Putes, corps désirants et émancipations – Morgane Merteuil

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Lire le texte sur le site de la revue Période

L’« épanouissement sexuel » est désormais un attribut incontournable pour celles qui prétendent accéder à des droits sociaux et politiques. Tel est le constat que Morgane Merteuil établit pour comprendre les nouveaux discours de criminalisation des travailleuses du sexe. S’appuyant sur une communication de Joan Scott, elle examine la façon dont le « désir » réel ou supposé des prostituées est devenu une arme aux mains des franges répressives. Celles et ceux qui militent aujourd’hui pour « l’abolition de la prostitution » se révèlent être les relais d’un libéralisme inavoué. Continuer la lecture de Putes, corps désirants et émancipations – Morgane Merteuil

Ce que fait l’animal à la ville – Henri Bony et Léa Mosconi

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L’article sur le site d’AOC – Analyse Opinion Critique

Si l’utilisation généralisée de l’isolation thermique par l’extérieur place en confrontation deux enjeux, l’énergie et le vivant, elle met également en tension deux récits, celui d’une ville moderne face à celui d’une ville vivante. Cet antagonisme, nouveau défi de l’urbanisme, appelle à rompre avec une vision des espaces jusqu’ici très anthropocentrée, pour faire revivre la ville depuis l’extérieur.

En 1923, Le Corbusier écrit dans Vers une architecture[1] une phrase qui incarnera, pour plusieurs générations d’architectes, l’idéologie d’un certain mouvement moderne et une définition à la fois épaisse et sensible de la discipline architecturale : « L’architecture est le jeu savant, correcte et magnifique des volumes assemblés sous la lumière ».

Aujourd’hui, que nous racontent les volumes assemblés sous la lumière des changements climatiques à l’œuvre et de l’effondrement du vivant ? Au service de quoi, ce jeu savant, correct et magnifique doit-il être mis pour faire face aux enjeux contemporains ? Et eux, ces vivants qui s’effondrent, des papillons aux moineaux en passant par les libellules, qu’attendent-ils de l’architecture et de la ville d’aujourd’hui ? Continuer la lecture de Ce que fait l’animal à la ville – Henri Bony et Léa Mosconi

Les limites de l’individualisation des dominations – Aurore Koechlin

Lire le texte en ligne sur le site de l’ARC
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Cette analyse propose une définition et une critique de l’individualisation des dominations qui a cours dans certains usages militants des notions d’intersectionnalité et de privilèges. Que désigne-t-on par une telle « individualisation des dominations » ? Quelles en sont les limites, tant sur un plan théorique que stratégique ? Quelle autre lecture proposer des rapports sociaux de domination ? Sans prétendre faire le tour du sujet, ce texte avance quelques pistes de réflexion utiles pour celles et ceux qui s’efforcent de penser et de combattre politiquement les différents systèmes de domination (capitalisme, patriarcat, racisme). Continuer la lecture de Les limites de l’individualisation des dominations – Aurore Koechlin

Ambivalences de l’exotisme – Noémie P. R. & Livia Cahn

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Méprisées ou soudainement encensées, les « mauvaises herbes » racontent beaucoup de nos rapports à la nature, dans un temps long. Tantôt invasives, tantôt adjuvantes, les « espèces exotiques » résistent aux tentatives de catégorisation. De qui, de quoi sont-elles les alliées ? Continuer la lecture de Ambivalences de l’exotisme – Noémie P. R. & Livia Cahn

Ne nous pleurez pas – Jim Sinclair

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Le texte original en anglais : Don’t mourn for us

Cet article a été publié dans la lettre d’information de Autism Network International : Our Voice, Volume 1, Number 3 en 1993.
Jim Sinclair reprend les grandes lignes d’une conférence sur l’autisme qu’il donna en 1993 à Toronto et s’adresse en priorité aux parents des personnes autistes.
Avec cet article, Jim Sinclair devient une des premières personnes concernées à adopter une position militante qui ouvre la voie pour le mouvement des droits des autistes et leur autodétermination. Continuer la lecture de Ne nous pleurez pas – Jim Sinclair

Résilience partout, résistance nulle part – Evelyne Pieiller

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L’article sur Le monde diplo

Jusqu’où aller dans la mise en œuvre de nouvelles contraintes, et comment y aller ? Comment faire pour qu’elles apparaissent justifiées, voire bénéfiques, pour s’assurer de leur acceptabilité sociale ? Le recours aux sciences cognitives permet d’armer dans ce but les politiques publiques et de contribuer à un modelage de nos comportements ; ce qu’illustre la valorisation de la « résilience ».

Ici, la résilience a la saveur d’une crépinette de pied de cochon.  Moins d’une semaine après les attentats du 13 novembre 2015, c’est ce qu’on pouvait lire dans un article du Monde vantant un restaurant. On peut supposer que la crépinette était d’autant plus forte en embrayeuse de résilience que ledit restaurant était situé dans l’un des arrondissements où avaient eu lieu les fusillades. C’était hardi, mais précurseur. Cinq ans plus tard, le mot est mis, si l’on ose dire, à toutes les sauces. Les institutions internationales, le monde de la finance, du management, de la santé publique, les économistes, les urbanistes, les climatologues : tous y recourent. Les politiques en raffolent. M. Joseph Biden a évoqué dans son discours d’investiture, le 20 janvier dernier, la « résilience » de la Constitution américaine. M. Emmanuel Macron le décline sans craindre de se répéter. S’il évoque, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, les « scénarios de résilience » (France Info, 19 février 2021), il sait aussi se montrer plus inventif. Ainsi, pour le cinquantième anniversaire de la mort du général de Gaulle, le 9 novembre 2020, il salue son « esprit de résilience ». Il baptise la mobilisation de l’armée en mars 2020 opération « Résilience ». Au Forum économique mondial de Davos, le 26 janvier dernier, il se déclare « pour un capitalisme résilient ». Un récent projet de loi s’intitule « Climat et résilience ». Les ministres partagent le lexique du président, et Mme Roselyne Bachelot évoque avec entrain, sur fond de suspense durable, un « modèle résilient de fonctionnement des lieux culturels » (Twitter, 23 décembre 2020).

Manifestement, être résilient, c’est bien.

C’est peut-être même le bien. Continuer la lecture de Résilience partout, résistance nulle part – Evelyne Pieiller

Gaz lacrymogène, des larmes en or – Anna Feigenbaum

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Le texte sur le Monde Diplomatique

Comme les manifestants français — ceux de Mai 68, mais aussi ceux qui se mobilisent pour la « zone à défendre » de Notre-Dame-des-Landes ou contre la sélection universitaire à Nanterre —, les protestataires du monde entier font une expérience commune : l’inhalation de gaz lacrymogène. En un siècle, cette arme présentée comme inoffensive s’est imposée comme l’outil universel du maintien de l’ordre.

Contrairement à d’autres marchés, l’industrie du maintien de l’ordre ne craint ni les troubles sociaux ni les crises politiques — bien au contraire. Les révoltes du « printemps arabe » en 2011 et les manifestations qui ont ébranlé le monde ces dernières années ont fait exploser les ventes de gaz lacrymogène et d’équipements antiémeute. Carnets de commandes en main, les commerciaux sillonnent la planète. Des armées d’experts se tiennent à l’affût du moindre frémissement populaire pour conseiller fabricants et acheteurs sur les bonnes affaires du jour. Le gaz lacrymogène est sans conteste leur produit-vedette : universellement considéré par les gouvernements comme le remède le plus fiable et le plus indolore à la contestation sociale, comme une panacée contre le désordre, il ne connaît ni frontières ni concurrence. Continuer la lecture de Gaz lacrymogène, des larmes en or – Anna Feigenbaum

Que répondre à celles et ceux que gêne le mot race ? – Sarah Mazouz

Lire le texte sur le site Les mots sont importants (lmsi.net)
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Les races n’existent pas : bien-sûr ! Faut-il donc renoncer au mot ? Sarah Mazouz répond par la négative, car si les races n’existent pas, les manifestations du racisme sont toujours là, et partout : inégalités et préjugés, commentateurs d’extrême-droite invités sur les grandes chaînes télé, petites blagues du quotidien, violences physiques et symboliques, et plus largement encore une discrimination massive au travail, au logement, et dans toutes les sphères de la vie sociale. Avec pédagogie, l’auteure explique l’importance du mot « Race », et pourquoi il peut et doit être utilisé dans un tout autre sens que son acception raciste. Surtout, elle dévoile ce qui se niche derrière le refus obstiné – et prétendument antiraciste – d’utiliser le mot : un déni persistant de parler d’un rapport de pouvoir, doublé d’une ignorance regrettable de la multitude des travaux existants. Parce qu’il est clair, limpide, aussi utile que percutant, nous recommandons vivement la lecture de ce livre, dont voici un extrait Continuer la lecture de Que répondre à celles et ceux que gêne le mot race ? – Sarah Mazouz

Claudel-Louis – Magali Latry

Lien vers le texte sur le site de la revue En Marge
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Le titre « Camille-Séraphine » aurait été plus compréhensible : en effet l’usage du prénom, et parfois du seul prénom, est de mise quand il s’agit d’évoquer des artistes femmes. Pour les artistes hommes au contraire, au siècle et dans le pays de ces deux artistes, c’est plutôt le seul nom de famille qui est utilisé. Afin de les rétablir dans leur statut d’artiste, elles seront ici Claudel et Louis, plutôt que Camille (Claudel) et Séraphine (Louis, qui signe parfois Louis-Maillard, noms de son père et de sa mère, dite Séraphine de Senlis).

Elles sont strictement contemporaines, naissant toutes les deux en 1864, Claudel mourant à l’asile d’aliénés de Montdevergues en 1943, Louis à l’asile de Clermont-de-l’Oise en 1942. Selon toute probabilité, elles sont toutes deux mortes de faim. Louis avait en outre un cancer du sein et un œdème des membres inférieurs, Claudel était fortement carencée mais son certificat de décès mentionne un ictus apoplectique. Continuer la lecture de Claudel-Louis – Magali Latry

Vieillir au féminin – Juliette Rennes

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En avril 2016, en Suisse, une octogénaire a demandé — et obtenu — une aide au suicide car, « très coquette » selon son médecin, elle ne supportait pas de vieillir. Un signe du stigmate particulier attaché à l’avancée en âge chez les femmes. En France, deux personnalités se sont emparées de cette question longtemps négligée par les féministes : Benoîte Groult et Thérèse Clerc, toutes deux disparues cette année.

Pourquoi les femmes mentent-elles davantage que les hommes sur leur âge ? Partant de cette question apparemment anodine, Susan Sontag explore en 1972 ce qu’elle appelle le « deux poids, deux mesures de l’avancée en âge[1] ». En matière de séduction, remarque-t-elle, deux modèles masculins coexistent, le « jeune homme » et l’« homme mûr », contre un seul côté féminin : celui de la « jeune femme ». Au point qu’il est admis, notamment dans les classes moyennes et supérieures, qu’une femme dépense une énergie croissante (et, si elle le peut, de l’argent) pour tenter de conserver l’apparence de sa jeunesse. Continuer la lecture de Vieillir au féminin – Juliette Rennes