Résilience partout, résistance nulle part – Evelyne Pieiller

La brochure en pdf page par page : Résilience partout, résistance nulle part
La brochure en pdf format livret : Résilience partout, résistance nulle part_livret
L’article sur Le monde diplo

Jusqu’où aller dans la mise en œuvre de nouvelles contraintes, et comment y aller ? Comment faire pour qu’elles apparaissent justifiées, voire bénéfiques, pour s’assurer de leur acceptabilité sociale ? Le recours aux sciences cognitives permet d’armer dans ce but les politiques publiques et de contribuer à un modelage de nos comportements ; ce qu’illustre la valorisation de la « résilience ».

Ici, la résilience a la saveur d’une crépinette de pied de cochon.  Moins d’une semaine après les attentats du 13 novembre 2015, c’est ce qu’on pouvait lire dans un article du Monde vantant un restaurant. On peut supposer que la crépinette était d’autant plus forte en embrayeuse de résilience que ledit restaurant était situé dans l’un des arrondissements où avaient eu lieu les fusillades. C’était hardi, mais précurseur. Cinq ans plus tard, le mot est mis, si l’on ose dire, à toutes les sauces. Les institutions internationales, le monde de la finance, du management, de la santé publique, les économistes, les urbanistes, les climatologues : tous y recourent. Les politiques en raffolent. M. Joseph Biden a évoqué dans son discours d’investiture, le 20 janvier dernier, la « résilience » de la Constitution américaine. M. Emmanuel Macron le décline sans craindre de se répéter. S’il évoque, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, les « scénarios de résilience » (France Info, 19 février 2021), il sait aussi se montrer plus inventif. Ainsi, pour le cinquantième anniversaire de la mort du général de Gaulle, le 9 novembre 2020, il salue son « esprit de résilience ». Il baptise la mobilisation de l’armée en mars 2020 opération « Résilience ». Au Forum économique mondial de Davos, le 26 janvier dernier, il se déclare « pour un capitalisme résilient ». Un récent projet de loi s’intitule « Climat et résilience ». Les ministres partagent le lexique du président, et Mme Roselyne Bachelot évoque avec entrain, sur fond de suspense durable, un « modèle résilient de fonctionnement des lieux culturels » (Twitter, 23 décembre 2020).

Manifestement, être résilient, c’est bien.

C’est peut-être même le bien. Continuer la lecture de Résilience partout, résistance nulle part – Evelyne Pieiller

Islamo-gauchisme, histoire d’un glissement sémantique – Corinne Torrekens

Lien vers le texte sur La Revue Nouvelle
Lien vers le pdf page par page : Islamo-gauchisme
Lien vers le pdf en format livret : Islamogauchisme (livret)

Face au tollé déclenché par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche Frédérique Vidal annonçant son intention de demander une enquête sur « l’islamo-gauchisme » à l’université, le CNRS a rappelé dans un communiqué que ce terme ne correspondait à aucune réalité scientifique. S’il reste difficile de remonter à l’origine exacte de l’expression, il semble que la lecture tronquée d’un texte publié par le leader d’un mouvement trotskiste anglais en constitue la première étape. Une seconde étape a été l’apparition de glissements sémantiques qui, d’une part, font des musulmans le nouveau prolétariat et, d’autre part, associent toute structure en lien avec l’islam à de l’islamisme. Continuer la lecture de Islamo-gauchisme, histoire d’un glissement sémantique – Corinne Torrekens

Le langage est politique – Maria Candea

Lien vers la brochure en pdf : Le langage est politique

Lire le texte sur Ballast

Texte de la brochure :

Maria Candea est enseignante-chercheuse en linguistique et sociolinguistique à l’université de Paris 3 (Sorbonne Nouvelle) et membre du comité de rédaction de la revue électronique GLAD ! — sous-titrée Recherche sur le langage, le genre et les sexualités. Pour cette chercheuse engagée, longtemps militante dans l’association féministe Mix-Cité, les convictions politiques sont parfaitement compatibles avec la recherche, à condition d’être réinterrogées en permanence. Quoi de plus normal que d’interroger politiquement un objet politique, le langage ? Oui, un objet politique, historique et social. Sait-on assez que le masculin ne l’a pas toujours emporté sur le féminin ? Que l’Académie française, qui assure décréter ce qu’est le « bon français », est pour l’essentiel composée d’absentéistes ? Que les citoyens ont un mot à dire sur les choix qui gouvernent notre orthographe ? Continuer la lecture de Le langage est politique – Maria Candea