La radicalité politique du Théâtre de l’opprimé – Sophie Coudray

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Le théâtre de l’opprimé, plus souvent pensé sous la forme du théâtre-forum, est devenu l’un des passages obligés des mouvements sociaux, et même, au-delà, des happening soi-disant participatifs sous l’égide des entreprises ou des subventions publiques. À l’opposé de ses objectifs initiaux, nés du théâtre populaire brésilien et de ses apories, le théâtre de l’opprimé a été éreinté par des formes qui tiennent davantage de la communion (militante) ou du travail social. Dans cet article polémique, Sophie Coudray retrace la généalogie du théâtre de l’opprimé et relativise la place qu’a fini par y prendre le « forum », ces représentations publiques où les spectateurs sont invités à intervenir dans une scène d’oppression jouée par les acteurs. La poétique de l’opprimé est en grande partie hostile à la forme spectaculaire ; c’est une poétique de l’atelier, de l’expérimentation, du processus plutôt que du produit achevé, exposable, commercialisable. Boal propose une méthode générale de transmission des techniques théâtrales à l’usage des subalternes, pour se réapproprier le temps de la pensée et l’espace d’expression des corps. Là réside toute la radicalité de ce théâtre : refuser le spectacle pour s’exercer à la politique. Continuer la lecture de La radicalité politique du Théâtre de l’opprimé – Sophie Coudray

Blade Runner ou l’importance du design après l’apocalypse – Vulture

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Texte de la brochure :

Difficile de ne pas remarquer la sortie d’un nouveau Blade Runner. L’intensité de la promotion publicitaire du film laisse supposer qu’il contient quelques visions chères à l’époque. Difficile aussi de résister à l’envie de le mesurer à l’ancien. Les sequels sont une invitation à la comparaison. Comparons donc. Mais faisons l’impasse sur la narration, le jeu d’acteur, les singularités des deux œuvres, les hypothèses invérifiables et les chausse-trappes attendus. Intéressons-nous à l’arrière-plan qui se déploie derrière les personnages. Prenons ces deux films comme des visions, de simples machines à imaginer le futur. Comparons les en tant que telles : qu’est-ce qui a changé dans notre manière d’imaginer le futur ; et qu’est-ce que ces changements disent sur ce qui s’est passé entre 2017 et 1982 ? Continuer la lecture de Blade Runner ou l’importance du design après l’apocalypse – Vulture

La théorie de la Fiction-Panier – Ursula K. Le Guin

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Texte de la brochure :

Dans les régions tempérées et tropicales où les hominidés sont devenus des êtres humains, l’alimentation de ces espèces était principalement d’origine végétale. Au Paléolithique, au Néolithique et à l’époque préhistorique, entre 65 et 80 % de ce que mangeaient les êtres humains dans ces régions était cueilli ; la viande ne constituait l’alimentation de base que dans l’extrême Arctique. Les chasseurs de mammouth occupent certes de façon spectaculaire les grottes et les esprits, mais ce que nous devions réellement faire pour rester gras et vivant, c’était cueillir des graines, des racines, des bourgeons, des jeunes pousses, des feuilles, des noix, des baies, des fruits, et des céréales, auxquels s’ajoutaient la collecte d’insectes et de mollusques, ainsi que le piégeage d’oiseaux, de poissons, de rongeurs, de lapins et autre menu fretin sans défense afin d’augmenter les apports de protéines. Et nous n’avions même pas besoin d’y travailler dur – beaucoup moins durement en tout cas que des paysans asservis dans le champ d’un autre depuis l’invention de l’agriculture, beaucoup moins que des travailleurs salariés depuis l’invention de la civilisation. Un humain préhistorique moyen pouvait vivre bien en travaillant environ quinze heures par semaine. Continuer la lecture de La théorie de la Fiction-Panier – Ursula K. Le Guin

Peut-on « séparer la femme de l’artiste » ? – Aurore Turbiau

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Texte de la brochure :

On entend beaucoup dire en ce moment, en sinistre contexte, qu’il faut « séparer l’homme de l’artiste » : par là, on entend en principe défendre l’idée que les œuvres d’art ou les productions culturelles doivent être appréciées indépendamment du jugement que l’on porte sur leurs auteurs, afin de garantir à notre évaluation esthétique son impartialité et son objectivité. On demande alors de juger l’œuvre, surtout pas l’homme qui l’a produite, et celui-là est censé disparaître derrière sa réalisation – quand bien même il aurait été le premier à s’y être comparé[1] et même si c’est bien à lui qu’on donne des récompenses ensuite[2].

En littérature, le débat court depuis longtemps : sur ce site-même on en reparlait récemment à travers l’analyse des idées de Saint-Beuve[3]. C’est un grand classique de la critique littéraire que de se demander si on doit ou non s’intéresser aux biographies des écrivain·es pour juger leurs textes – Sainte-Beuve jugeait que oui et le mettait largement en pratique, Proust en réponse prônait la distinction entre le « moi social » et le « moi profond » de la personne qui écrit. Cette opposition, en réalité ne recouvre pas exactement celle qui propose de « séparer l’homme de l’artiste » mais a souvent été comprise ainsi. Vieilles idées, vieux débats sans fin : la réalité est toujours trop complexe pour être réduite à des schémas binaires.

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La droite extrême à l’assaut du livre – Ellen Salvi


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Texte de la brochure :

On pouvait penser le monde feutré de l’édition protégé de la droite extrême, mais ses thèmes de prédilection – le « déclin français », la « menace migratoire » ou le « danger de l’islam » – se sont emparés des livres. Non seulement chez des petits éditeurs engagés dans la droite radicale, qui font florès, mais au cœur même des grandes maisons, sans attaches idéologiques particulières, qui n’ont plus de scrupule à faire paraître ce qui serait, il y a peu, resté confiné dans leurs marges. Ce glissement généralisé trouve sa source dans un phénomène qui n’a fait qu’empirer depuis deux décennies : la concentration capitalistique et l’abandon des postes clés de l’édition à des gestionnaires, que la recherche de profit pousse à publier des auteurs identitaires et réactionnaires – comme Laurent Obertone, Éric Zemmour, Robert Ménard ou Richard Millet –, en flattant l’air du temps pour accéder au classement des meilleurs ventes.

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C’est une histoire germanopratine[1] qui aurait pu rester confinée aux murs du Café de Flore si elle n’était pas révélatrice d’un mouvement intellectuel profond. Début mars, l’éditeur et écrivain Richard Millet se confie au Point[2] pour dénoncer le « Système » – avec un grand « S » – dont il se dit victime. Tout juste convoqué par Gallimard pour un entretien préalable à un licenciement, celui que l’on surnomme le « faiseur de Goncourt » (il est à l’origine des Bienveillantes de Jonathan Littell et de L’Art français de la guerre d’Alexis Jenni, qui ont reçu le célèbre prix en 2006 et 2011) pense tenir entre ses mains l’illustration parfaite de ce qu’il dénonce depuis plusieurs années : le musellement, par la « gauche morale », de tous ceux qui ne vont pas dans le sens de la doxa. Parce qu’il a signé un texte au vitriol sur Maylis de Kerangal, auteure publiée chez Verticales, une filiale de Gallimard, sa maison d’édition le met à pied. Le couperet de l’entre-soi est tombé. Les apôtres de la bien-pensance ont encore frappé.

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Un amour de bibliothèque – Paul B. Préciado

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Texte de la brochure :

Chaque fois que le mois de septembre commence, une main cosmique et bienveillante met une sourdine sur le soleil et pousse une vague de vent froid depuis les fjords du nord qui tôt ou tard frappe la ville et entraîne au moins une petite partie de l’air qui nous étouffe. Septembre est un bon mois, c’est le moment où les nouveaux livres, comme des chiots nés au début de l’été, sortent pour la première fois jouer sur la place publique, avec leurs coussinets doux et leur dos brillant. Les librairies se remplissent de ces corps inconnus. Certains arriveront dans les maisons, feront partie d’une bibliothèque, s’allongeront sur les tables de chevet, et même rentreront dans des lits étrangers. Les livres sont, comme les virus, des entités intermédiaires entre l’objet et l’être vivant. Continuer la lecture de Un amour de bibliothèque – Paul B. Préciado

Une enfance gabonaise – Anonyme

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Texte de la brochure

Texte inédit pour le site de Ballast

Une grande enveloppe kraft tachetée : dessus, on peut lire « Courrier intérieur ». Ballottée ici et là au fil des ans. Un manuscrit s’y trouve, inachevé, parfois annoté et raturé. C’est un texte écrit par une femme originaire du Gabon, fille d’un menuisier gabonais et d’une Normande qui s’étaient rencontrés dans les années 1950. C’est le récit de son enfance, et l’on y croise la saison des pluies, un coup d’État et un amour malmené. L’enveloppe n’a pour ainsi dire jamais été ouverte et son auteure a disparu, sans terminer son ouvrage, il y a une décennie de cela. Il est rare que l’on écrive seulement pour soi ; peut-être fallait-il recopier un jour ces pages, du moins quelques-unes d’entre elles, pour d’inconnus destinataires.

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Le langage est politique – Maria Candea

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Texte de la brochure :

Maria Candea est enseignante-chercheuse en linguistique et sociolinguistique à l’université de Paris 3 (Sorbonne Nouvelle) et membre du comité de rédaction de la revue électronique GLAD ! — sous-titrée Recherche sur le langage, le genre et les sexualités. Pour cette chercheuse engagée, longtemps militante dans l’association féministe Mix-Cité, les convictions politiques sont parfaitement compatibles avec la recherche, à condition d’être réinterrogées en permanence. Quoi de plus normal que d’interroger politiquement un objet politique, le langage ? Oui, un objet politique, historique et social. Sait-on assez que le masculin ne l’a pas toujours emporté sur le féminin ? Que l’Académie française, qui assure décréter ce qu’est le « bon français », est pour l’essentiel composée d’absentéistes ? Que les citoyens ont un mot à dire sur les choix qui gouvernent notre orthographe ? Continuer la lecture de Le langage est politique – Maria Candea

Audre Lorde : le savoir des opprimées – Hourya Bentouhami

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Texte de la brochure :

Elle se disait poétesse, guerrière, socialiste et survivante d’un cancer du sein ; elle s’avançait contre la « haine virulente dirigée contre toutes les femmes, les personnes de couleur, les gays et les lesbiennes, les pauvres ». Née à New York en 1934, Audre Lorde est l’une des voix majeures de la pensée critique afro-américaine. Disparue en 1992 d’un second cancer, c’est une dizaine d’ouvrages, en prose comme en vers, qu’elle laisse derrière elle pour enjoindre, ou aider, à affronter le racisme, le sexisme, l’homophobie et le capitalisme. La philosophe Hourya Bentouhami revient ici sur l’œuvre de l’auteure, une œuvre qui revendiquait la colère, l’expérience vécue et la différence, et esquisse les conditions d’une politique de l’alliance : reconnaître les oppressions spécifiques. Continuer la lecture de Audre Lorde : le savoir des opprimées – Hourya Bentouhami