Vous avez dit skinhead ? – Olivier Pironet

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Vieux de plus d’un demi-siècle, le mouvement skinhead souffre d’une mauvaise réputation. Ne l’assimile-t-on pas, spontanément, au racisme ou à l’ultraviolence ? Son vrai visage, inséparable de la musique jamaïquaine et du punk, est pourtant bien différent de l’image qui lui colle à la peau. Celle-ci s’explique à la fois par les récupérations de l’extrême droite et par les fantasmes des grands médias.

L’été 1967 ne fut pas forcément pour tout le monde la saison de l’amour et de la communion collective (Summer of love) chère aux hippies. Cette année-là, en marge de la vague psychédélique qui secoue les États-Unis puis l’Europe, sous le signe du Flower Power, le phénomène skinhead fait son apparition au Royaume-Uni[1]. Ce nouveau mouvement est le fruit de la rencontre entre deux communautés, celle des hard mods (« mods radicaux ») et des rude boys (ou rudies, « mauvais garçons »). Les premiers, enfants d’ouvriers, représentent la frange prolétaire des modernistes (mods), un courant culturel né à la fin des années 1950 parmi la petite classe moyenne britannique férue de musiques afro-américaines ; les seconds, issus des ghettos, sont de jeunes immigrés jamaïquains habitués des sound systems à la sauce caribéenne, que fréquentent également les hard mods. Peu politisés, les skinheads ont en commun la passion du ska, du rocksteady et du early reggae inventés à Kingston[2], l’attachement aux valeurs ouvrières, le goût des rixes et le rejet de la contre-culture hippie, qu’ils jugent trop bourgeoise, loin de leur univers empreint de violence sociale. Continuer la lecture de Vous avez dit skinhead ? – Olivier Pironet