Editer les marxismes et les sciences sociales pour armer les luttes – Alexis Cukier, Noémie Brun et Clara Laspalas

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Lire le texte sur le site de Contretemps

Alors que s’est récemment finie la campagne de dons pour sauver les Éditions sociales et La Dispute et leur permettre de se développer[1], la rédaction de Contretemps a souhaité leur donner la parole, pour nous en dire plus sur les raisons de cette initiative mais aussi sur l’histoire, les lignes et les activités des deux maisons d’édition.

Dans cet entretien avec trois membres de l’équipe éditoriale et de gestion, Clara Laspalas et Noémie Brun (éditrices, aux côtés de Marina Simonin) et Alexis Cukier (philosophe qui contribue bénévolement à la coordination éditoriale), il est donc question notamment des conditions matérielles de l’édition critique indépendante, du slogan « Make marxisms great again » et plus particulièrement des collections GEME et Découvrir des Éditions sociales.

On y aborde également la ligne éditoriale de La Dispute et notamment des collections « Le genre du Monde » et « Travail et salariat », ainsi que des rapports entre marxisme et sciences sociales critiques. Au final, il s’agit aussi de faire mieux connaître le travail d’édition, et d’en comprendre les spécificités quand ce travail est conçu pour armer les luttes et contribuer à l’émancipation.  Continuer la lecture de Editer les marxismes et les sciences sociales pour armer les luttes – Alexis Cukier, Noémie Brun et Clara Laspalas

A titre gracieux – Lise Belperron

Lire le texte sur le site de Panthère Première
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Correcteur·ices, éditeur·ices, traducteur·ices, auteur·ices… dans le milieu de l’édition, le travail précaire, mal voire pas rémunéré, semble être aussi structurant qu’invisibilisé. Le prestige associé aux activités intellectuelles a bon dos ! Une ancienne du sérail mène l’enquête, gagnée par le doute : qu’est-ce qui définit un « vrai» travail ? Avant de déplacer la question : et si on imaginait plutôt une intermittence du livre ?

« Les productions de l’esprit
rendent déjà si peu !
Si elles rendent encore moins,
qui est-ce qui voudra penser ? »
Diderot[1]

Il y a quelques années, un cousin à moi, de passage à Paris, est venu récupérer un manteau oublié dans la maison d’édition où je travaillais à l’époque, au cœur du traditionnel « quartier des éditeurs » de Saint-Michel. « Alors, m’a-t-il dit, c’est là que vous lisez à longueur de journée ? » Là-dessus, il a enfoncé le clou : « Mais qui vous paye ? » Continuer la lecture de A titre gracieux – Lise Belperron

Guerre généralisée au vivant et biotechnologies [2/4] – Groupe Grothendieck

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Le texte sur Lundi Matin
Les cinq textes seront réunis en brochure par le Groupe Grothendieck dans un futur proche. Le lien sera inséré ici, pour l’instant voici leur site.

L’épisode pilote [0/4] : Les bases du système guerrier
L’épisode 1 [1/4] : Le vivant-machine à l’aune de la biologie moderne

 

« Il n’était pas exclu que finisse par advenir le monde inquiétant entrevu par les scientifiques qui avaient inventé la nouvelle biologie un quart de siècle plus tôt. Délibérément ou non, des chercheurs élaboraient de nouvelles manières de tuer, toujours plus terrifiantes […] Ils admettaient ainsi ensemble qu’ils ne croyaient plus en l’élimination des armes biologiques, et qu’un nombre affligeant de leurs collègues scientifiques, depuis l’Union soviétique jusqu’à l’Irak et l’Afrique du Sud, avaient consacré leurs vies à produire des agents pathogènes susceptibles de tuer en masse. »

Miller, S. Engelberg, W. Broad, Germes. Les armes biologiques et la nouvelle guerre secrète, 2001.

Il est un domaine où la guerre généralisée au vivant s’exprime sans fard comme véritable guerre militaire : c’est la guerre biotechnologique. La conception d’armes biotechnologiques est une discipline militaire où destruction de la vie par la violence illimité (cf. épisode 0) et la réification du vivant par la biotechnologie (cf. épisode 1), se rejoignent dans un projet commun : tuer le plus possible et le plus efficacement possible. On peut même dire que les programmes d’armement biologique sont la première application concrète de la guerre généralisée au vivant. Continuer la lecture de Guerre généralisée au vivant et biotechnologies [2/4] – Groupe Grothendieck

Grève du travail reproductif et construction de communs reproductifs – Silvia Federici


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Le texte sur le site Contretemps

Ce texte de Silvia Federici est issu de l’ouvrage Travail gratuit et grèves féministes, paru aux éditions Entremonde en novembre 2020, qui revient sur les enjeux stratégiques communs entre luttes autour du travail reproductif et/ou gratuit et grèves féministes. Le recueil réunit les interventions de Silvia Federici, Maud Simonet, Morgane Merteuil et Morgane Kuehni, lors d’une journée organisée à Lausanne le 25 mai 2019 en pleine préparation de la grève féministe et des femmes* du 14 juin 2019 en Suisse[1]. La conférence de Silvia Federici, intitulée “Striking against reproductive work: feminist practices and strategies”, a été suivie d’une table ronde sur le thème « travail gratuit et grève féministe », donnant à voir le continuum entre les différentes formes de travail gratuit ou non-reconnu. Continuer la lecture de Grève du travail reproductif et construction de communs reproductifs – Silvia Federici

Des cinéastes militants en quête de sociabilité ouvrière. Prises de vues et prises de positions autour d’À bientôt j’espère – Catherine Roudé

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Catherine Roudé, docteure en histoire du cinéma et de l’audiovisuel de Paris 1, est l’autrice d’une thèse publiée, Le Cinéma militant à l’heure des collectifs. Slon et Iskra dans la France de l’après-1968 (PUR, 2017). Elle mène une recherche consacrée à la circulation et aux usages spectatoriels du cinéma militant des années 1960-1970 en France.

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La grève de la Rhodiaceta en 1967 – Nicolas Hatzfeld et Cédric Lomba

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Dans l’avant-68, la Rhodiaceta est une référence qui s’impose. Elle désigne une grève avec occupation de la principale usine de Besançon durant un mois, en février-mars 1967, au retentissement national. La référence tourne au mythe à partir d’un film, tourné par Chris Marker à Rhodia et diffusé en février 1968 à la télévision. Le titre, A bientôt, j’espère, reprenait les mots par lesquels un jeune ouvrier, Georges Maurivard, donnait rendez-vous aux patrons pour un futur combat. L’interpellation, superbe, prend en mai-juin une dimension prémonitoire et nourrit, dès lors, une lecture rétrospective des événements de 1968 : avant les étudiants de Nanterre, on peut trouver des prémisses ouvrières au mouvement. Or, ce n’est pas l’objectif visé par ce texte.

La grève de la Rhodia engage des jeunes, ouvriers, provinciaux ; croisant le fer avec l’autorité, rencontrant des gens de culture, ils osent parfois même devenir auteurs. Décentrés socialement et géographiquement par rapport à la scène plus connue des événements de 1968 sans lui être en rien étrangers, ces acteurs permettent d’affiner l’analyse de chacune des catégories qu’ils mobilisent, de travailler la pluralité des événements et d’en enrichir la compréhension générale. Mais le décentrement visé par cette étude est aussi temporel. En effet, il n’est pas question de s’en tenir à ce qui en cet hiver bisontin et industriel comprend déjà le printemps de mai, d’enserrer le temps d’avant dans une lecture téléologique. Au contraire, ce texte vise à reconstruire, autant que faire se peut, l’étrangeté d’un temps où l’on ne pensait pas 68, malgré l’expression d’espérances ou de craintes susceptibles d’en partager des éléments. Prosaïquement, il s’agit de reconstituer des faits[1], de repérer la consistance de ce qui s’est produit alors et de comprendre ce qui a fait événement à l’époque[2]. En rendant à la grève de 1967 son autonomie, l’analyse l’ancre pleinement dans la décennie des années 1960, une échelle moyenne de l’époque de la Modernité[3], reliée tant à la guerre d’Algérie qu’à 1968. Entre ces temps forts qualifiés tous deux d’« événements, l’analyse du conflit Rhodia établit un lien étonnamment fort et riche, qui mobilise les problé­matiques de la violence, de la contestation, de la solidarité et du collectif, ou de l’appropriation subversive de pratiques culturelles. La question ouvrière, ainsi traversée, devient beaucoup plus ample et complexe qu’un strict territoire de travail, et permet d’analyser des mutations plus larges dans la société française. Le cas de la Rhodia est à la fois exemplaire de cette présence ouvrière et singulier dans les manifestations qu’il en présente. Continuer la lecture de La grève de la Rhodiaceta en 1967 – Nicolas Hatzfeld et Cédric Lomba

Le cinéma pour Classe de lutte. Militantisme ouvrier et combat culturel après Mai 1968 – Catherine Roudé

 

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Classe de lutte (1969) est la première réalisation du groupe Medvedkine de Besançon. Cette expérience, initiée par l’intervention de Chris Marker et Mario Marret lors de la grève de la Rhodiaceta Besançon au printemps 1967, ambitionnait de déléguer aux ouvriers les outils de leur propre représentation. La fabrication du film tout comme ses réceptions successives en pointent les potentialités et les limites. Continuer la lecture de Le cinéma pour Classe de lutte. Militantisme ouvrier et combat culturel après Mai 1968 – Catherine Roudé

Medvedkine ou les ouvriers-cinéastes – Thibauld Weiler

 

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Le texte sur le site de Ballast

Les groupes Medvedkine ? L’histoire d’un collectif d’ouvriers-cinéastes qui, pendant près de 7 ans, de 1967 à 1974, réalisa des films de luttes — initialement orientés vers la grève qu’ils menaient dans leur usine Rhodiaceta, à Besançon et à Sochaux. Ces expériences filmiques restent aussi rares que précieuses : elles sapent les bases du mode traditionnel de production (notamment dans l’organisation du travail et la répartition des tâches, au tournage comme au montage) et défont les frontières entre filmeurs et filmés (et, dans ce cas précis, entre artistes cultivés et travailleurs modestes). Retour sur ce cinéma « armé ». Continuer la lecture de Medvedkine ou les ouvriers-cinéastes – Thibauld Weiler

Sabotage, un essai d’archéologie au XIXe siècle – François Jarrige

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Le texte sur le site de Techniques et culture

Hier totalement disqualifié par l’utopie d’une société libérale et pacifiée, le sabotage fait aujourd’hui de nouveau parler de lui : des activistes, de plus en plus nombreux, s’efforcent d’enrayer la marche du monde en pratiquant la désobéissance civile et l’action directe, parfois illégalement. Les dégradations ponctuelles d’équipements servant au transport des humains, des matières et des informations s’accroissent (pipelines, caméras de surveillance, radars, antennes relais, infrastructures de transport, etc.), tandis que les pratiques de sabotage associées aux mouvements de grève réapparaissent (telles les coupures de courant effectuées par des électriciens de la Confédération générale du Travail (CGT) durant l’hiver 2019 lors des mobilisations qui ont accompagné l’élaboration de la loi sur les Retraites en France). Continuer la lecture de Sabotage, un essai d’archéologie au XIXe siècle – François Jarrige

Maremme amère – Entretien avec Alberto Prunetti

Lire le texte sur Jef Klak
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Alberto Prunetti a grandi à Follonica, une ville située en haute Maremme, région faisant partie de la Toscane. Dans Amianto[1], il raconte la vie d’ouvrier itinérant que mena son père, sa maladie, due à l’amiante, contractée sur les chantiers où il travaillait, tout en entrecoupant son récit par ses souvenirs d’enfance dans cette cité industrielle. Son livre, à la fois tragique, drôle et tendre, donne une image non tronquée de ce que les économistes appellent complaisamment le « miracle économique italien », dont on occulte toujours le coût humain et environnemental[2].

« Le protagoniste du livre, c’est le corps de mon père. » Continuer la lecture de Maremme amère – Entretien avec Alberto Prunetti