A titre gracieux – Lise Belperron

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Correcteur·ices, éditeur·ices, traducteur·ices, auteur·ices… dans le milieu de l’édition, le travail précaire, mal voire pas rémunéré, semble être aussi structurant qu’invisibilisé. Le prestige associé aux activités intellectuelles a bon dos ! Une ancienne du sérail mène l’enquête, gagnée par le doute : qu’est-ce qui définit un « vrai» travail ? Avant de déplacer la question : et si on imaginait plutôt une intermittence du livre ?

« Les productions de l’esprit
rendent déjà si peu !
Si elles rendent encore moins,
qui est-ce qui voudra penser ? »
Diderot[1]

Il y a quelques années, un cousin à moi, de passage à Paris, est venu récupérer un manteau oublié dans la maison d’édition où je travaillais à l’époque, au cœur du traditionnel « quartier des éditeurs » de Saint-Michel. « Alors, m’a-t-il dit, c’est là que vous lisez à longueur de journée ? » Là-dessus, il a enfoncé le clou : « Mais qui vous paye ? » Continuer la lecture de A titre gracieux – Lise Belperron

Yan Bin : aux origines du féminisme chinois – Léa Buatois

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À l’orée du XXe siècle, la Chine impériale des Qing n’est plus qu’une bureaucratie délabrée : la révolution gronde dans les campagnes mais aussi au sein des élites chinoises citadines, qui ne supportent plus la double humiliation infligée par les puissances occidentales et la dynastie régnante. L’effondrement progressif de l’Empire inaugure — à travers, notamment, les traditions de pensée anarchiste et communiste — une période d’effervescence intellectuelle et révolutionnaire, sans doute à nulle autre pareille dans l’histoire chinoise. C’est dans ce contexte que s’inscrit le travail de Yan Bin, autrice et militante féministe aujourd’hui tombée dans l’oubli. Elle n’en aura pas moins légué un précieux et rare témoignage de la naissance du féminisme en Chine : la Revue des nouvelles femmes chinoises, l’une des premières revues chinoises conçues pour et par les femmes. Continuer la lecture de Yan Bin : aux origines du féminisme chinois – Léa Buatois

La droite extrême à l’assaut du livre – Ellen Salvi


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Texte de la brochure :

On pouvait penser le monde feutré de l’édition protégé de la droite extrême, mais ses thèmes de prédilection – le « déclin français », la « menace migratoire » ou le « danger de l’islam » – se sont emparés des livres. Non seulement chez des petits éditeurs engagés dans la droite radicale, qui font florès, mais au cœur même des grandes maisons, sans attaches idéologiques particulières, qui n’ont plus de scrupule à faire paraître ce qui serait, il y a peu, resté confiné dans leurs marges. Ce glissement généralisé trouve sa source dans un phénomène qui n’a fait qu’empirer depuis deux décennies : la concentration capitalistique et l’abandon des postes clés de l’édition à des gestionnaires, que la recherche de profit pousse à publier des auteurs identitaires et réactionnaires – comme Laurent Obertone, Éric Zemmour, Robert Ménard ou Richard Millet –, en flattant l’air du temps pour accéder au classement des meilleurs ventes.

*

C’est une histoire germanopratine[1] qui aurait pu rester confinée aux murs du Café de Flore si elle n’était pas révélatrice d’un mouvement intellectuel profond. Début mars, l’éditeur et écrivain Richard Millet se confie au Point[2] pour dénoncer le « Système » – avec un grand « S » – dont il se dit victime. Tout juste convoqué par Gallimard pour un entretien préalable à un licenciement, celui que l’on surnomme le « faiseur de Goncourt » (il est à l’origine des Bienveillantes de Jonathan Littell et de L’Art français de la guerre d’Alexis Jenni, qui ont reçu le célèbre prix en 2006 et 2011) pense tenir entre ses mains l’illustration parfaite de ce qu’il dénonce depuis plusieurs années : le musellement, par la « gauche morale », de tous ceux qui ne vont pas dans le sens de la doxa. Parce qu’il a signé un texte au vitriol sur Maylis de Kerangal, auteure publiée chez Verticales, une filiale de Gallimard, sa maison d’édition le met à pied. Le couperet de l’entre-soi est tombé. Les apôtres de la bien-pensance ont encore frappé.

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