L’alimentation, arme du genre – Tristan Fournier, Julie Jarty, Nathalie Lapeyre et Priscille Touraille

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Texte de la brochure :

À la mémoire de Nicole-Claude Mathieu

Ce dossier est le fruit d’une rencontre entre trois sociologues et une socio-anthropologue autour du constat suivant : un vide théorique caractérise le croisement des champs du genre et de l’alimentation dans le monde francophone. L’appel à contribution lancé en 2014 par le Journal des anthropologues avait pour objectif de sonder ce vide et de permettre l’émergence de questionnements inédits et de données susceptibles d’alimenter le peu d’études empiriques disponibles sur le sujet. Nous espérions, par cet appel, « essayer de savoir et de faire savoir ce que l’univers du savoir ne veut pas savoir », selon la formulation de Bourdieu (1997 : 14).

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Les arrières-pensées réactionnaires du sport – Frédéric Baillette

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Texte de la brochure :

Le sport est très souvent présenté par ses laudateurs et ses défenseurs comme un fait universel, un invariant culturel. Sous des formes certes changeantes, il aurait été pratiqué à toutes les époques et sous toutes les latitudes. Son omniprésence dans le temps et dans l’espace ne ferait aucun doute. Dans cette vision divine, mystique et quasiment céleste, le Sport transcenderait les hommes, il serait « de partout et de toujours », il apparaît, dès lors, comme une sorte d’entité supra-naturelle. Phénomène transhistorique, il serait également au-dessus des batailles politiques, des luttes de classe et des conflits armés. Il formerait un monde à part, une sorte de supra-nation, un « gouvernement universel ». Le sport, et plus particulièrement l’olympisme, cette « ONU sportive » (Jean-Marie Brohm), aurait ainsi une mission humanitaire à accomplir, une sainte croisade à mener : contribuer à la paix sur terre, établir et maintenir la cohésion et « la paix sociale » (De Coubertin), instaurer l’entente cordiale entre les hommes de bonne volonté (sportive), en les rassemblant, par-delà leurs convictions (religieuses ou politiques) et leurs origines (sociales ou raciales), autour d’une même ferveur religieuse (la passion du sport, la communion athlétique). Intrinsèquement neutre et politiquement correct, le sport œuvrerait essentiellement pour l’amitié, la réconciliation, l’harmonie sociale, la coexistence pacifique, bref, l’apaisement et la résolution de tous les conflits. Continuer la lecture de Les arrières-pensées réactionnaires du sport – Frédéric Baillette

L’utilisation des préjuges esthétiques comme redoutable outil de stigmatisation du juif – Claudine Sagaert

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Gustave Doré réalise en 1852, une gravure sur bois intitulée Le Juif errant. Elle représente un homme qui marche, un bâton à la main. Il est d’une maigreur extrême. Ses pieds sont disproportionnés. Une chevelure abondante sans frontière avec la barbe entoure un visage aux yeux mi-clos, au nez crochu et aux lèvres proéminentes. Sur son front une croix rouge est peinte. Continuer la lecture de L’utilisation des préjuges esthétiques comme redoutable outil de stigmatisation du juif – Claudine Sagaert

L’esprit ensorcelé – Fabrice Clément

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Introduction

Griffon, le sorcier au corbeau, engage une lutte à mort contre un sort jeté sur son client : il demande à la femme de son client de cuire un cœur de bœuf et d’y planter le plus d’épingles possible. La scène se déroule en Normandie, durant le dernier tiers du xxsiècle (Favret-Saada 1977). Sous le soleil brûlant de l’Arizona, un Navajo dissimule soigneusement ses excréments : ceux-ci pourraient permettre à un sorcier mal intentionné d’opérer une attaque foudroyante à son égard (Kluckhohn 1944). Pour contrer les attaques de ses adversaires, Din, guérisseur camerounais reconnu, a planté dans son jardin un njum bele. Cet arbrisseau est le plus efficace contre les attaques des sorciers ; dans la forêt, cet arbre fait en effet le vide autour de lui (Rosny 1981). Continuer la lecture de L’esprit ensorcelé – Fabrice Clément

Pour une anthropologie anarchiste – extraits – David Graeber

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Texte de la brochure :

La démocratie fondée sur le principe de majorité était essentiellement, à l’origine, une institution militaire.

L’idée que ce soit la seule forme démocratique qui compte comme «démocratie» est bien sûr un préjugé propre à l’historiographie occidentale. On apprend habituellement que la démocratie est née dans l’Athènes ancienne ; comme la science ou la philosophie, c’est une invention grecque. Ce que cela signifie n’est jamais tout à fait clair. Sommes-nous censés croire qu’avant les Athéniens, il n’est jamais vraiment arrivé à personne, nulle part, de réunir tous les membres de sa communauté, afin de prendre des décisions communes de façons à ce que chacun ait son mot à dire ? Ce serait absurde. Il est évident qu’il y a eu un grand nombre de sociétés égalitaires au cours de l’histoire — dont plusieurs étaient de loin plus égalitaires qu’Athènes et dont plusieurs ont dû exister avant 500 av. J.-C. — et, bien évidemment, elles devaient disposer d’une procédure quelconque pour prendre des décisions sur les questions importantes pour la collectivité. Et pourtant, pour une raison ou pour un autre, on présume toujours que ces procédures, quelles qu’elles soient, ne peuvent pas avoir été, à proprement parler, «démocratiques». Continuer la lecture de Pour une anthropologie anarchiste – extraits – David Graeber