Pour l’abolition de l’enfance – Shulamith Firestone

La page du bouquin chez Tahin Party (avec le pdf en bas de page, avec une super intro)
La brochure en pdf page par page : Pour l’abolition de l’enfance
La brochure en pdf format livret : Pour l’abolition de l’enfance (livret)

Il s’agit d’un chapitre du livre La dialectique du sexe. Il a été publié avec une super introduction (qui parle des mouvements d’enfants et de jeunes), d’autres bouts de chapitres qui permettent de comprendre notamment le complexe d’Œdipe / Electre, et une super biblio chez Tahin party mais c’était un peu long pour le mettre en brochure. Déso.

Tarage

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À Nechemia, qui sera sortie de l’enfance
avant que cette institution n’ait cessé d’être.

Le langage associe toujours les femmes et les enfants (« les femmes et les enfants d’abord ! »). Chacun connaît les liens particuliers qui les unissent. Je prétends cependant que la nature de ces liens n’est rien de plus que l’expérience commune de l’oppression. Et de plus, qu’ils s’attachent et se renforcent mutuellement, de manière si complexe qu’il nous sera impossible de parler de la libération des femmes sans envisager aussi celle des enfants, et inversement. La cause essentielle de l’asservissement de la femme tient à ce qu’elle a pour rôle de porter et d’élever les enfants. Et les enfants eux-mêmes sont définis en fonction de ce rôle, qui façonne ainsi leur psychologie ; or la manière dont ils deviennent adultes, et dont ils apprennent à nouer des relations sociales, est déterminante pour le monde qu’ils construiront. Continuer la lecture de Pour l’abolition de l’enfance – Shulamith Firestone

Une lutte de terrain – Lucile Dumont

Lire le texte sur le site de Panthère Première
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S’il ne suffit pas de se déclarer féministe pour le devenir, il ne suffit pas non plus de se déclarer en faveur de la non-mixité pour en accepter les conditions et les effets réels. La preuve par le terrain, avec ce récit de l’inclusion ratée d’une équipe de foot féminine au sein d’un club militant.

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La féminisation progressive du football n’empêche pas le maintien de fortes inégalités dans la discipline. L’attention médiatique se concentre souvent sur la lutte pour l’égalité salariale entre les sélections nationales masculines et féminines. Or dans le foot amateur, loin des radars des com­mentateur·ices sportif·ves, se mènent quotidiennement d’autres luttes pour l’égalité. L’engouement pour la Coupe du monde féminine en 2019 avait laissé espérer la fin d’une ère où le consultant de Canal + Pierre Ménès pouvait affirmer librement que les footballeuses sont « de grosses dondons trop moches pour aller en boîte »[1]. Peu de temps après, 86 joueuses âgées de 5 à 45 ans claquaient pourtant la porte d’un club de foot situé dans le Tarn[2]. Après plusieurs tentatives de négociation avec la direction, elles sont parties en dénonçant les mauvaises conditions de leur pratique sportive, quand leurs homologues masculins bénéficiaient d’un traitement all inclusive de la part du club. Continuer la lecture de Une lutte de terrain – Lucile Dumont

Scum manifesto – Valérie Solanas

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Texte de la brochure :

Vivre dans cette société, c’est au mieux y mourir d’ennui. Rien dans cette société ne concerne les femmes. Alors, à toutes celles qui ont un brin de civisme, le sens des responsabilités et celui de la rigolade, il ne reste qu’à renverser le gouvernement, en finir avec l’argent, instaurer l’automation à tous les niveaux et supprimer le sexe masculin.

Grâce au progrès technique, on peut aujourd’hui reproduire la race humaine sans l’aide des hommes (ou d’ailleurs sans l’aide des femmes) et produire uniquement des femmes ; conserver le mâle n’a même pas la douteuse utilité de permettre la reproduction de l’espèce. Le mâle est un accident biologique ; le gène Y (mâle) n’est qu’un gène X (femelle) incomplet, une série incomplète de chromosomes. En d’autres termes, l’homme est une femme manquée, une fausse couche ambulante, un avorton congénital. Être homme c’est avoir quelque chose en moins, c’est avoir une sensibilité limitée. La virilité est une déficience organique, et les hommes sont des êtres affectivement infirmes. Continuer la lecture de Scum manifesto – Valérie Solanas

Guerre d’Espagne : la parole aux femmes – Suzana Arbiz & Maëlle Maugendre

Lien vers le texte sur le site de Ballast
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Les hommes montent au front et les femmes aident à l’arrière : l’image est ancrée dans les représentations collectives. Mais lorsque ces dernières prennent les armes et font usage de la violence — malmenant ainsi la répartition patriarcale des tâches et leur condition de victime —, l’Histoire bafouille et opte trop souvent pour l’amnésie. Susana Arbizu, documentariste, et Maëlle Maugendre, historienne, ont participé à l’ouvrage collectif Libertarias, paru en 2017 aux éditions Nada : il s’emploie à rendre compte de la « spécificité de l’engagement des femmes anarchistes espagnoles » lors de la guerre civile remportée par Franco. Parler d’histoire, c’est bien sûr questionner le présent : au mois de mai 2018, le studio DICE annonçait la sortie prochaine du cinquième opus du célèbre jeu vidéo « Battlefield » ; une polémique éclata : le personnage principal de cette aventure, prenant place durant la Seconde Guerre mondiale, étant… une femme.

 

Pourquoi l’Histoire est-elle toujours racontée au masculin ? Continuer la lecture de Guerre d’Espagne : la parole aux femmes – Suzana Arbiz & Maëlle Maugendre

Claudel-Louis – Magali Latry

Lien vers le texte sur le site de la revue En Marge
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Le titre « Camille-Séraphine » aurait été plus compréhensible : en effet l’usage du prénom, et parfois du seul prénom, est de mise quand il s’agit d’évoquer des artistes femmes. Pour les artistes hommes au contraire, au siècle et dans le pays de ces deux artistes, c’est plutôt le seul nom de famille qui est utilisé. Afin de les rétablir dans leur statut d’artiste, elles seront ici Claudel et Louis, plutôt que Camille (Claudel) et Séraphine (Louis, qui signe parfois Louis-Maillard, noms de son père et de sa mère, dite Séraphine de Senlis).

Elles sont strictement contemporaines, naissant toutes les deux en 1864, Claudel mourant à l’asile d’aliénés de Montdevergues en 1943, Louis à l’asile de Clermont-de-l’Oise en 1942. Selon toute probabilité, elles sont toutes deux mortes de faim. Louis avait en outre un cancer du sein et un œdème des membres inférieurs, Claudel était fortement carencée mais son certificat de décès mentionne un ictus apoplectique. Continuer la lecture de Claudel-Louis – Magali Latry

Vieillir au féminin – Juliette Rennes

Lien vers le texte sur Le monde diplomatique
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En avril 2016, en Suisse, une octogénaire a demandé — et obtenu — une aide au suicide car, « très coquette » selon son médecin, elle ne supportait pas de vieillir. Un signe du stigmate particulier attaché à l’avancée en âge chez les femmes. En France, deux personnalités se sont emparées de cette question longtemps négligée par les féministes : Benoîte Groult et Thérèse Clerc, toutes deux disparues cette année.

Pourquoi les femmes mentent-elles davantage que les hommes sur leur âge ? Partant de cette question apparemment anodine, Susan Sontag explore en 1972 ce qu’elle appelle le « deux poids, deux mesures de l’avancée en âge[1] ». En matière de séduction, remarque-t-elle, deux modèles masculins coexistent, le « jeune homme » et l’« homme mûr », contre un seul côté féminin : celui de la « jeune femme ». Au point qu’il est admis, notamment dans les classes moyennes et supérieures, qu’une femme dépense une énergie croissante (et, si elle le peut, de l’argent) pour tenter de conserver l’apparence de sa jeunesse. Continuer la lecture de Vieillir au féminin – Juliette Rennes

Islamo-gauchisme, histoire d’un glissement sémantique – Corinne Torrekens

Lien vers le texte sur La Revue Nouvelle
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Face au tollé déclenché par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche Frédérique Vidal annonçant son intention de demander une enquête sur « l’islamo-gauchisme » à l’université, le CNRS a rappelé dans un communiqué que ce terme ne correspondait à aucune réalité scientifique. S’il reste difficile de remonter à l’origine exacte de l’expression, il semble que la lecture tronquée d’un texte publié par le leader d’un mouvement trotskiste anglais en constitue la première étape. Une seconde étape a été l’apparition de glissements sémantiques qui, d’une part, font des musulmans le nouveau prolétariat et, d’autre part, associent toute structure en lien avec l’islam à de l’islamisme. Continuer la lecture de Islamo-gauchisme, histoire d’un glissement sémantique – Corinne Torrekens

Communiqués zapatistes de décembre 2020 – Janvier 2021 sur la venue en Europe d’une délégation zapatiste

Cet article contient les textes et les brochures des six communiqués Zapatistes,
les uns à la suite des autres.
Déroulez l’article pour les fichiers pdf des autres textes.

Sixième partie : une montagne en haute mer

La brochure page à page en pdf
La brochure format livret en pdf
Le texte sur le site Enlace Zapatista
Le texte sur le site La voie du Jaguar

Texte de la brochure :

Communiqué du Comité clandestin révolutionnaire indigène Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale

Mexique,
5 octobre 2020,

Au Congrès national indigène-Conseil indigène de gouvernement,
À la Sexta nationale et internationale,
Aux Réseaux de résistance et de rébellion,
Aux personnes honnêtes qui résistent dans tous les coins de la planète,
Sœurs, frères, et adelphes,
Compañeras, compañeros y compañeroas, Continuer la lecture de Communiqués zapatistes de décembre 2020 – Janvier 2021 sur la venue en Europe d’une délégation zapatiste

Luttes d’hier, luttes d’aujourd’hui : conversations avec des féministes révolutionnaires — Charlène Calderaro

Lien vers l’article original sur le site Contretemps.
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Texte de la brochure :

À propos de l’ouvrage : Brenna Bhandar and Rafeef Ziadah (eds.), Revolutionary Feminisms. Conversations on Collective Action and Radical Thought. London, Verso, 2020.

Revolutionary Feminisms compile dix entretiens menés par Brenna Bhandar1 et Rafeef Ziadah2, avec des activistes et universitaires engagées dans les mouvements féministes antiracistes, anticapitalistes, marxistes, queer et anti-carcéraux. Elles ont pour point commun d’avoir toutes participé, dès les années 1960-70, à la construction de mouvements et de théories féministes ancrés dans la résistance anticoloniale, antiraciste et anticapitaliste, principalement au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Canada.

Sous forme de conversations, ces pages nous replongent dans l’histoire de la fondation de groupes et d’associations ayant joué un rôle de résistance clé, issues notamment du Black feminism – tels que l’OWAAD (Organisation of Women of African and Asian Descent) ou le Southall Black Sisters – et issues du féminisme marxiste, telle que la campagne Wages for Housework menée aux États-Unis et en Europe pour la reconnaissance du travail domestique.

Les mouvements féministes qu’aborde cet ouvrage ont également pour affinité de s’être formés en résistance à un mouvement féministe blanc et libéral. Brenna Bhandar et Rafeef Ziadah nous rappellent ces mots de Julia Sudbury, évoquant sa préférence pour le terme « womanist » au lieu de « feminist » :

« Le « womanism » est également symbolique de ma responsabilité envers une communauté de militantes noires pour lesquelles le terme « féministe » est associé aux luttes quotidiennes contre l’exclusion raciste des organisations de femmes blanches »3.

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Des ateliers de confection aux lignes d’assemblage des bébés – Sharmila Rudrappa

La brochure au format pdf page par page : GPA
La brochure en format pdf livret : GPA_brochure
Le texte sur le site Cairn

Mars 2011, au domicile de Sita, Bangalore.[1]

« Moi et ma sœur, nous sommes ouvrières dans la confection. Nos vies, c’est l’enfer, l’enfer. Notre univers est détruit, détruit », déclare Lalitha sur un ton dramatique[2]. Ma première visite à Bangalore, surnommée la Silicon Valley indienne du fait des industries du software qui abondent dans la région, touche alors à sa fin. En ce soir de mars, je suis assise avec une quinzaine d’ouvrières de la confection, sur les marches de la maison de l’une d’entre elles, dans un quartier où les usines textiles sont nombreuses.

Je m’étais rendue à Bangalore pour étudier son positionnement de plus en plus important sur le marché transfrontalier du soin reproductif[3], en particulier celui de la gestation pour autrui (GPA). Deux semaines auparavant, j’avais passé deux semaines dans un foyer tenu par Creative Options for Women (COTW), menant des entretiens avec des mères porteuses[4]. J’y appris que, pour la plupart, les femmes vivant sur place étaient auparavant des ouvrières de la confection. Lancée sur la piste d’une activité postindustrielle et transfrontalière, la GPA, je me retrouvais de manière inattendue devant la sortie de secours d’une activité industrielle : la production textile. La ligne de production de vêtements s’avérait ainsi la voie royale vers la ligne d’assemblage reproductive, via la vente d’ovules et la GPA. Je développerai l’argument que l’histoire de ces femmes ayant décidé de devenir mères porteuses est indissolublement liée à leur statut antérieur de travailleuses salariées, en l’occurrence d’ouvrières de la confection. Continuer la lecture de Des ateliers de confection aux lignes d’assemblage des bébés – Sharmila Rudrappa