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Le texte sur le site de la revue Stoff
Cette enquête empirique et théorique propose une critique de l’idée d’un « nouvel » antisémitisme en France étranger à l’antisémitisme historique. En replaçant l’antisémitisme dans le tissu des rapports sociaux actuels et passés, il s’agit de considérer les attaques de juifs en tant que juifs comme une forme spécifique de racialisation. Cela passe par une confrontation aux essais qui conçoivent l’antisémitisme de notre temps soit comme une révolte mal formulée, soit comme un anticapitalisme inabouti.
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Le meurtre de Mireille Knoll, suivi par la « marche blanche », contemporaine de la litanie raciste et conservatrice du « Manifeste contre le nouvel antisémitisme »[1], puis l’affaire Finkielkraut pendant une manifestation de gilets jaunes[2], ont été l’occasion de nouvelles instrumentalisations de la question de l’antisémitisme. Ces événements hyper médiatisés, sorte de catharsis de la bonne conscience bourgeoise, offrent l’occasion pour politiciens, intellectuels et représentants associatifs de faire valoir leur conception de l’identité française et de la République face à ces autres, ces barbares. C’est ainsi que, coupée de l’histoire effective de l’antisémitisme, la lutte contre celui-ci devient une marque d’intégration, un lieu de cristallisation de valeurs morales et politiques, y compris pour le Rassemblement National que l’on retrouve, farce de l’histoire, aux côtés des marcheurs. Ainsi instrumentalisé, l’antisémitisme devient dans ces discours et ces pratiques un moyen d’opposer les juifs français, intégrés et aimés par la République, à leurs « concitoyens musulmans », minoritaires non-intégrés, voire essentiellement incompatibles avec les valeurs « judéo-chrétiennes » de l’Europe. Cette mise en opposition des minoritaires produit des confusions politiques innombrables, notamment la nouvelle prétention à défendre les juifs de la part de leurs agresseurs historiques de longue date : la droite et l’extrême-droite. Continuer la lecture de Plus blanc que blanc ? Révolte et antisémitisme – stoff