Qu’est-ce que l’hétérosexisme – Louis-Georges Tin

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Le texte sur le site Les mots sont importants

Ces réflexions ne sont liées à aucun événement récent, et elles n’ont pas besoin de l’être. L’hétérosexisme en effet, comme tous les modes de pensée dominants, n’a rien d’un événement : il est la norme, l’ordinaire, le quotidien, et c’est sa contestation qui fait événement. Le Dictionnaire de l’homophobie, dont est extrait le texte qui suit, a de ce point de vue constitué un réel événement éditorial. Son coordinateur, Louis-Georges Tin, qui est aussi l’auteur de ce texte, revient donc sur ce mot important, et sur la réalité qu’il nomme.

Le mot ne figure pas encore dans les dictionnaires de langue française. Le concept, pourtant, ne date pas d’aujourd’hui : il figure clairement dans les écrits d’André Gide, c’est en quelque sorte la « pensée straight » dont parlait Monique Wittig, ou encore « la contrainte à l’hétérosexualité » que critiquait Adrienne Rich. Il apparaît en filigrane dans les termes « hétéroflics » ou « héterroristes » dont se servaient les militants du FHAR[1] et de la libération sexuelle, et le mot fut même quelques fois prononcé à cette époque, mais il n’avait guère jusqu’alors d’existence publique, du moins en France.

Or, ces dernières années, lors des débats et réflexions autour du PACS, le mot et le concept ont plus d’une fois été sollicités, relayés en outre par les termes hétérocentrisme et hétéronormativité, et cet usage a pu susciter des réserves, si ce n’est des critiques : à l’évidence, dans la mesure où elle oblige à repenser les dispositifs théoriques et pratiques de la domination sexuelle, cette notion est à la fois capitale et problématique. Continuer la lecture de Qu’est-ce que l’hétérosexisme – Louis-Georges Tin

L’homophobie vient-elle (vraiment, et seulement) d’en bas ? – Sylvie Tissot

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Texte de la brochure :

Il existe aujourd’hui une condamnation officielle de l’homophobie, et une politique de reconnaissance de l’homosexualité – à travers notamment la légalisation du mariage des couples de même sexe. Cette gayfriendliness institutionnelle résulte en bonne partie de la pression des mouvements sociaux, mais elle a aussi été entérinée et organisée à des fins de diversion – et de stigmatisation parfois explicite des « autres », présentés comme homophobes : les classes populaires, les minorités racisées et le « monde musulman ». C’est ce qu’ont montré plusieurs travaux consacrés à l’« homonationalisme » – terme forgé pour critiquer ces opérations politiques menées au nom du progressisme. Plusieurs réponses ont déjà été apportées pour les contrer, certaines allant malheureusement jusqu’à disqualifier toute lutte contre l’homophobie et toute demande d’égalité des droits (et notamment des droits d’accès au mariage et à l’adoption) au nom du supposé impérialisme, du supposé racisme ou du supposé mépris de classe dont elles seraient nécessairement, comme par essence, entachées. C’est un angle d’analyse très différent que nous proposons ici. Dans son livre Gayfriendly. Acceptation et contrôle de l’homosexualité à Paris et à New York qu’elle présentera le 21 mai à 19h30 à Bonjour Madame[1], Sylvie Tissot propose un détour par la gayfriendliness revendiquée par des hétérosexuels fortunés et cultivés, pour en dégager les caractéristiques bien particulières, ainsi que les importantes limites. Le texte qui suit, et qui en est extrait, analyse et déconstruit l’autorité morale dont les habitants de quartiers gentrifiés s’investissent eux-mêmes, par le biais notamment d’une dénonciation vertueuse de certains lieux et de certaines populations. Continuer la lecture de L’homophobie vient-elle (vraiment, et seulement) d’en bas ? – Sylvie Tissot