“Blackness à la demande” – Franck Freitas-Ekué

Le texte sur le site de la revue Volume !
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« Les industries culturelles ont en effet le pouvoir de réélaborer et de refaçonner ce qu’elles représentent et, à force de répétition et de sélection, d’imposer et d’implanter des définitions de nous-mêmes qui correspondent plus facilement aux descriptions de la culture dominante ou hégémonique. »
Stuart Hall

« Yeah, and I don’t have to go to Hollywood ‘Cause Hollywood come through my neighborhood with cameras on I really think they’re stealin from us like a sample song »
Lil’ Wayne[1]

Au cours de leur embrigadement dans une milice armée, il était de coutume que les enfants-soldats (entre autres de Sierra Léone ou de la République du Congo[2]) adoptent un nouveau nom de guerre, marquant une rupture définitive avec leur expérience civile. Les surnoms sélectionnés par les jeunes recrues symbolisaient non seulement les traits de caractère qu’ils voulaient voir transparaître de leur personnalité mais désignaient également le type de représentations auxquelles ils s’associaient (Wessels, 2007 : 82-84). Les noms de personnages hollywoodiens comme Rambo ou Terminator côtoyaient ceux de certains rappeurs américains comme 2pac ou 50 Cent. Continuer la lecture de “Blackness à la demande” – Franck Freitas-Ekué

Pour l’abolition de l’enfance – Shulamith Firestone

La page du bouquin chez Tahin Party (avec le pdf en bas de page, avec une super intro)
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Il s’agit d’un chapitre du livre La dialectique du sexe. Il a été publié avec une super introduction (qui parle des mouvements d’enfants et de jeunes), d’autres bouts de chapitres qui permettent de comprendre notamment le complexe d’Œdipe / Electre, et une super biblio chez Tahin party mais c’était un peu long pour le mettre en brochure. Déso.

Tarage

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À Nechemia, qui sera sortie de l’enfance
avant que cette institution n’ait cessé d’être.

Le langage associe toujours les femmes et les enfants (« les femmes et les enfants d’abord ! »). Chacun connaît les liens particuliers qui les unissent. Je prétends cependant que la nature de ces liens n’est rien de plus que l’expérience commune de l’oppression. Et de plus, qu’ils s’attachent et se renforcent mutuellement, de manière si complexe qu’il nous sera impossible de parler de la libération des femmes sans envisager aussi celle des enfants, et inversement. La cause essentielle de l’asservissement de la femme tient à ce qu’elle a pour rôle de porter et d’élever les enfants. Et les enfants eux-mêmes sont définis en fonction de ce rôle, qui façonne ainsi leur psychologie ; or la manière dont ils deviennent adultes, et dont ils apprennent à nouer des relations sociales, est déterminante pour le monde qu’ils construiront. Continuer la lecture de Pour l’abolition de l’enfance – Shulamith Firestone

La radicalité politique du Théâtre de l’opprimé – Sophie Coudray

Lire le texte sur le site de Période
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Le théâtre de l’opprimé, plus souvent pensé sous la forme du théâtre-forum, est devenu l’un des passages obligés des mouvements sociaux, et même, au-delà, des happening soi-disant participatifs sous l’égide des entreprises ou des subventions publiques. À l’opposé de ses objectifs initiaux, nés du théâtre populaire brésilien et de ses apories, le théâtre de l’opprimé a été éreinté par des formes qui tiennent davantage de la communion (militante) ou du travail social. Dans cet article polémique, Sophie Coudray retrace la généalogie du théâtre de l’opprimé et relativise la place qu’a fini par y prendre le « forum », ces représentations publiques où les spectateurs sont invités à intervenir dans une scène d’oppression jouée par les acteurs. La poétique de l’opprimé est en grande partie hostile à la forme spectaculaire ; c’est une poétique de l’atelier, de l’expérimentation, du processus plutôt que du produit achevé, exposable, commercialisable. Boal propose une méthode générale de transmission des techniques théâtrales à l’usage des subalternes, pour se réapproprier le temps de la pensée et l’espace d’expression des corps. Là réside toute la radicalité de ce théâtre : refuser le spectacle pour s’exercer à la politique. Continuer la lecture de La radicalité politique du Théâtre de l’opprimé – Sophie Coudray

En quête de l’invisible : paradoxes animaux – Roméo Bondon

Lire le texte sur le site de Ballast
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D’un coup de patte, le lièvre se laisse engloutir par le fourré croisant sa course ; d’un battement d’aile, le milan se place dans l’axe du soleil et nous aveugle ; sans bruit, sans même un mouvement, la vipère se fond dans les couleurs de son rocher et s’absente, un temps, à la vue. Sur cette ligne qui sépare le visible de ce qui ne l’est pas, que se joue-t-il ? En interrogeant les rapports qu’ont les humains avec les animaux, ceux des animaux entre eux et ceux qu’ils ont envers nous, des paradoxes se dessinent : aimer leur apparence et porter sur soi leur peau ; apprécier leur démarche et l’interrompre en les tuant ; saluer leur ingéniosité et la briser par la nôtre. Et si notre regard pouvait n’être plus cet instrument de domination ? Continuer la lecture de En quête de l’invisible : paradoxes animaux – Roméo Bondon

« Ok Google… Raconte-moi une blague » – Anonyme

La brochure sur Infokiosques.net
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C’est à ma grande surprise que je découvrais hier l’existence du « Google Home ». Que pouvait bien évoquer ce nom : un énième gadget destiné aux maisons intelligentes signé Google ? Je n’étais pas loin du compte, il s’agissait bien d’un outil de domotique pour piloter sa maison, à la différence près qu’il ne ressemblait pas au boîtier relativement peu intuitif que je m’étais imaginé ; j’avais affaire à un assistant vocal à qui il était apparemment possible de poser n’importe quelle question. Ainsi, à l’instar de la box muette posée en haut d’un meuble, le « haut-parleur intelligent cylindrique doté de deux micros et de quatre Led »[1] avait sa place en plein milieu du salon, érigé en symbole d’une technologie de plus en plus encline à répondre à toutes nos aspirations, pénétrant déjà de très nombreux foyers à l’approche de Noël… Continuer la lecture de « Ok Google… Raconte-moi une blague » – Anonyme

Votre brosse à dents vous espionne – Shoshana Zuboff

Lire le texte sur le site du Monde Diplomatique
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L’industrie numérique prospère grâce à un principe presque enfantin : extraire les données personnelles et vendre aux annonceurs des prédictions sur le comportement des utilisateurs. Mais, pour que les profits croissent, le pronostic doit se changer en certitude. Pour cela, il ne suffit plus de prévoir : il s’agit désormais de modifier à grande échelle les conduites humaines.

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Cette journée de juillet 2016 fut particulièrement éprouvante pour David. Il avait passé de longues heures à auditionner les témoins de litiges assurantiels dans un tribunal poussiéreux du New Jersey où, la veille, une coupure d’électricité avait eu raison du système d’air conditionné. Enfin chez lui, il s’immergea dans l’air frais comme on plonge dans l’océan. Pour la première fois depuis le matin, il respira profondément, se servit un apéritif et monta à l’étage afin de s’accorder une longue douche. La sonnette retentit au moment même où l’eau commençait à ruisseler sur ses muscles endoloris. Il enfila un tee-shirt et un short, puis dévala les escaliers. En ouvrant la porte, il se retrouva nez à nez avec deux adolescents qui agitaient leurs téléphones portables sous son nez. Continuer la lecture de Votre brosse à dents vous espionne – Shoshana Zuboff

Une lutte de terrain – Lucile Dumont

Lire le texte sur le site de Panthère Première
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S’il ne suffit pas de se déclarer féministe pour le devenir, il ne suffit pas non plus de se déclarer en faveur de la non-mixité pour en accepter les conditions et les effets réels. La preuve par le terrain, avec ce récit de l’inclusion ratée d’une équipe de foot féminine au sein d’un club militant.

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La féminisation progressive du football n’empêche pas le maintien de fortes inégalités dans la discipline. L’attention médiatique se concentre souvent sur la lutte pour l’égalité salariale entre les sélections nationales masculines et féminines. Or dans le foot amateur, loin des radars des com­mentateur·ices sportif·ves, se mènent quotidiennement d’autres luttes pour l’égalité. L’engouement pour la Coupe du monde féminine en 2019 avait laissé espérer la fin d’une ère où le consultant de Canal + Pierre Ménès pouvait affirmer librement que les footballeuses sont « de grosses dondons trop moches pour aller en boîte »[1]. Peu de temps après, 86 joueuses âgées de 5 à 45 ans claquaient pourtant la porte d’un club de foot situé dans le Tarn[2]. Après plusieurs tentatives de négociation avec la direction, elles sont parties en dénonçant les mauvaises conditions de leur pratique sportive, quand leurs homologues masculins bénéficiaient d’un traitement all inclusive de la part du club. Continuer la lecture de Une lutte de terrain – Lucile Dumont

Avez-vous déjà entendu parler du CLODO ?

Lire le premier texte sur CDFD
Lire le second texte sur le blog Et vous n’avez encore rien vu…
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La balade incendiaire du Clodo

Arthur Fontenay – paru dans CQFD – Septembre 2017

 

Le Comité pour la liquidation ou la destruction des ordinateurs (Clodo) n’a sévi que quelques années dans la région toulousaine. Mais il a marqué d’une pierre blanche les luttes anti-technologiques des années 1980. Retour sur un épisode oublié.

Au début des années 1980, la région toulousaine est en effervescence, théâtre de luttes sociales diverses et radicales. Toulouse, cette ville que la junte de Franco décrivait dans les années 1960 et 1970 comme « capitale du terrorisme européen », est alors l’un des principaux foyers de la lutte anti-franquiste hors d’Espagne, servant notamment de repli stratégique aux guérilleros. Et ça ne date pas d’hier : suite à la défaite de 1939, près de 200 000 Espagnols ont transité par Toulouse lors de la Retirada, la fuite des anarchistes et autres républicains après la défaite. 20 000 d’entre eux s’y sont même installés. D’où la teinte rouge et noire imprégnant la Ville rose. « Un goût certain pour le sabotage[1]» s’y développe logiquement. Notamment chez la jeune génération, qui se nourrit des histoires des vieux anarchistes espagnols. Toulouse est également l’un des lieux de naissance du Mouvement ibérique de libération (MIL), puis des Groupes d’action révolutionnaire internationalistes (Gari), ainsi que de nombreux autres groupes anarchistes et autonomes. Continuer la lecture de Avez-vous déjà entendu parler du CLODO ?

Que répondre à celles et ceux que gêne le mot race ? – Sarah Mazouz

Lire le texte sur le site Les mots sont importants (lmsi.net)
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Les races n’existent pas : bien-sûr ! Faut-il donc renoncer au mot ? Sarah Mazouz répond par la négative, car si les races n’existent pas, les manifestations du racisme sont toujours là, et partout : inégalités et préjugés, commentateurs d’extrême-droite invités sur les grandes chaînes télé, petites blagues du quotidien, violences physiques et symboliques, et plus largement encore une discrimination massive au travail, au logement, et dans toutes les sphères de la vie sociale. Avec pédagogie, l’auteure explique l’importance du mot « Race », et pourquoi il peut et doit être utilisé dans un tout autre sens que son acception raciste. Surtout, elle dévoile ce qui se niche derrière le refus obstiné – et prétendument antiraciste – d’utiliser le mot : un déni persistant de parler d’un rapport de pouvoir, doublé d’une ignorance regrettable de la multitude des travaux existants. Parce qu’il est clair, limpide, aussi utile que percutant, nous recommandons vivement la lecture de ce livre, dont voici un extrait Continuer la lecture de Que répondre à celles et ceux que gêne le mot race ? – Sarah Mazouz

Junkie communism – M.E. O’Brien

Lire le texte en Anglais sur Commune
Lire le texte en Français sur Agitations
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Cette traduction [par l’équipe du blog Agitations] d’un texte de M.E. O’Brien, écrivaine et rédactrice du magazine communiste queer Pinko, invite à repenser la question de la drogue et plus globalement la place du « lumpenprolétariat » dans le mouvement ouvrier traditionnel. Plutôt que de considérer l’addiction aux stupéfiants comme un coup du hasard ou un échec personnel qu’on réparerait en intégrant ces personnes à un mouvement ouvrier clamant haut et fort les bienfaits du travail, il s’agit d’y voir un phénomène social qui met en exergue les lignes de fracture propres à la société de classes. Ces parcours rompus et difficilement intégrables dans les schémas classiques de l’imaginaire ouvrier, qu’il s’agisse de personnes transgenres et travailleur·ses de sexe, ou de chômeur·ses de longue durée, témoignent d‘une nécessité de repenser le cœur même du projet communiste, aussi bien que notre approche de la santé et en particulier de l‘usage de drogues. Continuer la lecture de Junkie communism – M.E. O’Brien