Les animaux avec nous, nous avec les animaux – Kaoutar Harchi

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Le souci d’intégrer les animaux à l’ensemble des luttes ne date pas d’hier. À la fin du XIXe, le socialiste Charles Gide parlait des animaux comme d’une « classe de travailleurs oubliés ». Quelques décennies plus tard, la féministe britannique Maud Joachim rapportait que « les rangs des suffragettes militantes [sont] principalement recrutés parmi les végétariennes » — les féministes incarcérées pour leur combat négociaient dès lors « un régime végétarien spécial » avec les autorités pénitentiaires. Plus récemment, l’écologiste Andreas Malm s’élevait, après bien d’autres, contre « la tendance systémique du capitalisme à soumettre les animaux ». Les relations sont toutefois moins nombreuses avec le mouvement antiraciste. La raison est aussi simple que connue : la traite atlantique et la colonisation se sont amplement construites sur l’idée de hiérarchie entre les humains et les espèces, renvoyant les peuples non blancs à des « moins qu’humains » — donc à l’animalité.

Dans un texte à la fois théorique et personnel, l’écrivaine et sociologue Kaoutar Harchi revient sur l’histoire de la dépréciation des animaux et, corrélativement, l’asservissement et la subordination de certains groupes humains. Continuer la lecture de Les animaux avec nous, nous avec les animaux – Kaoutar Harchi

Si la justice exclut les animaux, elle demeure partielle — Dalila Awada Suivi de Féminisme et cause animale — Christiane Bailey et Axelle Playoust-Braure

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Texte de la brochure :

Si la justice exclut les animaux, elle demeure partielle

Dalila Awada

« C’est l’une des prochaines arènes majeures de la lutte », lançait Angela Davis en 2012 à propos de la question animale. Et de poursuivre : il est temps de mettre en place d’autres relations humaines et non-humaines. Fidèle à cette tradition émancipatrice1, la cofondatrice de l’organisation Paroles de femmes, Dalila Awada, militante féministe et antiraciste québecoise, revient avec nous sur son engagement en faveur des animaux. On a tout à gagner, avance-t-elle, à considérer que la vie humaine n’est pas la seule à avoir de la valeur — et donc à placer l’abolition de l’exploitation animale au cœur du combat collectif contre l’ordre capitaliste, sexiste et raciste.

Votre position est inconfortable, dites-vous : le mouvement animaliste fait parfois preuve de racisme et le mouvement antiraciste perçoit parfois la cause animale comme secondaire, ou comme une affaire de « bourgeois blancs ». Comment sortir de ces impasses ?

D’emblée, je précise que ce n’est pas le mouvement animaliste et le mouvement antiraciste qui sont réfractaires de part et d’autre : ce sont des parties de ces mouvements. Il y a aussi des gens qui travaillent à créer des ponts. D’autres encore ne s’en préoccupent pas, sans toutefois verser dans la décrédibilisation. Mais, de manière générale, il y a effectivement de la réticence à intégrer ces deux luttes ensemble. Je le comprends bien. Les liens sont aujourd’hui évidents pour moi parce que j’y ai consacré du temps, mais on ne nous a pas habitués à penser la cause animale et la cause antiraciste ensemble. Je crois pourtant qu’on gagne à ne pas établir une hiérarchie entre les deux : un être qui souffre est un être qui souffre. Ce n’est pas de la sentimentalité excessive de le dire : la compassion est aussi une manière pragmatique d’être au monde. Plusieurs chercheuses et chercheurs ont noté qu’une des choses qui structure à la fois le racisme et le spécisme2, c’est la minimisation, l’occultation ou le déni de la souffrance de ceux qui sont considérés différents. Et parce que leur souffrance nous touche moins, on arrive à fermer les yeux ou à justifier les injustices et les inégalités qui provoquent ces souffrances. Concrètement, s’investir dans l’une ou l’autre de ces causes est exigeant. On ne peut pas se diviser à l’infini. Une des approches qui peut être adoptée est celle de la non-agression : on peut ne pas adhérer ou ne pas vouloir y consacrer du temps, sans pour autant miner les efforts de celles et ceux qui travaillent dans d’autres mouvements.

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Donnez-leur des pipes et du steak – Élise Desaluniers

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Texte de la brochure :

Au fil des ans, la Saint-Valentin est devenue une fête commerciale pour les femmes. Le 14 février, les couples célèbrent leur amour avec des bonbons, des fleurs, des cartes de vœux et d’autres petits cadeaux affectueux.

Les hommes ne veulent pas de bonbons. Les hommes n’ont pas besoin de fleurs ou d’ours en peluche. Il y a deux choses que les hommes veulent : un steak et une fellation.

Le 14 mars […], c’est la date officielle du Steak and Blowjob Day. Si un homme réussit à faire en sorte que sa femme se sent spéciale le jour de la Saint-Valentin, elle lui rendra la pareille un mois plus tard[1].

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