Jusqu’au bout de l’humain – Brad Tabas

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Résumé

Cet article présente une critique des revendications éthiques qui sous-tendent ce qu’il appelle le nouveau futurisme. L’auteur suggère (sans établir ni nier la possibilité de tels cas) que tout argument légitime en faveur de l’expansion de l’habitat humain au-delà de la planète devrait rester humain, c’est-à-dire qu’il devrait montrer la valeur éthique de l’expansion au-delà de la Terre en termes de qualité de vie qu’elle pourrait offrir à un nombre fini d’êtres qui vivent eux-mêmes le type de vie limitée et écologiquement vulnérable que nous vivons aujourd’hui sur la planète Terre. Continuer la lecture de Jusqu’au bout de l’humain – Brad Tabas

Penser depuis l’oiseau – Roméo Bondon

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Pourquoi l’oiseau ? Voilà une question que l’on peut poser au temps présent, lorsque celui-ci demande d’observer, compter et inventorier les espèces des champs et jardins, alors que les populations de ces mêmes espèces déclinent irrémédiablement. Cependant, qu’une virgule se glisse entre les deux termes et le sens change soudainement : d’abstraite, la demande se précise, et s’adresse à cet oiseau-là, que l’on regarde comme le faisait l’augure qui cherchait un sens dans son vol, sens qui en excédait les battements. S’il est toujours affaire de courbes, ce ne sont désormais plus les trajectoires de l’animal qui donnent une idée de l’avenir, mais les tendances délivrées par les modèles mathématiques et les données qui y sont insérées. L’interrogation est avancée ainsi selon deux modes, et c’est comme tels que s’en emparent, chacun à leur manière, trois essais parus récemment. Continuer la lecture de Penser depuis l’oiseau – Roméo Bondon

Les mains, les outils, les armes – Paola Tabet

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(une version en plusieurs livrets sera proposée, 68p c’est beaucoup !)

Texte de la brochure :

L’homme qui meurt
se change en jaguar,
la femme qui meurt
avec l’orage s’en va
avec l’orage disparaît.

Paroles nambikwara[1]

Il est en ethnologie un aspect de la division sexuelle du travail qui jusqu’à présent n’a pas été étudié globalement ni considéré convenablement : c’est celui des outils dont se servent hommes et femmes. La question est de savoir s’il existe une différenciation par sexe des outils ; si oui, quels en sont les caractères et quel est le rapport entre cette différenciation, la division même du travail et la domi­nation de l’homme sur la femme. Continuer la lecture de Les mains, les outils, les armes – Paola Tabet

Boxer comme un homme, être une femme – Christine Mennesson et Jean-Paul Clément

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Texte de la brochure :

Les sports de combat sont souvent considérés comme un espace susceptible de conforter, voire de préserver « l’identité masculine » dans des États contrôlant et réprimant de plus en plus l’expression de la violence physique[1]. L’engagement de quelques femmes dans des modalités de pratiques pugilistiques violentes réservées aux hommes jusque dans une période récente constitue, d’une certaine manière, un phénomène inédit. La construction des « habitus pugilistiques » masculins, analysée en profondeur par Loïc Wacquant[2] dans le domaine de la boxe anglaise, révèle l’importance des apprentissages techniques dans les processus d’incorporation de normes et de valeurs à l’œuvre dans un lieu particulier, le « gym ». Pour les boxeuses, en situation très minoritaire dans cet espace masculin, l’apprentissage des techniques pugilistiques et le travail de « féminisation » de l’apparence corporelle sont simultanés. Cette double contrainte peut être plus ou moins forte selon les modalités compétitives privilégiées par les combattantes. L’exemple des boxes poings-pieds, appréhendées comme un sous- espace de pratiques [voir encadré « Le contexte de l’enquête : l’espace des clubs »], permet d’analyser l’impact des conditions d’apprentissage technique dans la socialisation pugilistique. Dans le cas des boxeuses engagées dans les formes les plus dures de pratique, « hard » dans le langage indigène, l’apprentissage et l’usage compétitif de techniques pugilistiques symboliquement associées au masculin s’accompagnent de l’intériorisation particulièrement efficace de la domination masculine. Les conditions de socialisation très spécifiques dans cet univers populaire, qui n’exclut pas l’expression de la violence physique la plus brutale, diffèrent radicalement de celles de la boxe « soft », valorisant une modalité de pratique plus euphémisée, investie par des fractions de classe plus cultivées, à l’instar de ce que l’on constate dans les arts martiaux de préhension[3]. Continuer la lecture de Boxer comme un homme, être une femme – Christine Mennesson et Jean-Paul Clément

« Demande-toi ce que tu peux faire pour en sortir. » Entretien avec Nicolas Marquis – Romain André

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Texte de la brochure :

Les livres de développement personnel se vendent comme des petits pains, particulièrement en ces temps de bonnes résolutions. Depuis leur essor, qu’on les perçoive comme symptômes d’un malaise culturel ou comme une nouvelle technique de pouvoir, ils suscitent dédains, moqueries et inquiétudes. Pourtant, de nombreux.ses lectrices et lecteurs considèrent que ces écrits leur ont sauvé la vie. Dans Du bien-être au marché du malaise (PUF, 2014), le sociologue Nicolas Marquis a pris le soin de partir de ces expériences de lecture pour réinterroger le monde qui les rend si désirables.

Cet article est issu du cinquième numéro de la revue papier Jef Klak, « Course à pied », encore disponible en librairie.

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L’alimentation, arme du genre – Tristan Fournier, Julie Jarty, Nathalie Lapeyre et Priscille Touraille

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Texte de la brochure :

À la mémoire de Nicole-Claude Mathieu

Ce dossier est le fruit d’une rencontre entre trois sociologues et une socio-anthropologue autour du constat suivant : un vide théorique caractérise le croisement des champs du genre et de l’alimentation dans le monde francophone. L’appel à contribution lancé en 2014 par le Journal des anthropologues avait pour objectif de sonder ce vide et de permettre l’émergence de questionnements inédits et de données susceptibles d’alimenter le peu d’études empiriques disponibles sur le sujet. Nous espérions, par cet appel, « essayer de savoir et de faire savoir ce que l’univers du savoir ne veut pas savoir », selon la formulation de Bourdieu (1997 : 14).

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L’utilisation des préjuges esthétiques comme redoutable outil de stigmatisation du juif – Claudine Sagaert

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Texte de la brochure :

Gustave Doré réalise en 1852, une gravure sur bois intitulée Le Juif errant. Elle représente un homme qui marche, un bâton à la main. Il est d’une maigreur extrême. Ses pieds sont disproportionnés. Une chevelure abondante sans frontière avec la barbe entoure un visage aux yeux mi-clos, au nez crochu et aux lèvres proéminentes. Sur son front une croix rouge est peinte. Continuer la lecture de L’utilisation des préjuges esthétiques comme redoutable outil de stigmatisation du juif – Claudine Sagaert

Pour une anthropologie anarchiste – extraits – David Graeber

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Texte de la brochure :

La démocratie fondée sur le principe de majorité était essentiellement, à l’origine, une institution militaire.

L’idée que ce soit la seule forme démocratique qui compte comme «démocratie» est bien sûr un préjugé propre à l’historiographie occidentale. On apprend habituellement que la démocratie est née dans l’Athènes ancienne ; comme la science ou la philosophie, c’est une invention grecque. Ce que cela signifie n’est jamais tout à fait clair. Sommes-nous censés croire qu’avant les Athéniens, il n’est jamais vraiment arrivé à personne, nulle part, de réunir tous les membres de sa communauté, afin de prendre des décisions communes de façons à ce que chacun ait son mot à dire ? Ce serait absurde. Il est évident qu’il y a eu un grand nombre de sociétés égalitaires au cours de l’histoire — dont plusieurs étaient de loin plus égalitaires qu’Athènes et dont plusieurs ont dû exister avant 500 av. J.-C. — et, bien évidemment, elles devaient disposer d’une procédure quelconque pour prendre des décisions sur les questions importantes pour la collectivité. Et pourtant, pour une raison ou pour un autre, on présume toujours que ces procédures, quelles qu’elles soient, ne peuvent pas avoir été, à proprement parler, «démocratiques». Continuer la lecture de Pour une anthropologie anarchiste – extraits – David Graeber