De la transparence des femmes – Colette Guillaumin

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Texte de la brochure :

Vous vous rappelez, à l’école ? « Pousse-toi, ton père est pas vitrier ! Tu me caches la vue. » Eh bien si, apparemment nous avons été engendrées par des vitrières, transparentes nous sommes : on nous voit à travers, on pourrait même dire qu’on ne nous voit pas du tout. Dans nos métiers intellectuels, par exemple. On écrit, pas mal même… c’est normal, c’est notre métier. Mais le «hic» c’est que si tout le monde le sait, personne n’a l’air de s’en apercevoir. Voyez, l’autre jour, je lisais un livre très sérieux sur l’«agression», très bien fait ce livre, très bien appuyé, très bien argumenté et pas si mal. Au moins trois cents citations, et des auteurs les plus divers. Trois cents, ça n’est pas rien (c’était peut-être plus). Grâce à un si grand nombre de citations, j’ai tout de même pu trouver une femme citée dans le texte. Après tout, il n’y en a peut-être qu’une seule qui a travaillé là-dessus, c’est possible, tout est possible, moi je n’en sais rien et c’est un domaine où jusqu’ici je n’ai entendu parler que d’hommes ; ce n’est d’ailleurs pas étonnant, l’agression «naturelle» est bien une idée de dominant, de celui qui est du bon côté du manche dans un rapport social. Bref, j’ai quand même trouvé une femme. Alors, c’est normal, j’ai voulu savoir de quel livre ou article était tirée l’argumentation qu’on lui attribuait. Et je me suis reportée à l’appareil de notes final qui donne, pour tous les auteurs cités, les indications bibliographiques des citations, page par page. C’est très bien fait, très précis et très détaillé, avec titre, année, ville, éditeur, pages concernées, etc. : trois cents comme ça. Très bien fait, sauf que je n’y ai pas trouvé la femme en question, rien, aucune référence. Comme d’habitude.

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