Guerre généralisée au vivant et biotechnologies – [0/4] – Groupe Grothendieck

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L’article sur Lundi Matin
Les cinq textes seront réunis en brochure par le Groupe Grothendieck dans un futur proche. Le lien sera inséré ici, pour l’instant voici leur site.

Chimère humain-porc, clonage humain, souche militarisée, virus à gain de fonction, vaccin codant, ciseaux moléculaires, etc. Il est temps de s’attaquer franchement à tous les petits monstres de la biologie moderne et de comprendre en quoi cette discipline est un des fronts de conquête les plus prometteurs du technocapitalisme sur les humains et la nature. Grands cycles de capitalisation et montée en puissance technologique, il sera ici question de la Guerre-qui-ne-dit-pas-son-nom, la guerre généralisée à toute condition de génération et d’épanouissement de cette mince, mais ô combien précieuse, couche de matière grouillante à la surface de la croûte terrestre. Celle qui fait que nous pouvons, en tant qu’espèce, espérer et aimer, sentir, jouir et mourir. Il sera ici question de la guerre généralisée au vivant. Continuer la lecture de Guerre généralisée au vivant et biotechnologies – [0/4] – Groupe Grothendieck

La mémoire est-elle une affaire de femmes – et l’histoire, une affaire d’hommes ? – Marion Charpenel

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Le texte sur le site Les Mots Sont Importants

L’approche historienne de la mémoire, qui se développe en France à partir du milieu des années 1970[1], s’est fondée sur la division entre histoire et mémoire. Appréhendant la mémoire « en creux » par rapport à l’histoire et considérant avant tout celle-ci comme le creuset des falsifications du passé, les historiens qui ont participé de ce mouvement ont opposé une histoire supposée savante, critique et porteuse de vérité, à une mémoire considérée comme affective, mythique et mensongère, dans laquelle il s’agirait d’identifier la trace des manipulations du passé et la subjectivité des individus (Lavabre, 2007[2]).

Penser cette opposition à partir des mémoires féministes permet de mettre en évidence les fondements genrés de cette distinction, ainsi que les spécificités des mémoires minoritaires[3]. En effet, femmes et hommes ont-ils les mêmes rapports au passé, et surtout leurs récits du passé ont-ils les mêmes possibilités d’accès au statut de vérité ? L’histoire des minoritaires peut-elle ainsi se défaire de la mémoire ? Enfin, les mémoires des groupes minoritaires peuvent-elles émerger dans les mêmes espaces, et avec les mêmes mots, que les récits du passé des groupes majoritaires ? Continuer la lecture de La mémoire est-elle une affaire de femmes – et l’histoire, une affaire d’hommes ? – Marion Charpenel

Des cinéastes militants en quête de sociabilité ouvrière. Prises de vues et prises de positions autour d’À bientôt j’espère – Catherine Roudé

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Catherine Roudé, docteure en histoire du cinéma et de l’audiovisuel de Paris 1, est l’autrice d’une thèse publiée, Le Cinéma militant à l’heure des collectifs. Slon et Iskra dans la France de l’après-1968 (PUR, 2017). Elle mène une recherche consacrée à la circulation et aux usages spectatoriels du cinéma militant des années 1960-1970 en France.

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La grève de la Rhodiaceta en 1967 – Nicolas Hatzfeld et Cédric Lomba

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Dans l’avant-68, la Rhodiaceta est une référence qui s’impose. Elle désigne une grève avec occupation de la principale usine de Besançon durant un mois, en février-mars 1967, au retentissement national. La référence tourne au mythe à partir d’un film, tourné par Chris Marker à Rhodia et diffusé en février 1968 à la télévision. Le titre, A bientôt, j’espère, reprenait les mots par lesquels un jeune ouvrier, Georges Maurivard, donnait rendez-vous aux patrons pour un futur combat. L’interpellation, superbe, prend en mai-juin une dimension prémonitoire et nourrit, dès lors, une lecture rétrospective des événements de 1968 : avant les étudiants de Nanterre, on peut trouver des prémisses ouvrières au mouvement. Or, ce n’est pas l’objectif visé par ce texte.

La grève de la Rhodia engage des jeunes, ouvriers, provinciaux ; croisant le fer avec l’autorité, rencontrant des gens de culture, ils osent parfois même devenir auteurs. Décentrés socialement et géographiquement par rapport à la scène plus connue des événements de 1968 sans lui être en rien étrangers, ces acteurs permettent d’affiner l’analyse de chacune des catégories qu’ils mobilisent, de travailler la pluralité des événements et d’en enrichir la compréhension générale. Mais le décentrement visé par cette étude est aussi temporel. En effet, il n’est pas question de s’en tenir à ce qui en cet hiver bisontin et industriel comprend déjà le printemps de mai, d’enserrer le temps d’avant dans une lecture téléologique. Au contraire, ce texte vise à reconstruire, autant que faire se peut, l’étrangeté d’un temps où l’on ne pensait pas 68, malgré l’expression d’espérances ou de craintes susceptibles d’en partager des éléments. Prosaïquement, il s’agit de reconstituer des faits[1], de repérer la consistance de ce qui s’est produit alors et de comprendre ce qui a fait événement à l’époque[2]. En rendant à la grève de 1967 son autonomie, l’analyse l’ancre pleinement dans la décennie des années 1960, une échelle moyenne de l’époque de la Modernité[3], reliée tant à la guerre d’Algérie qu’à 1968. Entre ces temps forts qualifiés tous deux d’« événements, l’analyse du conflit Rhodia établit un lien étonnamment fort et riche, qui mobilise les problé­matiques de la violence, de la contestation, de la solidarité et du collectif, ou de l’appropriation subversive de pratiques culturelles. La question ouvrière, ainsi traversée, devient beaucoup plus ample et complexe qu’un strict territoire de travail, et permet d’analyser des mutations plus larges dans la société française. Le cas de la Rhodia est à la fois exemplaire de cette présence ouvrière et singulier dans les manifestations qu’il en présente. Continuer la lecture de La grève de la Rhodiaceta en 1967 – Nicolas Hatzfeld et Cédric Lomba

Le cinéma pour Classe de lutte. Militantisme ouvrier et combat culturel après Mai 1968 – Catherine Roudé

 

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Classe de lutte (1969) est la première réalisation du groupe Medvedkine de Besançon. Cette expérience, initiée par l’intervention de Chris Marker et Mario Marret lors de la grève de la Rhodiaceta Besançon au printemps 1967, ambitionnait de déléguer aux ouvriers les outils de leur propre représentation. La fabrication du film tout comme ses réceptions successives en pointent les potentialités et les limites. Continuer la lecture de Le cinéma pour Classe de lutte. Militantisme ouvrier et combat culturel après Mai 1968 – Catherine Roudé

Medvedkine ou les ouvriers-cinéastes – Thibauld Weiler

 

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Le texte sur le site de Ballast

Les groupes Medvedkine ? L’histoire d’un collectif d’ouvriers-cinéastes qui, pendant près de 7 ans, de 1967 à 1974, réalisa des films de luttes — initialement orientés vers la grève qu’ils menaient dans leur usine Rhodiaceta, à Besançon et à Sochaux. Ces expériences filmiques restent aussi rares que précieuses : elles sapent les bases du mode traditionnel de production (notamment dans l’organisation du travail et la répartition des tâches, au tournage comme au montage) et défont les frontières entre filmeurs et filmés (et, dans ce cas précis, entre artistes cultivés et travailleurs modestes). Retour sur ce cinéma « armé ». Continuer la lecture de Medvedkine ou les ouvriers-cinéastes – Thibauld Weiler

Sabotage, un essai d’archéologie au XIXe siècle – François Jarrige

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Le texte sur le site de Techniques et culture

Hier totalement disqualifié par l’utopie d’une société libérale et pacifiée, le sabotage fait aujourd’hui de nouveau parler de lui : des activistes, de plus en plus nombreux, s’efforcent d’enrayer la marche du monde en pratiquant la désobéissance civile et l’action directe, parfois illégalement. Les dégradations ponctuelles d’équipements servant au transport des humains, des matières et des informations s’accroissent (pipelines, caméras de surveillance, radars, antennes relais, infrastructures de transport, etc.), tandis que les pratiques de sabotage associées aux mouvements de grève réapparaissent (telles les coupures de courant effectuées par des électriciens de la Confédération générale du Travail (CGT) durant l’hiver 2019 lors des mobilisations qui ont accompagné l’élaboration de la loi sur les Retraites en France). Continuer la lecture de Sabotage, un essai d’archéologie au XIXe siècle – François Jarrige

L’argent des femmes – Jeanne Lazarus

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Lire le texte sur Cairn

L’argent fait l’objet de soupçons. Il corrompt, avilit, souille les sentiments, les choses ou les personnes qu’il achète, notamment la vertu des femmes. Si les femmes vénales sont supposées dangereuses, sinon sulfureuses, le fait même que les femmes soient propriétaires d’argent et l’utilisent selon leur bon vouloir inquiète le corps social. Même après que les restrictions juridiques ont disparu, les femmes possèdent moins d’argent que les hommes et s’en sentent des propriétaires moins légitimes[1]. Construit au fil du temps, en particulier par l’exégèse chrétienne de l’argent, le soupçon de la mise en équivalence des femmes, de leur corps, de leur travail et même de leur esprit, avec l’argent, laisse des traces sociales. Ces soupçons reposent sur une série de postulats : d’abord celui d’une pureté originelle des rapports sociaux sans échanges marchands ; ensuite celui d’un argent deus ex machina qui imposerait une rationalité calculatrice et marchande ; enfin celui d’une passivité de la sexualité féminine et d’une propriété sociale du corps des femmes. Continuer la lecture de L’argent des femmes – Jeanne Lazarus

Vierges guerrières et mères courage – Mercedes Yusta

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Lire le texte sur la page de la revue Clio sur OpenEdition

Les femmes communistes espagnoles reconstituèrent leur organisation en 1945, dans l’exil français, afin de mobiliser les réfugiées dans la résistance antifranquiste. Les figures d’héroïnes évoquées dans la revue Mujeres Antifascistas Españolas, tiennent une place importante dans la culture politique de ces femmes. Des récits, où réalité et fiction se mêlent, mettent en scène vierges guerrières et mères héroïques. Si l’héroïsation individuelle ou collective (les treize roses de Madrid) confine parfois au mythe, sans remettre en cause le système traditionnel de genre, elle permet d’inscrire ces héroïnes dans l’histoire de l’Espagne et dans la mémoire collective des opposants au régime du général Franco. Continuer la lecture de Vierges guerrières et mères courage – Mercedes Yusta

De la théosophie à l’anthroposophie – Jean-Baptiste Malet

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Les articles sur le Monde Diplomatique La Société théosophique, ou le myther de « l’insurrection des consicences »L’anthroposophie, discrète multinationale de l’ésotérisme

La Société théosophique, ou le mythe de « l’insurrection des consciences »

Jean-Baptiste Malet – le Monde Diplomatique – Juillet 2018

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Fondée en 1875 à New York par Helena Petrovna Blavatsky (1831-1891) et le colonel Henry Steel Olcott (1832-1907), la Société théosophique nait d’une rencontre originale entre spiritisme, bouddhisme et hindouisme. Blavatsky, qui affirme être capable de communiquer avec l’au-delà, accomplit tout au long de sa vie de nombreux voyages d’études afin de rencontrer chamans, rebouteux, yogis et autres « maitres de sagesse ». Forte de son érudition, elle en publie la somme et crée la Société théosophique, ayant pour objet la formation d’une « fraternité universelle » destinée à tous ceux qui souhaitent s’élever spirituellement et découvrir le « principe universel », racine supposée commune de toutes les religions.

En un quart de siècle, la Société théosophique multiplie ses branches et devient une Internationale de l’ésotérisme. « Nous avons trop tendance à ignorer la vogue que connurent l’occultisme, la nécromancie, la magie, la parapsychologie et les divers avatars du mysticisme oriental qui s’emparèrent de certains milieux occidentaux », écrit l’historien Eric J. Hobsbawm dans L’Ère des Empires (1875-1914). « Jamais depuis le début de l’époque romantique l’inconnu et l’inconnaissable ne devinrent aussi populaires. » Continuer la lecture de De la théosophie à l’anthroposophie – Jean-Baptiste Malet