Lignes de fuites du marronnage – Dénètem Touam Bona

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Texte de la brochure :

Si vous désirez vraiment savoir ce qu’est le marronnage, ne cherchez pas dans un dictionnaire. Contentez-vous d’ouvrir grand les yeux et les oreilles. Car les « nègres marrons » ne sont pas enterrés dans les livres d’histoire, ils continuent à vivre parmi nous ; à peine perceptibles puisqu’ils ne persistent dans l’être qu’en disparaissant. Le nègre marron, c’est le fugitif par excellence, celui qui « trace » sans laisser de traces. Se fondre dans la nature, une des tactiques de base de l’Art de la guerre (Sun Tzu), c’est en épouser le cycle des mutations. Les esclaves fugitifs sont des nègres ninjas qui maîtrisent parfaitement cet art de la métamorphose et de la dissolution de soi. Par leurs gestes et mouvements virtuoses, par leur dislocation rythmique, les corps marrons s’épurent, s’effacent, se virtualisent dans le suspense d’une blue note indocile… Continuer la lecture de Lignes de fuites du marronnage – Dénètem Touam Bona

Les mésaventures du sectarisme révolutionnaire – Alain Bihr

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Texte de la brochure :

Une étonnante alliance contre-nature

Pour qui tente aujourd’hui de se faire l’historien du révisionnisme et du négationnisme[1], la moindre des surprises n’est sans doute pas de constater le rôle décisif qu’y ont joué certains groupes se réclament de l’ultra-gauche en France[2]. C’est même la spécificité du négationnisme français : dans d’autres pays comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis, le négationnisme est essentiellement défendu par des individus, des groupes, des organisations qui se situent dans une filiation ouvertement fasciste.

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Une enfance gabonaise – Anonyme

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Texte de la brochure

Texte inédit pour le site de Ballast

Une grande enveloppe kraft tachetée : dessus, on peut lire « Courrier intérieur ». Ballottée ici et là au fil des ans. Un manuscrit s’y trouve, inachevé, parfois annoté et raturé. C’est un texte écrit par une femme originaire du Gabon, fille d’un menuisier gabonais et d’une Normande qui s’étaient rencontrés dans les années 1950. C’est le récit de son enfance, et l’on y croise la saison des pluies, un coup d’État et un amour malmené. L’enveloppe n’a pour ainsi dire jamais été ouverte et son auteure a disparu, sans terminer son ouvrage, il y a une décennie de cela. Il est rare que l’on écrive seulement pour soi ; peut-être fallait-il recopier un jour ces pages, du moins quelques-unes d’entre elles, pour d’inconnus destinataires.

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Elle va trop vite, elle est trop musculeuse, elle est poilue – Entretien avec Anaïs Bohuon, sociohistorienne – Mickaël Correia et Céline Picard

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Texte de la brochure :

Depuis quelques semaines, l’athlète sud-africaine Caster Semenya défraye la chronique. La triple championne du monde du 800 mètres conteste une mesure qui oblige les sportives qui ont un taux élevé de testostérone à le faire baisser pour participer aux compétitions. La Fédération internationale d’athlétisme cherche ainsi à tout prix à sauvegarder l’illusion d’une certaine équité, entreprise d’autant plus vaine qu’aux inégalités de conditions de vie et d’entraînement s’ajoute l’infinie diversité des morphologies. Parmi les outils en usage dans le milieu sportif, la catégorisation selon le sexe est à la fois le réceptacle et le relais des pires préjugés de genre. Continuer la lecture de Elle va trop vite, elle est trop musculeuse, elle est poilue – Entretien avec Anaïs Bohuon, sociohistorienne – Mickaël Correia et Céline Picard

L’utilisation des préjuges esthétiques comme redoutable outil de stigmatisation du juif – Claudine Sagaert

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Texte de la brochure :

Gustave Doré réalise en 1852, une gravure sur bois intitulée Le Juif errant. Elle représente un homme qui marche, un bâton à la main. Il est d’une maigreur extrême. Ses pieds sont disproportionnés. Une chevelure abondante sans frontière avec la barbe entoure un visage aux yeux mi-clos, au nez crochu et aux lèvres proéminentes. Sur son front une croix rouge est peinte. Continuer la lecture de L’utilisation des préjuges esthétiques comme redoutable outil de stigmatisation du juif – Claudine Sagaert

Le vrai visage de la reconnaissance faciale – La quadrature du net & Joy Buolamwini

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Texte de la brochure :

Le vrai visage de la reconnaissance faciale

La Quadrature du net – juin 2019

La Quadrature du Net est contre la reconnaissance faciale, d’accord : mais pourquoi ? Dès qu’on aborde le sujet en public, on voit se dessiner deux attitudes opposées. D’un côté, le solide bon sens qui ne voit pas pourquoi on se priverait de la possibilité d’identifier efficacement les criminels dans une foule, et pour qui tous les moyens sont bons, puisque la fin est juste. De l’autre côté, la peur réflexe devant cette technique de surveillance – souvent plus vive que devant d’autres techniques de surveillance pourtant très répandues – parce qu’elle est exploitée au cinéma comme outil d’un pouvoir policier totalitaire. C’est entre ces deux pôles, fantasme contre fantasme, qu’on peut essayer de comprendre les enjeux de la reconnaissance faciale. Continuer la lecture de Le vrai visage de la reconnaissance faciale – La quadrature du net & Joy Buolamwini

L’homophobie vient-elle (vraiment, et seulement) d’en bas ? – Sylvie Tissot

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Texte de la brochure :

Il existe aujourd’hui une condamnation officielle de l’homophobie, et une politique de reconnaissance de l’homosexualité – à travers notamment la légalisation du mariage des couples de même sexe. Cette gayfriendliness institutionnelle résulte en bonne partie de la pression des mouvements sociaux, mais elle a aussi été entérinée et organisée à des fins de diversion – et de stigmatisation parfois explicite des « autres », présentés comme homophobes : les classes populaires, les minorités racisées et le « monde musulman ». C’est ce qu’ont montré plusieurs travaux consacrés à l’« homonationalisme » – terme forgé pour critiquer ces opérations politiques menées au nom du progressisme. Plusieurs réponses ont déjà été apportées pour les contrer, certaines allant malheureusement jusqu’à disqualifier toute lutte contre l’homophobie et toute demande d’égalité des droits (et notamment des droits d’accès au mariage et à l’adoption) au nom du supposé impérialisme, du supposé racisme ou du supposé mépris de classe dont elles seraient nécessairement, comme par essence, entachées. C’est un angle d’analyse très différent que nous proposons ici. Dans son livre Gayfriendly. Acceptation et contrôle de l’homosexualité à Paris et à New York qu’elle présentera le 21 mai à 19h30 à Bonjour Madame[1], Sylvie Tissot propose un détour par la gayfriendliness revendiquée par des hétérosexuels fortunés et cultivés, pour en dégager les caractéristiques bien particulières, ainsi que les importantes limites. Le texte qui suit, et qui en est extrait, analyse et déconstruit l’autorité morale dont les habitants de quartiers gentrifiés s’investissent eux-mêmes, par le biais notamment d’une dénonciation vertueuse de certains lieux et de certaines populations. Continuer la lecture de L’homophobie vient-elle (vraiment, et seulement) d’en bas ? – Sylvie Tissot

Audre Lorde : le savoir des opprimées – Hourya Bentouhami

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Texte de la brochure :

Elle se disait poétesse, guerrière, socialiste et survivante d’un cancer du sein ; elle s’avançait contre la « haine virulente dirigée contre toutes les femmes, les personnes de couleur, les gays et les lesbiennes, les pauvres ». Née à New York en 1934, Audre Lorde est l’une des voix majeures de la pensée critique afro-américaine. Disparue en 1992 d’un second cancer, c’est une dizaine d’ouvrages, en prose comme en vers, qu’elle laisse derrière elle pour enjoindre, ou aider, à affronter le racisme, le sexisme, l’homophobie et le capitalisme. La philosophe Hourya Bentouhami revient ici sur l’œuvre de l’auteure, une œuvre qui revendiquait la colère, l’expérience vécue et la différence, et esquisse les conditions d’une politique de l’alliance : reconnaître les oppressions spécifiques. Continuer la lecture de Audre Lorde : le savoir des opprimées – Hourya Bentouhami

Vers le féminisme décolonial – Françoise Vergès

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Texte de la brochure :

Nous retrouvons Françoise Vergès dans un café associatif de Besançon. « Je ne rejette ni n’idolâtre l’Europe ou le monde postcolonial », écrivait-elle dans l’un de ses premiers ouvrages, Mémoire enchaînée. Celle qui tient l’île de La Réunion, où elle a vécu toute sa jeunesse et son adolescence, pour le point de départ de sa pensée précisait que cette circulation, entre les espaces et les langues, lui autorise « le détour » et l’usage des textes comme autant d’outils. Une décennie plus tard, elle préside le collectif Décoloniser les Arts et publie l’essai-manifeste Un féminisme décolonial. Cette première partie s’approche de cet adjectif, souvent décrié. Continuer la lecture de Vers le féminisme décolonial – Françoise Vergès

Transformer le silence en paroles et en actes – Audre Lorde

Couverture de la brochure

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Texte de la brochure :

Ce texte est issu d’une communication donnée en décembre 1977 à Chicago lors de la table ronde « Lesbiennes et recherche littéraire » de la conférence de l’Association des lettres modernes.

Je suis de plus en plus convaincue que ce qui est essentiel pour moi doit être mis en mots, énoncé et partagé, et ce même au risque que ce soit éreinté par la critique et incompris. Parce que parler m’est bénéfique d’abord et avant tout. Je suis ici, debout, comme poète Noire lesbienne, et tout cela prend un sens encore plus fort parce que je suis toujours en vie, alors que j’ai bien failli ne plus l’être. Il y a moins de deux mois de cela, deux médecins, une femme et un homme, m’ont annoncé que je devais me faire opérer du sein, et qu’il y avait 60% à 80% de risques pour que la tumeur soit maligne. Entre cette nouvelle assénée et l’intervention chirurgicale, une attente de trois semaines s’est écoulée, période d’agonie pendant laquelle j’ai dû réenvisager ma vie entière. L’opération a eu lieu, la tumeur était bénigne. Continuer la lecture de Transformer le silence en paroles et en actes – Audre Lorde