Sont-ils fous ? – Frédéric Lordon

Emmanuel Macron et ses acolytes sont-ils fous ? Mais poser cette question, n’est-ce pas psychologiser et donc dépolitiser (à contrario d’une approche sociologique et structuraliste) ? Frédéric Lordon répond ici à ces 2 questions.


Les précédentes brochures de la série sur les retraites :

Les brochures suivantes de la série sur les retraites :


Autres articles de Frédéric Lordon portant spécifiquement sur la fascisation en France :

  • Cap au pire (10 novembre 2020) [à venir]
  • Fury room (22 mai 2021) [à venir]
  • Krach symbolique (20 avril 2023)
  • De la république policière à la république fasciste ? (26 juillet 2023) [à venir]

Rompre l’aveuglement au racisme — Sarah Mazouz

Couverture de la brochure

 

Lien vers l’article original sur le site de la revue Contretemps.
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Texte de la brochure :

Présentation du livre de Sarah Mazouz, Race, Paris, Anamosa, collection « Le mot est faible », 2020

Les répercussions mondiales de la mort de George Floyd, le 25 mai 2020, l’ont montré : plus que jamais il est utile de défendre un usage critique du mot race, celui qui permet de désigner et par là de déjouer les actualisations contemporaines de l’assignation raciale.

User de manière critique de la notion de race, c’est, en effet, décider de regarder au-delà de l’expression manifeste et facilement décelable du racisme assumé. C’est saisir la forme sédimentée, ordinaire et banalisée de l’assignation raciale et la désigner comme telle, quand elle s’exprime dans une blague ou un compliment, dans une manière de se croire attentif ou au contraire de laisser glisser le lapsus, dans le regard que l’on porte ou la compétence particulière que l’on attribue. C’est ainsi expliciter et problématiser la manière dont selon les époques et les contextes, une société construit du racial.

Si le mot a changé d’usage et de camp, il demeure cependant tributaire de son histoire et y recourir de manière critique fait facilement l’objet d’un retournement de discrédit. Celles et ceux qui dénoncent les logiques de racialisation sont traité·es de racistes. Celles et ceux qui mettent en lumière l’expérience minoritaire en la rapportant à celle des discriminations raciales sont accusé·es d’avoir des vues hégémoniques. Dans le même temps, les discours racialisants continuent de prospérer sous le regard indifférent de la majorité.

Si le mot de race sert à révéler, y recourir est donc d’autant plus nécessaire dans le contexte français d’une République qui pense avoir réalisé son exigence d’indifférence à la race et y être parfaitement « aveugle », « colour-blind », dirait-on en anglais.

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L’homophobie vient-elle (vraiment, et seulement) d’en bas ? – Sylvie Tissot

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Texte de la brochure :

Il existe aujourd’hui une condamnation officielle de l’homophobie, et une politique de reconnaissance de l’homosexualité – à travers notamment la légalisation du mariage des couples de même sexe. Cette gayfriendliness institutionnelle résulte en bonne partie de la pression des mouvements sociaux, mais elle a aussi été entérinée et organisée à des fins de diversion – et de stigmatisation parfois explicite des « autres », présentés comme homophobes : les classes populaires, les minorités racisées et le « monde musulman ». C’est ce qu’ont montré plusieurs travaux consacrés à l’« homonationalisme » – terme forgé pour critiquer ces opérations politiques menées au nom du progressisme. Plusieurs réponses ont déjà été apportées pour les contrer, certaines allant malheureusement jusqu’à disqualifier toute lutte contre l’homophobie et toute demande d’égalité des droits (et notamment des droits d’accès au mariage et à l’adoption) au nom du supposé impérialisme, du supposé racisme ou du supposé mépris de classe dont elles seraient nécessairement, comme par essence, entachées. C’est un angle d’analyse très différent que nous proposons ici. Dans son livre Gayfriendly. Acceptation et contrôle de l’homosexualité à Paris et à New York qu’elle présentera le 21 mai à 19h30 à Bonjour Madame[1], Sylvie Tissot propose un détour par la gayfriendliness revendiquée par des hétérosexuels fortunés et cultivés, pour en dégager les caractéristiques bien particulières, ainsi que les importantes limites. Le texte qui suit, et qui en est extrait, analyse et déconstruit l’autorité morale dont les habitants de quartiers gentrifiés s’investissent eux-mêmes, par le biais notamment d’une dénonciation vertueuse de certains lieux et de certaines populations. Continuer la lecture de L’homophobie vient-elle (vraiment, et seulement) d’en bas ? – Sylvie Tissot