Autonomie électrique, le rêve d’une reconnexion – Fanny Lopez – Théo Mouzard

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Alors que les réseaux électriques qui structurent le monde sont largement invisibles, la chercheuse Fanny Lopez nous invite à plonger dans l’histoire de l’« ordre électrique», centralisé et uniformisé à l’extrême, pour envisager une pluralité de modèles et inverser la perspective : partir du bas, maîtriser la technique, repenser le politique via la réappropriation de la ressource énergétique.

Enseignante-chercheuse dont les travaux se situent au croisement de l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme, des techniques et de l’environnement, Fanny Lopez est l’autrice de deux ouvrages consacrés à l’autonomie énergétique. Dans Le Rêve d’une déconnexion, de la maison autonome à la cité auto-énergétique (éditions de la Villette, 2014), elle dresse la généalogie des projets architecturaux qui, au cours de l’histoire, ont intégré cette dimension autonomiste alors que la connexion aux grands réseaux électriques faisait (et fait) œuvre de modèle. Puis elle retrace, dans L’ordre électrique : infrastructures énergétiques et territoires (MétisPresses, 2019), l’histoire matérielle de l’électrification des territoires tout en s’intéressant, grâce à de nombreux exemples puisés en Europe et aux États-Unis, aux enjeux de la relocalisation des ressources en énergie. Traversant son travail de bout en bout, une question : comment les projets locaux d’autonomie énergétique peuvent-ils s’articuler avec des revendications d’autonomie politique ? Discussion. Continuer la lecture de Autonomie électrique, le rêve d’une reconnexion – Fanny Lopez – Théo Mouzard

La part anarchiste des communs – Édouard Jourdain

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Face à la submersion néolibérale et à la privatisation généralisée du monde, la notion de « commun » est revenue en force. On ne compte plus les ouvrages et les discours louant la nécessité des « communs » ou du « bien commun », qu’il s’agisse de ressources naturelles (une forêt), matérielles (un musée) ou immatérielles (un logiciel). Un succès qui appelle donc à la vigilance : outre le « commons washing », les communs peuvent devenir le cheval de Troie d’un marché qui met en œuvre la casse du service public. L’essayiste Édouard Jourdain retrace ici son histoire et entend bien rappeler, et donc préserver, la radicalité libertaire de cette notion.

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C’est en réaction autant qu’en parallèle au néolibéralisme que le mouvement des communs apparaît au début des années 1980. Son principe ? l’auto-organisation décentralisée des communautés de vie et de travail. Ses objectifs ? la réappropriation et la préservation des ressources face aux multiples formes de privatisation et de captation, d’une part ; l’autogouvernement par l’élaboration de règles communes, de l’autre. Si ce mouvement est hétérogène, les principes auxquels il se rattache ne sont pas sans rappeler ceux qui constituent l’armature de l’anarchisme. Rappelons donc que ce dernier, comme corpus d’idées formalisées, naît dans l’Europe du XIXe siècle, en lien, notamment, avec le développement du mouvement ouvrier. L’idée qui en constitue le cœur remonte cependant à l’aube de l’humanité, à savoir le désir et la possibilité de vivre sans domination. L’anarchie est souvent présentée comme une utopie, au sens péjoratif du terme, c’est-à-dire un idéal ne pouvant trouver de réalisation. L’anarchie en est pourtant éloignée, tant elle puise sa force dans le réel et permet des expérimentations sans qu’il soit nécessaire d’attendre un quelconque « Grand Soir ». Continuer la lecture de La part anarchiste des communs – Édouard Jourdain

Cosmo-poétique du refuge – Dénètem Touam Bona

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Lire le texte sur le site de Terrestres

Le marronnage se déploie sur près de quatre siècles dans les Amériques et les archipels de l’océan Indien. A Haïti, le monde afro-diasporique s’est construit contre la propriété privée et la quête du profit. De la colonie à notre société de contrôle, la sécession marronne ne demande qu’à être réinventée.

Ce texte a initialement été publié dans le numéro 12 de la revue Z[1], qui l’a aimablement mis à [la] disposition [de la revue Terrestres]. Il s’agit ici d’une version légèrement remaniée par l’auteur.

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« Nous sommes la semence de la Terre
La vie en perpétuel devenir. »

Octavia E. Butler, La Parabole du semeur Continuer la lecture de Cosmo-poétique du refuge – Dénètem Touam Bona

Ce que fait l’animal à la ville – Henri Bony et Léa Mosconi

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L’article sur le site d’AOC – Analyse Opinion Critique

Si l’utilisation généralisée de l’isolation thermique par l’extérieur place en confrontation deux enjeux, l’énergie et le vivant, elle met également en tension deux récits, celui d’une ville moderne face à celui d’une ville vivante. Cet antagonisme, nouveau défi de l’urbanisme, appelle à rompre avec une vision des espaces jusqu’ici très anthropocentrée, pour faire revivre la ville depuis l’extérieur.

En 1923, Le Corbusier écrit dans Vers une architecture[1] une phrase qui incarnera, pour plusieurs générations d’architectes, l’idéologie d’un certain mouvement moderne et une définition à la fois épaisse et sensible de la discipline architecturale : « L’architecture est le jeu savant, correcte et magnifique des volumes assemblés sous la lumière ».

Aujourd’hui, que nous racontent les volumes assemblés sous la lumière des changements climatiques à l’œuvre et de l’effondrement du vivant ? Au service de quoi, ce jeu savant, correct et magnifique doit-il être mis pour faire face aux enjeux contemporains ? Et eux, ces vivants qui s’effondrent, des papillons aux moineaux en passant par les libellules, qu’attendent-ils de l’architecture et de la ville d’aujourd’hui ? Continuer la lecture de Ce que fait l’animal à la ville – Henri Bony et Léa Mosconi

Penser depuis l’oiseau – Roméo Bondon

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Le texte sur le site de Ballast

Pourquoi l’oiseau ? Voilà une question que l’on peut poser au temps présent, lorsque celui-ci demande d’observer, compter et inventorier les espèces des champs et jardins, alors que les populations de ces mêmes espèces déclinent irrémédiablement. Cependant, qu’une virgule se glisse entre les deux termes et le sens change soudainement : d’abstraite, la demande se précise, et s’adresse à cet oiseau-là, que l’on regarde comme le faisait l’augure qui cherchait un sens dans son vol, sens qui en excédait les battements. S’il est toujours affaire de courbes, ce ne sont désormais plus les trajectoires de l’animal qui donnent une idée de l’avenir, mais les tendances délivrées par les modèles mathématiques et les données qui y sont insérées. L’interrogation est avancée ainsi selon deux modes, et c’est comme tels que s’en emparent, chacun à leur manière, trois essais parus récemment. Continuer la lecture de Penser depuis l’oiseau – Roméo Bondon

Guerre généralisée au vivant et biotechnologies [3/4] – Groupe Grothendieck

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Le texte sur Lundi Matin
Les cinq textes seront réunis en brochure par le Groupe Grothendieck dans un futur proche. Le lien sera inséré ici, pour l’instant voici leur site.

Introduction : Où en est-on de la guerre ?

Les incivilités que déploie la nature pour se rappeler au souvenir de la première société qui ait jamais songé à la traiter en barbare, à la reléguer dans un lointain arrière-plan de la civilisation, ne font que s’accroître.

René Riesel, Du progrès dans la domestication, 2003.

Il serait grotesque de limiter la guerre au vivant à la seule recherche en massacre par l’armée. Cette guerre-là est circonscrite aux domaines de la tuerie de masse « un acte de violence et sans limites » (Clausewitz), et ce serait ne voir que la paille dans l’œil du voisin que de penser que la recherche civile n’y participe point. Ce que nous entrevoyons ici, c’est une lame de fond plus vaste, intégrée aux processus scientifiques, une vision maltraitante du monde et du vivant, lente et puissante où la violence se cache souvent sous de belles parures et des promesses indiscutables et indiscutés (soigner les malades, sauver la planète, lutter contre les inégalités, « guérir » de la mort, etc.). Ses applications peuvent aussi bien être la création d’armes que de médicaments ou de nouveaux procédés technoscientifiques, l’économie n’a tout simplement aucune morale et le rapport social majoritaire appelé « capitalisme » a toujours été un lien qui réifie et nous tue à petit feu. Continuer la lecture de Guerre généralisée au vivant et biotechnologies [3/4] – Groupe Grothendieck

Guerre généralisée au vivant et biotechnologies [2/4] – Groupe Grothendieck

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Le texte sur Lundi Matin
Les cinq textes seront réunis en brochure par le Groupe Grothendieck dans un futur proche. Le lien sera inséré ici, pour l’instant voici leur site.

L’épisode pilote [0/4] : Les bases du système guerrier
L’épisode 1 [1/4] : Le vivant-machine à l’aune de la biologie moderne

 

« Il n’était pas exclu que finisse par advenir le monde inquiétant entrevu par les scientifiques qui avaient inventé la nouvelle biologie un quart de siècle plus tôt. Délibérément ou non, des chercheurs élaboraient de nouvelles manières de tuer, toujours plus terrifiantes […] Ils admettaient ainsi ensemble qu’ils ne croyaient plus en l’élimination des armes biologiques, et qu’un nombre affligeant de leurs collègues scientifiques, depuis l’Union soviétique jusqu’à l’Irak et l’Afrique du Sud, avaient consacré leurs vies à produire des agents pathogènes susceptibles de tuer en masse. »

Miller, S. Engelberg, W. Broad, Germes. Les armes biologiques et la nouvelle guerre secrète, 2001.

Il est un domaine où la guerre généralisée au vivant s’exprime sans fard comme véritable guerre militaire : c’est la guerre biotechnologique. La conception d’armes biotechnologiques est une discipline militaire où destruction de la vie par la violence illimité (cf. épisode 0) et la réification du vivant par la biotechnologie (cf. épisode 1), se rejoignent dans un projet commun : tuer le plus possible et le plus efficacement possible. On peut même dire que les programmes d’armement biologique sont la première application concrète de la guerre généralisée au vivant. Continuer la lecture de Guerre généralisée au vivant et biotechnologies [2/4] – Groupe Grothendieck

Guerre généralisée au vivant et biotechnologies [1/4] – Groupe Grothendieck

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Le texte sur Lundi Matin
Les cinq textes seront réunis en brochure par le Groupe Grothendieck dans un futur proche. Le lien sera inséré ici, pour l’instant voici leur site.

L’épisode pilote [0/4] : Les bases du système guerrier

« L’état capitaliste considère la vie humaine comme la matière véritablement première de la production du capital. Il conserve cette matière tant qu’il est utile pour lui de la conserver. Il l’entretient car elle est une matière et elle a besoin d’entretien, et aussi pour la rendre plus malléable il accepte qu’elle vive. »

Jean Giono, Je ne peux pas oublier, 1934

« Telle une machine, tout organisme y compris le plus ’simple’ constitue une unité fonctionnelle cohérente et intégrée. »

Jacques Monod, Le Hasard et la nécessité, 1970. Continuer la lecture de Guerre généralisée au vivant et biotechnologies [1/4] – Groupe Grothendieck

Guerre généralisée au vivant et biotechnologies – [0/4] – Groupe Grothendieck

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L’article sur Lundi Matin
Les cinq textes seront réunis en brochure par le Groupe Grothendieck dans un futur proche. Le lien sera inséré ici, pour l’instant voici leur site.

Chimère humain-porc, clonage humain, souche militarisée, virus à gain de fonction, vaccin codant, ciseaux moléculaires, etc. Il est temps de s’attaquer franchement à tous les petits monstres de la biologie moderne et de comprendre en quoi cette discipline est un des fronts de conquête les plus prometteurs du technocapitalisme sur les humains et la nature. Grands cycles de capitalisation et montée en puissance technologique, il sera ici question de la Guerre-qui-ne-dit-pas-son-nom, la guerre généralisée à toute condition de génération et d’épanouissement de cette mince, mais ô combien précieuse, couche de matière grouillante à la surface de la croûte terrestre. Celle qui fait que nous pouvons, en tant qu’espèce, espérer et aimer, sentir, jouir et mourir. Il sera ici question de la guerre généralisée au vivant. Continuer la lecture de Guerre généralisée au vivant et biotechnologies – [0/4] – Groupe Grothendieck