Queer et xénophobie dans le nationalisme Indien postcolonial – Paola Bacchetta

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Le texte sur Cairn

De nos jours, un certain nombre d’études féministes, analysant de manière perspicace les nationalismes, l’Empire et la postcolonialité, ont attiré l’attention sur le genre et sur la sexualité. Cependant, presque toutes les recherches sur les nationalismes postcoloniaux du soi-disant ‘Tiers Monde’ continuent à partir du principe que l’hétérosexualité universalisée sous-tend et maintient ce genre de formations. Cet article cherche à créer un espace dans lequel examiner la place occupée par le genre et par la sexualité queer dans les formations nationalistes postcoloniales. Certaines des propositions avancées dans ce travail auront peut-être une résonance au-delà de son contexte empirique immédiat.

Dans le cadre de mes réflexions sur le genre et sur la sexualité queer au sein du nationalisme postcolonial, je me concentre ici de manière spécifique sur un nationalisme de droite, le nationalisme hindou en Inde. Contrairement au nationalisme indien (le nationalisme officiel de l’Inde) qui est pluraliste et inclut comme citoyen·ne·s les Indien·ne·s de toutes confessions, le nationalisme hindou cherche à éliminer du corps civique indien toutes les personnes qui ne sont pas hindoues. Le nationalisme hindou exclurait avant tout les musulman·e·s indien·ne·s, mais également les sikh·e·s indien·ne·s, les bouddhistes indien·ne·s, les parsi·e·s indien·ne·s, les jain·ne·s indien·ne·s, les chrétien·ne·s indien·ne·s, les juifs et juives indien·ne·s, etc., ainsi que les hindou·e·s qui ne se conforment pas à la définition de l’hindouisme fixée par le nationalisme hindou. Continuer la lecture de Queer et xénophobie dans le nationalisme Indien postcolonial – Paola Bacchetta

Vous avez dit skinhead ? – Olivier Pironet

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Vieux de plus d’un demi-siècle, le mouvement skinhead souffre d’une mauvaise réputation. Ne l’assimile-t-on pas, spontanément, au racisme ou à l’ultraviolence ? Son vrai visage, inséparable de la musique jamaïquaine et du punk, est pourtant bien différent de l’image qui lui colle à la peau. Celle-ci s’explique à la fois par les récupérations de l’extrême droite et par les fantasmes des grands médias.

L’été 1967 ne fut pas forcément pour tout le monde la saison de l’amour et de la communion collective (Summer of love) chère aux hippies. Cette année-là, en marge de la vague psychédélique qui secoue les États-Unis puis l’Europe, sous le signe du Flower Power, le phénomène skinhead fait son apparition au Royaume-Uni[1]. Ce nouveau mouvement est le fruit de la rencontre entre deux communautés, celle des hard mods (« mods radicaux ») et des rude boys (ou rudies, « mauvais garçons »). Les premiers, enfants d’ouvriers, représentent la frange prolétaire des modernistes (mods), un courant culturel né à la fin des années 1950 parmi la petite classe moyenne britannique férue de musiques afro-américaines ; les seconds, issus des ghettos, sont de jeunes immigrés jamaïquains habitués des sound systems à la sauce caribéenne, que fréquentent également les hard mods. Peu politisés, les skinheads ont en commun la passion du ska, du rocksteady et du early reggae inventés à Kingston[2], l’attachement aux valeurs ouvrières, le goût des rixes et le rejet de la contre-culture hippie, qu’ils jugent trop bourgeoise, loin de leur univers empreint de violence sociale. Continuer la lecture de Vous avez dit skinhead ? – Olivier Pironet

Invisible pénibilité du travail féminin – Cécile Andrzejewski

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Texte et photos sur le site du monde diplomatique

Texte de la brochure :

Quand elle a appris qu’elle devait arrêter de travailler, Mme Béatrice Boulanger, aide à domicile, en a pleuré : « Je les aimais bien, mes mamies et mes papys », explique-t-elle en souriant. En ce samedi matin ensoleillé, dans le Pas-de-Calais, elle a d’abord pris le temps de servir le thé, qu’elle touille en énumérant ses soucis : une prothèse d’épaule, de l’omarthrose (usure du cartilage de l’articulation de l’épaule), un rétrécissement du rachis cervical, de l’arthrose cervicale et une rhizarthrose (arthrose de la base du pouce). « Tous mes problèmes de santé viennent des charges que j’ai dû soulever, c’est le chirurgien qui me l’a dit. » Le praticien lui a également confié qu’elle avait « un corps de vieillard », à 52 ans. Continuer la lecture de Invisible pénibilité du travail féminin – Cécile Andrzejewski

Voyage au bout de l’indépendance – Benoît Godin

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Texte de la brochure :

Bien que située aux antipodes de l’Hexagone, la Nouvelle-Calédonie demeure une « possession » française, pour reprendre le terme officiel de 1853. Mais pour combien de temps encore ? Fin 2018, un premier référendum a montré que la revendication indépendantiste était toujours bien vivante, portée par l’immense majorité des Kanak, peuple premier de l’archipel, mais aussi par une part grandissante des autres communautés. En France métropolitaine, leur combat peine à retrouver visibilité et soutien, alors même qu’un second vote se tiendra en septembre. Et que l’indépendance paraît plus accessible que jamais. Analyse (anticoloniale) de situation, nourrie d’échanges avec le sociologue kanak Jone Passa. Continuer la lecture de Voyage au bout de l’indépendance – Benoît Godin

Blade Runner ou l’importance du design après l’apocalypse – Vulture

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Texte de la brochure :

Difficile de ne pas remarquer la sortie d’un nouveau Blade Runner. L’intensité de la promotion publicitaire du film laisse supposer qu’il contient quelques visions chères à l’époque. Difficile aussi de résister à l’envie de le mesurer à l’ancien. Les sequels sont une invitation à la comparaison. Comparons donc. Mais faisons l’impasse sur la narration, le jeu d’acteur, les singularités des deux œuvres, les hypothèses invérifiables et les chausse-trappes attendus. Intéressons-nous à l’arrière-plan qui se déploie derrière les personnages. Prenons ces deux films comme des visions, de simples machines à imaginer le futur. Comparons les en tant que telles : qu’est-ce qui a changé dans notre manière d’imaginer le futur ; et qu’est-ce que ces changements disent sur ce qui s’est passé entre 2017 et 1982 ? Continuer la lecture de Blade Runner ou l’importance du design après l’apocalypse – Vulture

La théorie de la Fiction-Panier – Ursula K. Le Guin

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Texte de la brochure :

Dans les régions tempérées et tropicales où les hominidés sont devenus des êtres humains, l’alimentation de ces espèces était principalement d’origine végétale. Au Paléolithique, au Néolithique et à l’époque préhistorique, entre 65 et 80 % de ce que mangeaient les êtres humains dans ces régions était cueilli ; la viande ne constituait l’alimentation de base que dans l’extrême Arctique. Les chasseurs de mammouth occupent certes de façon spectaculaire les grottes et les esprits, mais ce que nous devions réellement faire pour rester gras et vivant, c’était cueillir des graines, des racines, des bourgeons, des jeunes pousses, des feuilles, des noix, des baies, des fruits, et des céréales, auxquels s’ajoutaient la collecte d’insectes et de mollusques, ainsi que le piégeage d’oiseaux, de poissons, de rongeurs, de lapins et autre menu fretin sans défense afin d’augmenter les apports de protéines. Et nous n’avions même pas besoin d’y travailler dur – beaucoup moins durement en tout cas que des paysans asservis dans le champ d’un autre depuis l’invention de l’agriculture, beaucoup moins que des travailleurs salariés depuis l’invention de la civilisation. Un humain préhistorique moyen pouvait vivre bien en travaillant environ quinze heures par semaine. Continuer la lecture de La théorie de la Fiction-Panier – Ursula K. Le Guin

Cancer : l’art de ne pas regarder une épidémie – Célia Izoard

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Texte de la brochure :

Voilà un fait étonnant : on ne sait pas combien de cancers surviennent en France chaque année. Ce chiffre n’existe pas, il n’a pas été produit. On ne sait pas exactement combien de cancers surviennent, on ne sait pas où ils surviennent. Quand Santé publique France, l’agence de veille sanitaire, annonce, par exemple, 346 000 cas de cancers pour l’année 2015, il s’agit d’une estimation réalisée à partir des registres des cancers, qui couvrent entre 19 et 22 départements selon le cancer étudié, soit 22 % de la population. « Cette méthodologie, précise le dernier bilan publié en 2019, repose sur l’hypothèse que la zone géographique constituée par les registres est représentative de la France métropolitaine en termes d’incidence des cancers[1] Continuer la lecture de Cancer : l’art de ne pas regarder une épidémie – Célia Izoard

L’écoféminisme en question – Janet Biehl

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Texte de la brochure :

En 1991, l’essayiste étasunienne Janet Biehl faisait paraître son livre Rethinking Ecofeminist Politics : une critique résolue du mouvement écoféministe. Bien que consciente de la diversité des courants qui traversent ce dernier, l’autrice y perçoit un renoncement global à certains des idéaux du féminisme. Dans l’extrait que nous traduisons ici, Biehl dénonce tout particulièrement la réhabilitation de l’oikos — la maison —, du « foyer » et du « care » pour mieux louer la Cité, la chose publique, bref, la politique, entendue sous sa plume comme radicalement démocratique et écologique. Face à ce qu’elle perçoit comme des « replis mystiques régressifs » et un « dénigrement direct ou indirect de la raison », l’écologiste sociale enjoint à travailler à « un ensemble d’idées antihiérarchique, cohérent, rationnel et démocratique ». Continuer la lecture de L’écoféminisme en question – Janet Biehl

L’homme arabe, la France et les identités sexuelles – Todd Shepard, Thibaut Willems

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Lire le texte sur le site de Jef Klak

Texte de la brochure :

Si les Arabes sont une vieille obsession française, les visions fantasmées qui en ont découlé sont le fruit d’une longue histoire. Dans Mâle décolonisation (Payot, 2017) l’historien Todd Shepard revient sur le moment particulier qu’a constitué à cet égard l’après-guerre d’Algérie. Il y retrace comment, de 1962 à 1979, l’homme arabe est devenu en France une figure omniprésente dans les débats de société les plus divers, consubstantielle aux positions politiques de l’extrême droite comme de l’extrême gauche, et façonnant des mouvements de libération homosexuels et féministes. C’est à l’aune de l’étude de cette période unique que les formes contemporaines de racisme s’éclaircissent. Continuer la lecture de L’homme arabe, la France et les identités sexuelles – Todd Shepard, Thibaut Willems

Les 4 et 5 mai de Kanaky – Léopold Lambert

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Lire le texte sur le site d’Acta.zone

Texte de la brochure :

Le devoir de la nation colonisatrice de connaître le massacre d’Ouvéa et l’assassinat de Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné.

Aujourd’hui et demain, 4 et 5 mai 2020, nous commémorons deux anniversaires traumatiques en solidarité avec le peuple kanak. Il s’agit du 32ème anniversaire du massacre colonial de Gossanah, à Ouvéa, en Kanaky ainsi que du 31ème anniversaire de l’assassinat de Jean-Marie Tjibaou, Yeiwene Yeiwene, et de la mort de Djubelly Wea, leur assassin, également à Ouvéa. De notre côté, nous membres de la nation colonisatrice, nous souvenons généralement vaguement de ces deux drames sans nécessairement les associer au présent du pays mélanésien ni à la longue histoire des insurrections kanak et plus particulièrement à celle de 1984-1988 qui vit Kanaky plus proche que jamais de mettre fin au colonialisme français. Voici donc un court récit, par Léopold Lambert, pour permettre de se souvenir des 22 révolutionnaires kanak qui perdirent la vie au cours de ces événements d’une autre manière que celle d’une « prise d’otages qui a mal tourné » comme on l’entend trop souvent dans une lecture profondément apolitique de ce massacre. Continuer la lecture de Les 4 et 5 mai de Kanaky – Léopold Lambert