Tour de France et lutte des classes – Charlotte Jones suivi de Le tour de France comme épopée – Roland Barthès

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Le premier texte sur le site de Ballast
Le texte original (en anglais) sur le site de Tribune

Tour de France et lutte des classes

Charlotte Jones
Paru dans Tribune – Juillet 2022
Traduit par la rédaction de Ballast – Juin 2024

Élections législatives obligent, le départ du Tour de France dans quelques jours ne fera pas les gros titres cette année. Si la course a perdu de son lustre à cause des scandales de dopage qui ont marqué le cyclisme ces dernières décennies, elle reste pourtant massivement suivie et garde sa réputation de grand événement populaire. Depuis sa création en 1902, elle anime chaque début d’été et draine les foules au bord des routes, sur les pentes d’un col ou à l’arrivée d’une étape. Dans un article publié dans Tribune[1] que nous traduisons, Charlotte Jones revient sur l’histoire de la course et, à rebours de la neutralité revendiquée par ses organisateurs, elle l’affirme : le Tour de France est politique. Continuer la lecture de Tour de France et lutte des classes – Charlotte Jones suivi de Le tour de France comme épopée – Roland Barthès

La boxe, ce sport de prolétaires – Selim Derkaoui

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Dans l’imaginaire collectif, la boxe a longtemps été associée à des images de salles sombres où résonnent le bruit des coups sur les sacs, tandis que des corps transpirent à la lumière des néons. Aujourd’hui, les salles de sport proposent sa pratique sous des modalités variées à un public issu des classes moyenne ou aisée, qui veut se maintenir en forme, ou dans le cadre de cours d’autodéfense. Malgré tout, la boxe reste une activité sportive bien ancrée dans les classes populaires. Par l’engagement qu’elle demande et la dureté de la pratique, elle fait écho à des conditions de vie difficile, qu’elle aide à affronter. Face à sa récupération marchande et à la tentative de la vider de son caractère subversif, le journaliste Selim Derkaoui défend pour sa part un sport « au service des combats que l’on mène à plusieurs ». Dans Rendre les coups — Boxe et lutte des classes[1], qui paraît ces jours-ci au Passager clandestin, il rend hommage à la boxe populaire, celle que pratiquait son père et qu’il est allé rencontrer à Aubervilliers, Pantin ou dans la banlieue de Caen. Nous en publions un extrait. Continuer la lecture de La boxe, ce sport de prolétaires – Selim Derkaoui

La part anarchiste des communs – Édouard Jourdain

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Face à la submersion néolibérale et à la privatisation généralisée du monde, la notion de « commun » est revenue en force. On ne compte plus les ouvrages et les discours louant la nécessité des « communs » ou du « bien commun », qu’il s’agisse de ressources naturelles (une forêt), matérielles (un musée) ou immatérielles (un logiciel). Un succès qui appelle donc à la vigilance : outre le « commons washing », les communs peuvent devenir le cheval de Troie d’un marché qui met en œuvre la casse du service public. L’essayiste Édouard Jourdain retrace ici son histoire et entend bien rappeler, et donc préserver, la radicalité libertaire de cette notion.

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C’est en réaction autant qu’en parallèle au néolibéralisme que le mouvement des communs apparaît au début des années 1980. Son principe ? l’auto-organisation décentralisée des communautés de vie et de travail. Ses objectifs ? la réappropriation et la préservation des ressources face aux multiples formes de privatisation et de captation, d’une part ; l’autogouvernement par l’élaboration de règles communes, de l’autre. Si ce mouvement est hétérogène, les principes auxquels il se rattache ne sont pas sans rappeler ceux qui constituent l’armature de l’anarchisme. Rappelons donc que ce dernier, comme corpus d’idées formalisées, naît dans l’Europe du XIXe siècle, en lien, notamment, avec le développement du mouvement ouvrier. L’idée qui en constitue le cœur remonte cependant à l’aube de l’humanité, à savoir le désir et la possibilité de vivre sans domination. L’anarchie est souvent présentée comme une utopie, au sens péjoratif du terme, c’est-à-dire un idéal ne pouvant trouver de réalisation. L’anarchie en est pourtant éloignée, tant elle puise sa force dans le réel et permet des expérimentations sans qu’il soit nécessaire d’attendre un quelconque « Grand Soir ». Continuer la lecture de La part anarchiste des communs – Édouard Jourdain

Penser depuis l’oiseau – Roméo Bondon

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Pourquoi l’oiseau ? Voilà une question que l’on peut poser au temps présent, lorsque celui-ci demande d’observer, compter et inventorier les espèces des champs et jardins, alors que les populations de ces mêmes espèces déclinent irrémédiablement. Cependant, qu’une virgule se glisse entre les deux termes et le sens change soudainement : d’abstraite, la demande se précise, et s’adresse à cet oiseau-là, que l’on regarde comme le faisait l’augure qui cherchait un sens dans son vol, sens qui en excédait les battements. S’il est toujours affaire de courbes, ce ne sont désormais plus les trajectoires de l’animal qui donnent une idée de l’avenir, mais les tendances délivrées par les modèles mathématiques et les données qui y sont insérées. L’interrogation est avancée ainsi selon deux modes, et c’est comme tels que s’en emparent, chacun à leur manière, trois essais parus récemment. Continuer la lecture de Penser depuis l’oiseau – Roméo Bondon

Les animaux avec nous, nous avec les animaux – Kaoutar Harchi

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Le souci d’intégrer les animaux à l’ensemble des luttes ne date pas d’hier. À la fin du XIXe, le socialiste Charles Gide parlait des animaux comme d’une « classe de travailleurs oubliés ». Quelques décennies plus tard, la féministe britannique Maud Joachim rapportait que « les rangs des suffragettes militantes [sont] principalement recrutés parmi les végétariennes » — les féministes incarcérées pour leur combat négociaient dès lors « un régime végétarien spécial » avec les autorités pénitentiaires. Plus récemment, l’écologiste Andreas Malm s’élevait, après bien d’autres, contre « la tendance systémique du capitalisme à soumettre les animaux ». Les relations sont toutefois moins nombreuses avec le mouvement antiraciste. La raison est aussi simple que connue : la traite atlantique et la colonisation se sont amplement construites sur l’idée de hiérarchie entre les humains et les espèces, renvoyant les peuples non blancs à des « moins qu’humains » — donc à l’animalité.

Dans un texte à la fois théorique et personnel, l’écrivaine et sociologue Kaoutar Harchi revient sur l’histoire de la dépréciation des animaux et, corrélativement, l’asservissement et la subordination de certains groupes humains. Continuer la lecture de Les animaux avec nous, nous avec les animaux – Kaoutar Harchi

Medvedkine ou les ouvriers-cinéastes – Thibauld Weiler

 

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Les groupes Medvedkine ? L’histoire d’un collectif d’ouvriers-cinéastes qui, pendant près de 7 ans, de 1967 à 1974, réalisa des films de luttes — initialement orientés vers la grève qu’ils menaient dans leur usine Rhodiaceta, à Besançon et à Sochaux. Ces expériences filmiques restent aussi rares que précieuses : elles sapent les bases du mode traditionnel de production (notamment dans l’organisation du travail et la répartition des tâches, au tournage comme au montage) et défont les frontières entre filmeurs et filmés (et, dans ce cas précis, entre artistes cultivés et travailleurs modestes). Retour sur ce cinéma « armé ». Continuer la lecture de Medvedkine ou les ouvriers-cinéastes – Thibauld Weiler

Les accidents du travail ne sont pas des faits divers – Entretien avec Mathieu Lépine

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On dénombrait récemment, en France, plus de 800 000 accidents du travail dans l’année, entraînant la mort de plus de 700 travailleurs et travailleuses. Ce fait social massif continue pourtant d’être traité sous l’angle du fait divers et local. Hier[1], un ouvrier tombait d’un toit en Moselle ; il y a cinq jours, un ouvrier était transporté en urgence absolue vers un hôpital de Haute-Savoie après avoir été piégé sous un coffrage de béton de 850 kilos ; la veille, un ouvrier installé sur une nacelle était gravement blessé à Quimper ; quelques jours plus tôt, en Maine-et-Loire, un technicien de maintenance a eu le bras happé par une machine. On pourrait poursuivre cette funeste liste sans fin. C’est, justement, ce que Matthieu Lépine, professeur d’histoire et auteur du blog Une Histoire populaire[2], entreprend depuis 2019 avec son compte Twitter « Accidents du travail : silence des ouvriers meurent »[3]. Un travail aussi minutieux qu’essentiel, qui s’élève contre le silence médiatique et politique. Continuer la lecture de Les accidents du travail ne sont pas des faits divers – Entretien avec Mathieu Lépine

Féminisme et handicap : luttes contre le validisme – Mélina Germes

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L’article paru sur le site de la revue Ballast.

Qu’est-ce que le validisme ?

Le validisme ou capacitisme désigne une forme de domination envers les personnes handicapées. Au-delà de l’archétype du « handicapé », le terme personnes handicapées (ou handi·es) inclut ici les malades chroniques, personnes aveugles, sourdes, neuroatypiques, neurodivergentes, dismorphiques… sans distinction de diagnostic. Le validisme est l’idéologie selon laquelle la norme de l’existence humaine est l’absence de maladie et d’infirmité. La capacité à être productif·ve est la condition pour mériter de (bien) vivre[1].

Les enseignements et pratiques médicales sont centraux dans la catégorisation et la (dé)valorisation des existences handies. La médecine occidentale s’est donnée pour but de réparer les corps (et esprits) qu’elle considère comme défaillants, avec la finalité de leur (re)mise au travail. En même temps, les fictions et discours bienveillants parent les personnes handi·es de vertus exceptionnelles, parmi lesquelles le courage d’exister, les valorisant en tant que sources d’inspiration pour les personnes valides.

Le validisme est, comme toute oppression, à double tranchant : il peut se faire bienveillant, tout en conservant son pouvoir de nuire. Cette notion révèle le caractère socialement et historiquement construit de l’assignation des handi·es à une condition dominée. Continuer la lecture de Féminisme et handicap : luttes contre le validisme – Mélina Germes

Yan Bin : aux origines du féminisme chinois – Léa Buatois

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Le texte sur le site de Ballast

À l’orée du XXe siècle, la Chine impériale des Qing n’est plus qu’une bureaucratie délabrée : la révolution gronde dans les campagnes mais aussi au sein des élites chinoises citadines, qui ne supportent plus la double humiliation infligée par les puissances occidentales et la dynastie régnante. L’effondrement progressif de l’Empire inaugure — à travers, notamment, les traditions de pensée anarchiste et communiste — une période d’effervescence intellectuelle et révolutionnaire, sans doute à nulle autre pareille dans l’histoire chinoise. C’est dans ce contexte que s’inscrit le travail de Yan Bin, autrice et militante féministe aujourd’hui tombée dans l’oubli. Elle n’en aura pas moins légué un précieux et rare témoignage de la naissance du féminisme en Chine : la Revue des nouvelles femmes chinoises, l’une des premières revues chinoises conçues pour et par les femmes. Continuer la lecture de Yan Bin : aux origines du féminisme chinois – Léa Buatois

Guerre d’Espagne : la parole aux femmes – Suzana Arbiz & Maëlle Maugendre

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Les hommes montent au front et les femmes aident à l’arrière : l’image est ancrée dans les représentations collectives. Mais lorsque ces dernières prennent les armes et font usage de la violence — malmenant ainsi la répartition patriarcale des tâches et leur condition de victime —, l’Histoire bafouille et opte trop souvent pour l’amnésie. Susana Arbizu, documentariste, et Maëlle Maugendre, historienne, ont participé à l’ouvrage collectif Libertarias, paru en 2017 aux éditions Nada : il s’emploie à rendre compte de la « spécificité de l’engagement des femmes anarchistes espagnoles » lors de la guerre civile remportée par Franco. Parler d’histoire, c’est bien sûr questionner le présent : au mois de mai 2018, le studio DICE annonçait la sortie prochaine du cinquième opus du célèbre jeu vidéo « Battlefield » ; une polémique éclata : le personnage principal de cette aventure, prenant place durant la Seconde Guerre mondiale, étant… une femme.

 

Pourquoi l’Histoire est-elle toujours racontée au masculin ? Continuer la lecture de Guerre d’Espagne : la parole aux femmes – Suzana Arbiz & Maëlle Maugendre