L’affaire Nozière – Anne-Emmanuelle Demartini

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Texte de la brochure :

Attention, ce texte parle d’inceste et d’assassinat.
Il s’agit de faits réels.

En 1933, la jeune parricide Violette Nozière défraie la chronique judiciaire. La presse l’érige en criminelle emblématique de la France des années 1930, le groupe surréaliste en égérie poétique. Pour l’historien qui s’y intéresse, cette affaire judiciaire restée fameuse affiche d’emblée le visage de l’intemporel et du mythe. Que ce soit sous la plume de Guy Rosey, évoquant « le bras d’Œdipe toujours vert le long des siècles », d’André Breton, disant de Violette Nozière qu’elle est « mythologique jusqu’au bout des ongles », ou de Paul Eluard, dans le fameux décasyllabe qui clôt son poème sur « l’affreux nœud de serpent des liens du sang », en référence aux Choéphores d’Eschyle, le recueil que les surréalistes ont consacré à Violette Nozière souligne la densité symbolique de l’affaire[1]. À cet égard, la parole des artistes rejoint le discours des journalistes qui ont déroulé, d’article en article, les actes d’une tragédie familiale placée sous les auspices d’Eschyle et de Sophocle. C’est que dans cette affaire judiciaire se trouvent noués le parricide et l’inceste, soit la transgression de deux tabous fondamentaux, étroitement liés l’un à l’autre, qui fondent la filiation et le lien social, conformément aux analyses célèbres de Freud.

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Les logiques nouvelles des médias viraux – Tony D. Sampson et Jussi Parikka

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Texte de la brochure :

Jusqu’à récemment, le concept de viralité universelle n’occupait qu’une place marginale dans la théorie des médias. Au début des années 2000, lorsque nous avons commencé à publier des articles sur la contagion, l’immunologie, l’épidémiologie et les réseaux viraux dans le domaine numérique, nous n’étions pas surpris que ce sujet, dont l’universalité constitue pourtant un aspect essentiel, demeure une préoccupation secondaire de la théorie des médias. Après tout, l’étude des médias et de la communication sont censées établir du lien, pas le contraire !

On nous demandait aussi constamment pourquoi cette « métaphore virale », et ce qu’elle signifiait dans le cadre du développement d’un nouveau modèle de médias numériques. Et l’attention démesurée accordée au « marketing viral » n’a pas facilité notre tâche consistant à affirmer que des niveaux matériels de viralité plus profonds et plus urgents existaient.

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La droite extrême à l’assaut du livre – Ellen Salvi


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Texte de la brochure :

On pouvait penser le monde feutré de l’édition protégé de la droite extrême, mais ses thèmes de prédilection – le « déclin français », la « menace migratoire » ou le « danger de l’islam » – se sont emparés des livres. Non seulement chez des petits éditeurs engagés dans la droite radicale, qui font florès, mais au cœur même des grandes maisons, sans attaches idéologiques particulières, qui n’ont plus de scrupule à faire paraître ce qui serait, il y a peu, resté confiné dans leurs marges. Ce glissement généralisé trouve sa source dans un phénomène qui n’a fait qu’empirer depuis deux décennies : la concentration capitalistique et l’abandon des postes clés de l’édition à des gestionnaires, que la recherche de profit pousse à publier des auteurs identitaires et réactionnaires – comme Laurent Obertone, Éric Zemmour, Robert Ménard ou Richard Millet –, en flattant l’air du temps pour accéder au classement des meilleurs ventes.

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C’est une histoire germanopratine[1] qui aurait pu rester confinée aux murs du Café de Flore si elle n’était pas révélatrice d’un mouvement intellectuel profond. Début mars, l’éditeur et écrivain Richard Millet se confie au Point[2] pour dénoncer le « Système » – avec un grand « S » – dont il se dit victime. Tout juste convoqué par Gallimard pour un entretien préalable à un licenciement, celui que l’on surnomme le « faiseur de Goncourt » (il est à l’origine des Bienveillantes de Jonathan Littell et de L’Art français de la guerre d’Alexis Jenni, qui ont reçu le célèbre prix en 2006 et 2011) pense tenir entre ses mains l’illustration parfaite de ce qu’il dénonce depuis plusieurs années : le musellement, par la « gauche morale », de tous ceux qui ne vont pas dans le sens de la doxa. Parce qu’il a signé un texte au vitriol sur Maylis de Kerangal, auteure publiée chez Verticales, une filiale de Gallimard, sa maison d’édition le met à pied. Le couperet de l’entre-soi est tombé. Les apôtres de la bien-pensance ont encore frappé.

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Quand les peuples de l’Est luttaient au nom de l’idéal communiste – Catherine Samary

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Texte de la brochure :

La passivité des populations du bloc soviétique compte au nombre des idées reçues transformées en vérités historiques après la chute du Mur. Masses privées de libre arbitre, elles ne pouvaient, selon l’Occident, qu’obéir servilement tout en maudissant le communisme. Or nombre des mouvements sociaux qui émaillèrent l’histoire du bloc de l’Est aspiraient en réalité à un vrai socialisme.

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La mémoire de l’effondrement du bloc soviétique, en 1989-1991, se décline toujours comme une collection d’images d’Épinal[1]« En 1989, explique le politologue britannique Timothy Garton Ash, les Européens ont proposé un nouveau modèle de révolution non violente — de révolution de velours[2] » ; une image inversée, en somme, de celle qui prenait le Palais d’hiver en octobre 1917. Rien n’incarnerait mieux ce modèle que la Tchécoslovaquie et le dissident célèbre qui devint son président en 1989, Václav Havel, un dramaturge longtemps emprisonné par le régime. Cette interprétation attribue à l’idéologie libérale et à ses représentants un poids prépondérant dans la victoire de l’Ouest au terme de la guerre froide. Mais Havel lui-même n’y croyait pas. En 1989, admettait-il, « la dissidence n’était pas prête. (…) Nous n’avons eu qu’une influence minime sur les événements eux-mêmes ». Et de désigner le facteur décisif, qui se trouvait un peu plus à l’est : « L’Union soviétique ne pouvait plus intervenir, sous peine d’ouvrir une crise internationale et de rompre toute la nouvelle politique de perestroïka [« reconstruction »] »[3].

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Le travail invisible derrière le confinement – Françoise Vergès

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Texte de la brochure :

En France, nous sommes entrés le mardi 24 mars 2020 dans la deuxième semaine de « confinement » décidé par le gouvernement Macron pour faire face à l’épidémie du COVID-19, et déjà cela craque de partout. Je ne reviendrai pas ici sur les demi-vérités, demi-aveux, mensonges par omission, et preuves d’incompétence, d’indifférence, de mépris par le gouvernement amplement dénoncées et analysées dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ce travail d’étude et d’analyse n’est pas terminé ; il doit se poursuivre et s’avère bien plus important – car il nourrit les luttes à venir – que toutes les déclarations sous forme d’oracles (« rien ne sera plus comme avant », « il faudra que… ») ou que toutes les remarques et réflexions sur le confinement comme moment de retour sur soi ou de redécouverte de joies simples.

Je ne m’exprimerai pas non plus ici sur la controverse autour de la chloroquine ; ce n’est pas de mon ressort. Je reviendrai par contre sur un point que j’ai exprimé sous forme de post sur Facebook le 18 mars et qui reste pour moi important. J’écrivais alors :

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Carrières déviantes – Charlotte Debest

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Texte de la brochure :

Les personnes qui font le choix de ne pas avoir d’enfant s’écartent de la norme du « faire famille » et interrogent la réception des normes de la parentalité et de sa place dans la trajectoire de vie des individus. En France, la pression sociale à concevoir est telle que ces trajectoires d’hommes et de femmes qui ne veulent pas avoir d’enfant, apparaissent finalement comme des « carrières déviantes », au sens de Howard Becker. Cependant les femmes restent davantage stigmatisées face à ce « non désir d’enfant » que les hommes. Continuer la lecture de Carrières déviantes – Charlotte Debest

Géopolitique du brise-glace – Sandrine Baccaro et Philippe Descamps

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Texte de la brochure :

Les océans Arctique et Austral suscitent des convoitises grandissantes. La déglaciation déjà bien perceptible en été dans le Nord pourrait ouvrir de gigantesques espaces maritimes et côtiers à la navigation comme à l’exploitation de ressources naturelles. L’évolution des flottes nationales de brise-glaces permet de mesurer l’ambition réelle des pays qui entendent tirer parti du réchauffement climatique à ces latitudes. Continuer la lecture de Géopolitique du brise-glace – Sandrine Baccaro et Philippe Descamps

Autodéfense et sécurité – Elsa Dorlin

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Lire le lyber sur le site des éditions Zones

Safe!

Dès la fin des années soixante aux États-Unis, dans un contexte où la mobilisation des minorités raciales et sexuelles est à son acmé, les Black Panthers font « école ». En juin 1969, les révoltes de Stonewall marquent un tournant quant à la libération homosexuelle et trans, en écho aux mouvements de libération des femmes, antiracistes et anti-impérialistes. Pour l’ensemble de ces mouvements, c’est l’État et sa police qui assassinent. Dès 1965, à San Francisco, les militants LGBTQ organisent la résistance contre les persécutions policières des minorités sexuelles. Au début des années soixante-dix, le Gay Liberation Front (GLF)[1] participe à de nombreuses actions avec ou en soutien du Black Panthers Party : l’articulation des luttes anticapitaliste, antiraciste et antipatriarcale est alors l’un des piliers de l’analyse politique de nombre de mouvements coalisés. « Nos oppresseurs les plus immédiats sont les flics (…). Chaque vie homosexuelle vit dans la peur des flics, sauf quand nous commençons à contre-attaquer[2] » Des mouvements comme le Third World Gay Revolution (TWGR), the Combahee River Collective, par exemple, maintiendront cette ligne, même à contre-courant. Au début de l’année 1979, alors qu’une dizaine de femmes noires ont été assassinées en quelques mois, le Combahee River Collective[3] publie une brochure 6, 7, 8… Eleven Black Women. Why Did They Die?[4]. Refusant la rhétorique d’un recours à plus de protection policière ou patriarcale, le collectif retraduit la question de la sécurité en « autoprotection », appréhendant le sexisme et le racisme non pas comme deux rapports de domination additionnés (comme si l’un et l’autre s’ajoutaient, constituaient une « double » discrimination), mais comme un seul et même dispositif d’exposition maximale au risque de mort. Cette brochure est un véritable manifeste d’autodéfense qui explicite les ressources, les techniques, corporelles, personnelles, urbaines et politiques, qui permettent d’apprendre à se protéger soi-même.

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J’espère qu’on choisira l’amour – Kai Cheng

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Le texte sur le site Transgrrrl

Le texte original sur Medium

« Tu as le droit de raconter ton histoire […] Tu n’as pas le droit de traumatiser des personnes abusives, de les attaquer publiquement, ni de saboter la santé de quiconque. Les comportements abusifs sont aussi des réactions de survie, des comportements appris enracinés dans la douleur. Si tu es la personne abusée, guérir cette douleur n’est pas de ta responsabilité mais exacerber cette souffrance n’est pas ton juste droit. »

Emergent Strategy, adrienne maree brown

Je ne crois pas vraiment en la justice. Et j’entends aussi par-là les notions de responsabilité, de justice restauratrice, de justice transformatrice et la plupart des concepts qui ont pris d’assaut la « culture » de la justice sociale. Par contre je crois fermement en l’intégrité, en l’honnêteté et en l’honneur d’une personne (alors qu’on entend souvent le mot « intégrité » dans les cercles engagés pour la justice sociale, l’honnêteté et l’honneur comme je les conçois me viennent de ma famille chinoise et de mon éducation. au passage, la notion d’« honneur » n’est jamais invoquée dans les mouvements pour la justice sociale, et je ressens clairement son absence d’influence sur les attitudes des militant.e.s).

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Les libertaires et le féminisme – Maria Lacerda de Moura

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Texte de la brochure :

Qu’on ne croit pas qu’aucune animosité ne me dresse contre l’anarchisme, bien au contraire. J’apprécie fort nombre de ses apôtres et c’est parce que cette idée possède toutes mes sympathies que je me décide à exposer — afin qu’ils se corrigent — quelques-unes des erreurs dans lesquelles tombent une multitude de ses propagandistes. Je me réfère ici au problème féminin et à la position prise par certains libertaires à l’égard de cette question.

Il existe un bon nombre d’anarchistes qui considèrent emphatiquement Kropotkine comme leur coreligionnaire et qui, en ce qui concerne l’esclavage sexuel et amoureux de la femme, sont encore dans les langes. Ils croient, les malheureux, qu’elle n’est ni ne doit être la maitresse de son corps mais que son rôle est de se soumettre aux caprices de l’homme, concrètement d’appartenir seulement et exclusivement à un seul homme. Ils ne se rendent pas compte que leur manière de voir est absolument la même que celle des partisans du mariage légal, religieux ou civil, étant donné que l’union monogame et la famille « indestructible » sont la base et le soutien de la Religion, de l’Etat et de la Propriété-Privée.

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