Scum manifesto – Valérie Solanas

Lien vers la brochure en pdf page par page : SCUM Manifesto
Lien vers la brochure en pdf format livret : SCUM Manifesto (livret)

Texte de la brochure :

Vivre dans cette société, c’est au mieux y mourir d’ennui. Rien dans cette société ne concerne les femmes. Alors, à toutes celles qui ont un brin de civisme, le sens des responsabilités et celui de la rigolade, il ne reste qu’à renverser le gouvernement, en finir avec l’argent, instaurer l’automation à tous les niveaux et supprimer le sexe masculin.

Grâce au progrès technique, on peut aujourd’hui reproduire la race humaine sans l’aide des hommes (ou d’ailleurs sans l’aide des femmes) et produire uniquement des femmes ; conserver le mâle n’a même pas la douteuse utilité de permettre la reproduction de l’espèce. Le mâle est un accident biologique ; le gène Y (mâle) n’est qu’un gène X (femelle) incomplet, une série incomplète de chromosomes. En d’autres termes, l’homme est une femme manquée, une fausse couche ambulante, un avorton congénital. Être homme c’est avoir quelque chose en moins, c’est avoir une sensibilité limitée. La virilité est une déficience organique, et les hommes sont des êtres affectivement infirmes. Continuer la lecture de Scum manifesto – Valérie Solanas

Guerre d’Espagne : la parole aux femmes – Suzana Arbiz & Maëlle Maugendre

Lien vers le texte sur le site de Ballast
Lien vers la prochure en pdf (page par page)
Lien vers la brochure en pdf (livret)

 

Les hommes montent au front et les femmes aident à l’arrière : l’image est ancrée dans les représentations collectives. Mais lorsque ces dernières prennent les armes et font usage de la violence — malmenant ainsi la répartition patriarcale des tâches et leur condition de victime —, l’Histoire bafouille et opte trop souvent pour l’amnésie. Susana Arbizu, documentariste, et Maëlle Maugendre, historienne, ont participé à l’ouvrage collectif Libertarias, paru en 2017 aux éditions Nada : il s’emploie à rendre compte de la « spécificité de l’engagement des femmes anarchistes espagnoles » lors de la guerre civile remportée par Franco. Parler d’histoire, c’est bien sûr questionner le présent : au mois de mai 2018, le studio DICE annonçait la sortie prochaine du cinquième opus du célèbre jeu vidéo « Battlefield » ; une polémique éclata : le personnage principal de cette aventure, prenant place durant la Seconde Guerre mondiale, étant… une femme.

 

Pourquoi l’Histoire est-elle toujours racontée au masculin ? Continuer la lecture de Guerre d’Espagne : la parole aux femmes – Suzana Arbiz & Maëlle Maugendre

Claudel-Louis – Magali Latry

Lien vers le texte sur le site de la revue En Marge
Lien vers la brochure en pdf (page par page)
Lien vers la brochure en pdf (format livret)

 

Le titre « Camille-Séraphine » aurait été plus compréhensible : en effet l’usage du prénom, et parfois du seul prénom, est de mise quand il s’agit d’évoquer des artistes femmes. Pour les artistes hommes au contraire, au siècle et dans le pays de ces deux artistes, c’est plutôt le seul nom de famille qui est utilisé. Afin de les rétablir dans leur statut d’artiste, elles seront ici Claudel et Louis, plutôt que Camille (Claudel) et Séraphine (Louis, qui signe parfois Louis-Maillard, noms de son père et de sa mère, dite Séraphine de Senlis).

Elles sont strictement contemporaines, naissant toutes les deux en 1864, Claudel mourant à l’asile d’aliénés de Montdevergues en 1943, Louis à l’asile de Clermont-de-l’Oise en 1942. Selon toute probabilité, elles sont toutes deux mortes de faim. Louis avait en outre un cancer du sein et un œdème des membres inférieurs, Claudel était fortement carencée mais son certificat de décès mentionne un ictus apoplectique. Continuer la lecture de Claudel-Louis – Magali Latry

Luttes d’hier, luttes d’aujourd’hui : conversations avec des féministes révolutionnaires — Charlène Calderaro

Lien vers l’article original sur le site Contretemps.
Lien vers le pdf page par page
Lien vers le pdf format brochure
Texte de la brochure :

À propos de l’ouvrage : Brenna Bhandar and Rafeef Ziadah (eds.), Revolutionary Feminisms. Conversations on Collective Action and Radical Thought. London, Verso, 2020.

Revolutionary Feminisms compile dix entretiens menés par Brenna Bhandar1 et Rafeef Ziadah2, avec des activistes et universitaires engagées dans les mouvements féministes antiracistes, anticapitalistes, marxistes, queer et anti-carcéraux. Elles ont pour point commun d’avoir toutes participé, dès les années 1960-70, à la construction de mouvements et de théories féministes ancrés dans la résistance anticoloniale, antiraciste et anticapitaliste, principalement au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Canada.

Sous forme de conversations, ces pages nous replongent dans l’histoire de la fondation de groupes et d’associations ayant joué un rôle de résistance clé, issues notamment du Black feminism – tels que l’OWAAD (Organisation of Women of African and Asian Descent) ou le Southall Black Sisters – et issues du féminisme marxiste, telle que la campagne Wages for Housework menée aux États-Unis et en Europe pour la reconnaissance du travail domestique.

Les mouvements féministes qu’aborde cet ouvrage ont également pour affinité de s’être formés en résistance à un mouvement féministe blanc et libéral. Brenna Bhandar et Rafeef Ziadah nous rappellent ces mots de Julia Sudbury, évoquant sa préférence pour le terme « womanist » au lieu de « feminist » :

« Le « womanism » est également symbolique de ma responsabilité envers une communauté de militantes noires pour lesquelles le terme « féministe » est associé aux luttes quotidiennes contre l’exclusion raciste des organisations de femmes blanches »3.

Continuer la lecture de Luttes d’hier, luttes d’aujourd’hui : conversations avec des féministes révolutionnaires — Charlène Calderaro

Le Franc CFA : une monnaie sur mesure pour le FMI et la France

Lien vers l’article original sur le site Agitations.net Partie 1, Partie 2.
Lien vers le pdf page par page
Lien vers le pdf format brochure
Texte de la brochure :

Première partie

Le Franc CFA est une monnaie coloniale. Créée le 25 décembre 1945 par le général De Gaulle, elle est utilisée aujourd’hui dans le but de satisfaire les intérêts financiers français en Afrique. Son existence lamine la souveraineté des États qui l’utilisent et permet à des institutions comme le Fonds Monétaire International (FMI) de soumettre les populations africaines.

Avant le 25 décembre 1945, le franc métropolitain circulait dans la majeure partie de l’empire colonial, même si l’apparence des billets et des pièces différait selon les instituts d’émission. A cette date, le décret numéro 45-0136, signé par le président du gouvernement provisoire, le général de Gaulle, le ministre des Finances René Pleven et le ministre des Colonies Jacques Soustelle, crée le franc des Colonies Françaises du Pacifique (CFP) et le franc des Colonies Françaises d’Afrique (CFA). Le franc CFA est désormais la monnaie de l’Afrique Occidentale Française (AOF, composée de la Mauritanie, du Sénégal, du Soudan français devenu le Mali, de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, du Niger, de la Haute-Volta devenue le Burkina Faso, du Dahomey devenu le Bénin et du Togo), de l’Afrique Équatoriale Française (AEF, composée du Gabon, du Moyen-Congo devenu République du Congo, de l’Oubangui-Chari devenu République Centrafricaine et du Tchad), du Cameroun, de la Côte française des Somalis devenue Djibouti, de Madagascar et de la Réunion. Continuer la lecture de Le Franc CFA : une monnaie sur mesure pour le FMI et la France

L’éradication des « abstractions talmudiques »: l’antisémitisme, la transmisogynie et le projet nazi — Joni Alizah Cohen

 

Lien vers l’article original sur le site de la revue Contretemps.
Lien vers le pdf page par page
Lien vers le pdf format brochure
Texte de la brochure :

Joni Alizah Cohen est étudiante chercheuse en féminisme marxiste, fondatrice d’Invert Journal et l’une des organisatrices de la Women’s Strike Assembly et de la Feminist Antifascist Assembly.

Cet article a été initialement publié sur le blog des éditions Verso et est issu d’une communication présentée au colloque Historical Materialism en novembre 2018. Il a été traduit de l’anglais par Sophie Coudray.

*

L’année 2018 a vu une large augmentation de la violence antisémite au niveau mondial, culminant avec le massacre de 11 juifs dans une synagogue de Pittsburgh en novembre. De la même façon, la violence à l’encontre des personnes trans, et des femmes trans non-blanches en particulier, a continué d’augmenter de façon exponentielle ; il y a, à présent, pour cette seule année, 368 meurtres reportés dans le monde. Cette année a également connu une attaque concertée contre les protections limitées dont bénéficient les personnes trans aux États-Unis, avec l’inauguration de plans visant à supprimer toute possibilité de changement légal de genre ainsi que la suppression des mesures de protection contre le viol et la violence pour les personnes trans incarcérées. Cela se couple à une résurgence des politiques nationales-socialistes et fascistes dans le monde entier, ce qui rend de plus en plus urgent la compréhension des logiques qui gouvernent la pensée, l’action et les politiques fascistes de manière à mieux les combattre et à éviter leur influence rampante dans nos vies quotidiennes. Continuer la lecture de L’éradication des « abstractions talmudiques »: l’antisémitisme, la transmisogynie et le projet nazi — Joni Alizah Cohen

Vous avez dit skinhead ? – Olivier Pironet

Lien vers la brochure en pdf : Vous avez dit skinhead ?
Lien vers la brochure en pdf format livret : Vous avez dit skinhead ? (livret)
Lien vers le texte sur le site du Monde diplomatique

Vieux de plus d’un demi-siècle, le mouvement skinhead souffre d’une mauvaise réputation. Ne l’assimile-t-on pas, spontanément, au racisme ou à l’ultraviolence ? Son vrai visage, inséparable de la musique jamaïquaine et du punk, est pourtant bien différent de l’image qui lui colle à la peau. Celle-ci s’explique à la fois par les récupérations de l’extrême droite et par les fantasmes des grands médias.

L’été 1967 ne fut pas forcément pour tout le monde la saison de l’amour et de la communion collective (Summer of love) chère aux hippies. Cette année-là, en marge de la vague psychédélique qui secoue les États-Unis puis l’Europe, sous le signe du Flower Power, le phénomène skinhead fait son apparition au Royaume-Uni[1]. Ce nouveau mouvement est le fruit de la rencontre entre deux communautés, celle des hard mods (« mods radicaux ») et des rude boys (ou rudies, « mauvais garçons »). Les premiers, enfants d’ouvriers, représentent la frange prolétaire des modernistes (mods), un courant culturel né à la fin des années 1950 parmi la petite classe moyenne britannique férue de musiques afro-américaines ; les seconds, issus des ghettos, sont de jeunes immigrés jamaïquains habitués des sound systems à la sauce caribéenne, que fréquentent également les hard mods. Peu politisés, les skinheads ont en commun la passion du ska, du rocksteady et du early reggae inventés à Kingston[2], l’attachement aux valeurs ouvrières, le goût des rixes et le rejet de la contre-culture hippie, qu’ils jugent trop bourgeoise, loin de leur univers empreint de violence sociale. Continuer la lecture de Vous avez dit skinhead ? – Olivier Pironet

La théorie de la Fiction-Panier – Ursula K. Le Guin

Lien vers la brochure en pdf : La théorie de la Fiction-Panier

La brochure en format cahier : la théorie de la Fiction-Panier brochure

Lire le texte sur le site de Terrestres

Texte de la brochure :

Dans les régions tempérées et tropicales où les hominidés sont devenus des êtres humains, l’alimentation de ces espèces était principalement d’origine végétale. Au Paléolithique, au Néolithique et à l’époque préhistorique, entre 65 et 80 % de ce que mangeaient les êtres humains dans ces régions était cueilli ; la viande ne constituait l’alimentation de base que dans l’extrême Arctique. Les chasseurs de mammouth occupent certes de façon spectaculaire les grottes et les esprits, mais ce que nous devions réellement faire pour rester gras et vivant, c’était cueillir des graines, des racines, des bourgeons, des jeunes pousses, des feuilles, des noix, des baies, des fruits, et des céréales, auxquels s’ajoutaient la collecte d’insectes et de mollusques, ainsi que le piégeage d’oiseaux, de poissons, de rongeurs, de lapins et autre menu fretin sans défense afin d’augmenter les apports de protéines. Et nous n’avions même pas besoin d’y travailler dur – beaucoup moins durement en tout cas que des paysans asservis dans le champ d’un autre depuis l’invention de l’agriculture, beaucoup moins que des travailleurs salariés depuis l’invention de la civilisation. Un humain préhistorique moyen pouvait vivre bien en travaillant environ quinze heures par semaine. Continuer la lecture de La théorie de la Fiction-Panier – Ursula K. Le Guin

L’homme arabe, la France et les identités sexuelles – Todd Shepard, Thibaut Willems

Lien vers la brochure en pdf : L’homme arabe, la France et les identités sexuelles

Lire le texte sur le site de Jef Klak

Texte de la brochure :

Si les Arabes sont une vieille obsession française, les visions fantasmées qui en ont découlé sont le fruit d’une longue histoire. Dans Mâle décolonisation (Payot, 2017) l’historien Todd Shepard revient sur le moment particulier qu’a constitué à cet égard l’après-guerre d’Algérie. Il y retrace comment, de 1962 à 1979, l’homme arabe est devenu en France une figure omniprésente dans les débats de société les plus divers, consubstantielle aux positions politiques de l’extrême droite comme de l’extrême gauche, et façonnant des mouvements de libération homosexuels et féministes. C’est à l’aune de l’étude de cette période unique que les formes contemporaines de racisme s’éclaircissent. Continuer la lecture de L’homme arabe, la France et les identités sexuelles – Todd Shepard, Thibaut Willems

Les 4 et 5 mai de Kanaky – Léopold Lambert

Lien vers la brochure en pdf : Les 4 et 5 mai de Kanaky

Lire le texte sur le site d’Acta.zone

Texte de la brochure :

Le devoir de la nation colonisatrice de connaître le massacre d’Ouvéa et l’assassinat de Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné.

Aujourd’hui et demain, 4 et 5 mai 2020, nous commémorons deux anniversaires traumatiques en solidarité avec le peuple kanak. Il s’agit du 32ème anniversaire du massacre colonial de Gossanah, à Ouvéa, en Kanaky ainsi que du 31ème anniversaire de l’assassinat de Jean-Marie Tjibaou, Yeiwene Yeiwene, et de la mort de Djubelly Wea, leur assassin, également à Ouvéa. De notre côté, nous membres de la nation colonisatrice, nous souvenons généralement vaguement de ces deux drames sans nécessairement les associer au présent du pays mélanésien ni à la longue histoire des insurrections kanak et plus particulièrement à celle de 1984-1988 qui vit Kanaky plus proche que jamais de mettre fin au colonialisme français. Voici donc un court récit, par Léopold Lambert, pour permettre de se souvenir des 22 révolutionnaires kanak qui perdirent la vie au cours de ces événements d’une autre manière que celle d’une « prise d’otages qui a mal tourné » comme on l’entend trop souvent dans une lecture profondément apolitique de ce massacre. Continuer la lecture de Les 4 et 5 mai de Kanaky – Léopold Lambert