abolitionnisme » réfère généralement, dans l’état actuel de notre culture politique, à la suppression de la peine capitale. Dans un contexte où celle-ci est officiellement supprimée, l’abolitionnisme s’est déplacé sur le terrain carcéral et plus largement pénal : en finir avec la prison, voire avec la pénalité elle-même. Cette perspective est notamment nourrie par la pensée féministe, non sans tension. C’est ce nœud qui est au cœur du livre de Gwenola Ricordeau, Pour elles toutes. Femmes contre la prison (Lux, 2019).

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