Ouvrir le code des algorithmes ne suffit plus – Olivier Ertzscheid

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L’article sur le site AOC

Depuis son arrivée à la tête de Twitter rebaptisé X, Elon Musk a bien tenu sa promesse d’ouvrir certaines parties du code source de la plateforme. Cette réponse à de vieilles revendications militantes pour plus de transparence des plateformes ne manque, en vérité, pas de cynisme. Il est devenu transparent que le code de Twitter favorisait certains contenus et en défavorisait d’autres, au bon vouloir de Musk. L’ouverture du code ne suffit plus, aujourd’hui, pour donner des outils de contrôle à ce que les grandes plateformes font de nos espaces d’expression et de nos démocraties.

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C’est un débat qui existe depuis que le web est devenu un média de masse. Celui autour de l’ouverture des algorithmes qui le rendent, pour chacun d’entre nous, traversable, navigable et praticable. Un débat pour comprendre comment fonctionnent les moteurs de recherche et désormais ces « jardins fermés » que sont les médias sociaux. Longtemps les grands acteurs du web s’abritèrent derrière deux arguments, le « secret industriel » d’une part, et l’absence de nécessité d’autre part, au motif que « nous » serions les premiers et les seuls responsables de l’organisation de l’information en ligne, les classements des moteurs de recherche ou les « fils » et autres « murs » des médias sociaux n’en étant que le reflet instrumental. Les Big Tech ne se voulaient qu’hébergeurs et en aucun cas éditeurs. Continuer la lecture de Ouvrir le code des algorithmes ne suffit plus – Olivier Ertzscheid

La mémoire est-elle une affaire de femmes – et l’histoire, une affaire d’hommes ? – Marion Charpenel

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Le texte sur le site Les Mots Sont Importants

L’approche historienne de la mémoire, qui se développe en France à partir du milieu des années 1970[1], s’est fondée sur la division entre histoire et mémoire. Appréhendant la mémoire « en creux » par rapport à l’histoire et considérant avant tout celle-ci comme le creuset des falsifications du passé, les historiens qui ont participé de ce mouvement ont opposé une histoire supposée savante, critique et porteuse de vérité, à une mémoire considérée comme affective, mythique et mensongère, dans laquelle il s’agirait d’identifier la trace des manipulations du passé et la subjectivité des individus (Lavabre, 2007[2]).

Penser cette opposition à partir des mémoires féministes permet de mettre en évidence les fondements genrés de cette distinction, ainsi que les spécificités des mémoires minoritaires[3]. En effet, femmes et hommes ont-ils les mêmes rapports au passé, et surtout leurs récits du passé ont-ils les mêmes possibilités d’accès au statut de vérité ? L’histoire des minoritaires peut-elle ainsi se défaire de la mémoire ? Enfin, les mémoires des groupes minoritaires peuvent-elles émerger dans les mêmes espaces, et avec les mêmes mots, que les récits du passé des groupes majoritaires ? Continuer la lecture de La mémoire est-elle une affaire de femmes – et l’histoire, une affaire d’hommes ? – Marion Charpenel

Maremme amère – Entretien avec Alberto Prunetti

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Alberto Prunetti a grandi à Follonica, une ville située en haute Maremme, région faisant partie de la Toscane. Dans Amianto[1], il raconte la vie d’ouvrier itinérant que mena son père, sa maladie, due à l’amiante, contractée sur les chantiers où il travaillait, tout en entrecoupant son récit par ses souvenirs d’enfance dans cette cité industrielle. Son livre, à la fois tragique, drôle et tendre, donne une image non tronquée de ce que les économistes appellent complaisamment le « miracle économique italien », dont on occulte toujours le coût humain et environnemental[2].

« Le protagoniste du livre, c’est le corps de mon père. » Continuer la lecture de Maremme amère – Entretien avec Alberto Prunetti

Un réveil antifasciste venu du féminisme – Entretien avec Auxi J. León, Ana Luna

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Selon l’eurodéputé Anticapitalistas (ex-Podemos) Miguel Urbán[1], le parti Vox, fondé en 2013 à partir d’une scission du Parti Populaire, représente à la fois « le franquisme sociologique » et les secteurs les plus conservateurs, héritiers du national-catholicisme espagnol et actuellement regroupés dans divers mouvements extra-institutionnels tels que la plateforme Hazte Oír ou le Forum espagnol de la famille, qui a popularisé la notion d’ « idéologie du genre » (formulée par le pape François). Cette forme d’organisation rappelle ainsi celle du Tea Party nord-américain. Vox mène un intense travail de requalification des violences de genre en « violences intrafamiliales » pour défaire la politisation féministe du sujet et recadrer les faits de violence en termes de relation inter-individuelle. Il recourt également à la « racialisation du sexisme »[2], en imputant les faits de violences sexuelles dans l’espace public aux migrants, voire à leur culture musulmane et/ou africaine. Enfin, il attaque les politiques de lutte contre les violences de genre directement au sein des institutions andalouses[3]. Dans cet entretien, nous revenons avec deux militantes sur les résistances féministes antifascistes qui se sont déployées depuis 2018 en Andalousie, Ana Luna et Auxi Leon. Toutes deux militent au sein du mouvement féministe autonome, la tendance libertaire du féminisme espagnol. Ana Luna, 25 ans, originaire de Málaga, est étudiante et fait partie du collectif féministe non mixte « Café feminista ». Auxi León, 37 ans, originaire des Canaries, réside en Andalousie depuis 17 ans. Elle fait partie du collectif « La Medusa » et est journaliste pour le média féministe indépendant La Poderio. Elle travaille au sein de l’ONG « Mujeres en Zonas de Conflicto ». Continuer la lecture de Un réveil antifasciste venu du féminisme – Entretien avec Auxi J. León, Ana Luna

Féminisme et handicap : luttes contre le validisme – Mélina Germes

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L’article paru sur le site de la revue Ballast.

Qu’est-ce que le validisme ?

Le validisme ou capacitisme désigne une forme de domination envers les personnes handicapées. Au-delà de l’archétype du « handicapé », le terme personnes handicapées (ou handi·es) inclut ici les malades chroniques, personnes aveugles, sourdes, neuroatypiques, neurodivergentes, dismorphiques… sans distinction de diagnostic. Le validisme est l’idéologie selon laquelle la norme de l’existence humaine est l’absence de maladie et d’infirmité. La capacité à être productif·ve est la condition pour mériter de (bien) vivre[1].

Les enseignements et pratiques médicales sont centraux dans la catégorisation et la (dé)valorisation des existences handies. La médecine occidentale s’est donnée pour but de réparer les corps (et esprits) qu’elle considère comme défaillants, avec la finalité de leur (re)mise au travail. En même temps, les fictions et discours bienveillants parent les personnes handi·es de vertus exceptionnelles, parmi lesquelles le courage d’exister, les valorisant en tant que sources d’inspiration pour les personnes valides.

Le validisme est, comme toute oppression, à double tranchant : il peut se faire bienveillant, tout en conservant son pouvoir de nuire. Cette notion révèle le caractère socialement et historiquement construit de l’assignation des handi·es à une condition dominée. Continuer la lecture de Féminisme et handicap : luttes contre le validisme – Mélina Germes

L’affaire Couriau – Marie-Victoire Louis

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Le texte sur le site de Marie-Victoire Louis

Fin 1912, Emma Couriau, femme de typographe, typote elle-même depuis 17 ans, est embauchée au tarif syndical, dans une imprimerie syndiquée, à Lyon, où le couple vient s’installer. « C’est le métier qui me fait vivre. Je n’en connais pas d’autre », dira-t-elle.

Au terme de six mois de travail, en avril 1913, elle demande son admission à la chambre syndicale typographique lyonnaise. Selon son mari, c’est « lui [qui] l’invita à faire sa demande d’admission »[1] : « [J’avais] cru bon de lui inculquer quelques idées sur l’émancipation des femmes, éducation qui ne peut que servir le mouvement ouvrier » dira-t-il[2]. Aussi, « appuie-t-il d’un mot sa demande qu’autorisaient ses 19 années de syndicalisme militant »[3]. Elle écrivit, pour sa part qu’elle « était convaincue, par la lecture et l’audition de ses camarades féministes et syndicalistes, que la place de tous les exploités, à quelque sexe qu’ils appartiennent, est au syndicat. »[4] Continuer la lecture de L’affaire Couriau – Marie-Victoire Louis

Adresse à tous ceux qui ne veulent pas gérer les nuisances mais les supprimer – Encyclopédie des nuisances

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« Bien que la prospérité économique soit en un sens
incompatible avec la protection de la nature,
notre première tâche doit consister à œuvrer durement
afin d’harmoniser l’une à l’autre »

Shigeru Ishimoto (premier ministre japonais),
Le Monde Diplomatique, mars 1989

« …comme l’environnement ne donne pas lieu à des échanges
marchands, aucun mécanisme ne s’oppose à sa destruction.
Pour perpétuer le concept de rationalité économique, il faut donc chercher à donner un prix à l’environnement, c’est à dire traduire sa valeur en termes monétaires. »

Herve Kempf,
L’économie à l’épreuve de l’écologie, 1991

« Quatorze grands groupes industriels viennent de créer
« Entreprises pour l’environnement », une association
destinée à favoriser leurs actions communes dans le domaine de l’environnement, mais aussi à défendre leur point de vue.
Le président de l’association est le P.D.G. de Rhône-Poulenc, Jean-René Fourtou. (…) Les sociétés fondatrices, dont la plupart opèrent dans des secteurs très polluants, dépensent déjà au total pour l’environnement plus de 10 milliards de Francs par an,
a rappelé Jean-René Fourtou. Il a d’autre part souligné que
l’Association comptait agir comme lobby auprès des autorités tant françaises qu’européennes, notamment pour l’élaboration des normes et de la législation sur l’environnement. »

Libération, 18 mars 1992.

Une chose est au moins acquise à notre époque : elle ne pourrira pas en paix. Les résultats de son inconscience se sont accumulés jusqu’à mettre en péril cette sécurité matérielle dont la conquête était sa seule justification. Quant à ce qui concerne la vie proprement dite (mœurs, communication, sensibilité, création), elle n’avait visiblement apporté que décomposition et régression. Continuer la lecture de Adresse à tous ceux qui ne veulent pas gérer les nuisances mais les supprimer – Encyclopédie des nuisances

Folie et politique – H.K. et Cécile Kiefer

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L’article Cofor moderne sur CQFD
L’article « Messies de tous les pays… » sur CQFD

Cofor moderne
Un lieu pour s’outiller face à l’adversité

Par H.K.

En matière d’accompagnement des personnes souffrant de troubles psychiques, l’heure est au changement de paradigme. Au Centre de formation au rétablissement (Cofor), à Marseille, ce sont les primo-concerné·es qui échangent autour de nouvelles pratiques répondant à leurs besoins, chacun·e apprenant des connaissances des autres. Tour d’horizon.

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A l’époque de mes hospitalisations, au début des années 2000, la psychiatrie publique ne débordait pas d’imagination. Les interlocuteurs potentiels étaient facilement identifiables mais jamais disponibles, le médicament se chargeait de vous rendre gérable par l’institution, les ateliers proposés devaient mollement vous occuper la semaine, le circuit de soins à la sortie était bien balisé. De l’atelier animé par le pharmacien du Centre médico-psychologique (CMP) aux séances de visionnage de VHS avec les mamies à l’hôpital de jour, l’ennui prédominait. Ça ne débordait pas d’enjeux. Continuer la lecture de Folie et politique – H.K. et Cécile Kiefer

10 raisons de lutter pour la décriminalisation du travail du sexe – Maria Nengeh Mensah et Chris

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Les lois canadiennes actuelles criminalisent les personnes qui exercent le travail du sexe, leurs client.e.s, les propriétaires et les gestionnaires des agences ou des établissements où elles travaillent, ainsi que les chauffeurs qui les transportent. Cette situation pousse le travail du sexe dans l’ombre et affaiblit notre capacité à combattre la coercition, l’exploitation au travail, le mépris et la violence envers les travailleuses et travailleurs du sexe. Continuer la lecture de 10 raisons de lutter pour la décriminalisation du travail du sexe – Maria Nengeh Mensah et Chris

« Ok Google… Raconte-moi une blague » – Anonyme

La brochure sur Infokiosques.net
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C’est à ma grande surprise que je découvrais hier l’existence du « Google Home ». Que pouvait bien évoquer ce nom : un énième gadget destiné aux maisons intelligentes signé Google ? Je n’étais pas loin du compte, il s’agissait bien d’un outil de domotique pour piloter sa maison, à la différence près qu’il ne ressemblait pas au boîtier relativement peu intuitif que je m’étais imaginé ; j’avais affaire à un assistant vocal à qui il était apparemment possible de poser n’importe quelle question. Ainsi, à l’instar de la box muette posée en haut d’un meuble, le « haut-parleur intelligent cylindrique doté de deux micros et de quatre Led »[1] avait sa place en plein milieu du salon, érigé en symbole d’une technologie de plus en plus encline à répondre à toutes nos aspirations, pénétrant déjà de très nombreux foyers à l’approche de Noël… Continuer la lecture de « Ok Google… Raconte-moi une blague » – Anonyme