Les arrières-pensées réactionnaires du sport – Frédéric Baillette

Lien vers la brochure en pdf : Les arrière-pensées réactionnaires du sport

Texte de la brochure :

Le sport est très souvent présenté par ses laudateurs et ses défenseurs comme un fait universel, un invariant culturel. Sous des formes certes changeantes, il aurait été pratiqué à toutes les époques et sous toutes les latitudes. Son omniprésence dans le temps et dans l’espace ne ferait aucun doute. Dans cette vision divine, mystique et quasiment céleste, le Sport transcenderait les hommes, il serait « de partout et de toujours », il apparaît, dès lors, comme une sorte d’entité supra-naturelle. Phénomène transhistorique, il serait également au-dessus des batailles politiques, des luttes de classe et des conflits armés. Il formerait un monde à part, une sorte de supra-nation, un « gouvernement universel ». Le sport, et plus particulièrement l’olympisme, cette « ONU sportive » (Jean-Marie Brohm), aurait ainsi une mission humanitaire à accomplir, une sainte croisade à mener : contribuer à la paix sur terre, établir et maintenir la cohésion et « la paix sociale » (De Coubertin), instaurer l’entente cordiale entre les hommes de bonne volonté (sportive), en les rassemblant, par-delà leurs convictions (religieuses ou politiques) et leurs origines (sociales ou raciales), autour d’une même ferveur religieuse (la passion du sport, la communion athlétique). Intrinsèquement neutre et politiquement correct, le sport œuvrerait essentiellement pour l’amitié, la réconciliation, l’harmonie sociale, la coexistence pacifique, bref, l’apaisement et la résolution de tous les conflits. Continuer la lecture de Les arrières-pensées réactionnaires du sport – Frédéric Baillette

L’utilisation des préjuges esthétiques comme redoutable outil de stigmatisation du juif – Claudine Sagaert

Lien vers la brochure en pdf : L’utilisation des préjugés esthétiques
La brochure en pdf format livret : L’utilisation des préjugés esthétiques_livret

Texte de la brochure :

Gustave Doré réalise en 1852, une gravure sur bois intitulée Le Juif errant. Elle représente un homme qui marche, un bâton à la main. Il est d’une maigreur extrême. Ses pieds sont disproportionnés. Une chevelure abondante sans frontière avec la barbe entoure un visage aux yeux mi-clos, au nez crochu et aux lèvres proéminentes. Sur son front une croix rouge est peinte. Continuer la lecture de L’utilisation des préjuges esthétiques comme redoutable outil de stigmatisation du juif – Claudine Sagaert

Anthropocène, Capitalocène, Plantationocène, Chthulucène – Donna Haraway

Lien vers la brochure en pdf : Anthropocène, Capitalocène, Plantationocène, Chthulucène

Texte de la brochure :

Il ne fait aucun doute que les processus anthropogéniques ont eu des effets planétaires, en inter/intra-actions avec d’autres processus et espèces, depuis qu’il est possible d’identifier comme telle notre espèce (une dizaine de milliers d’années) ; et l’impact de l’agriculture (apparue il y a quelques milliers d’années) fut considérable[1]. Or depuis le début, les plus grands terraformeurs (et réformateurs) de planètes ont été et sont toujours les bactéries et leurs proches, également en inter/intra-actions avec une myriade d’autres catégories d’êtres (y compris les peuples humains avec leurs pratiques, que celles-ci soient technologiques ou autres[2]. Comme beaucoup d’autres événements historiques révolutionnaires de nature écologique, l’envergure de la dispersion des graines de plantes des millions d’années avant l’agriculture humaine fut un fait nouveau dans l’évolution de la planète. Continuer la lecture de Anthropocène, Capitalocène, Plantationocène, Chthulucène – Donna Haraway

Le vrai visage de la reconnaissance faciale – La quadrature du net & Joy Buolamwini

Lien vers la brochure en pdf :Le vrai visage de la reconnaissance faciale

Texte de la brochure :

Le vrai visage de la reconnaissance faciale

La Quadrature du net – juin 2019

La Quadrature du Net est contre la reconnaissance faciale, d’accord : mais pourquoi ? Dès qu’on aborde le sujet en public, on voit se dessiner deux attitudes opposées. D’un côté, le solide bon sens qui ne voit pas pourquoi on se priverait de la possibilité d’identifier efficacement les criminels dans une foule, et pour qui tous les moyens sont bons, puisque la fin est juste. De l’autre côté, la peur réflexe devant cette technique de surveillance – souvent plus vive que devant d’autres techniques de surveillance pourtant très répandues – parce qu’elle est exploitée au cinéma comme outil d’un pouvoir policier totalitaire. C’est entre ces deux pôles, fantasme contre fantasme, qu’on peut essayer de comprendre les enjeux de la reconnaissance faciale. Continuer la lecture de Le vrai visage de la reconnaissance faciale – La quadrature du net & Joy Buolamwini

Un jour nous vaincrons – Zehra Doğan

Lien vers la brochure en pdf : Un jour nous vaincrons

Lire le texte sur Ballast

Texte de la brochure :

Le projet anticapitaliste porté par le mouvement révolutionnaire kurde reste méconnu — quand il n’est pas ignoré, y compris de la plupart des formations féministes et antiracistes européennes[1]. Il présente pourtant la singularité de placer l’émancipation des femmes au cœur de sa théorie et de sa pratique : « le principe fondamental du socialisme est de tuer le mâle dominant », c’est là son mot d’ordre le plus fameux. Zehra Doğan, 30 ans, est l’un de ses multiples visages. Née en Turquie, cette jeune artiste-peintre a été incarcérée en 2017. 600 jours de prison pour avoir réalisé un dessin évoquant la répression militaire du régime d’Erdoğan et diffusé le témoignage d’un enfant sur sa page Facebook. Sa correspondance avec la cofondatrice du magazine libertaire Kedistan a récemment paru aux Éditions des femmes : Nous aurons aussi de beaux joursNous en publions quelques extraits de notre choix.

 

Ballast Continuer la lecture de Un jour nous vaincrons – Zehra Doğan

Musique et contre-culture en Italie : la scène napolitaine – Giovanni Vacca

Lien vers la brochure en pdf : Musique et contre culture en italie
La brochure en pdf format livret : Musique et contre culture en italie_livret

Texte de la brochure :

la suite de la seconde guerre mondiale, après une période de 20 ans de fascisme, l’Italie s’est lentement ressaisie d’une vie démocratique. Toutefois, du point de vue culturel, seules les élites vivant dans les grandes villes comme Rome, Turin ou Milan avaient la possibilité de goûter pleinement à l’ouverture qu’avait apporté la démocratie. Le reste du pays était partagé entre une frange conservatrice et catholique, soutenant les chrétiens démocrates au pouvoir (DC) et le parti communiste italien, de loin le plus grand parti communiste d’Occident. Pendant les années 1960, l’Italie vécut un boom économique et devint un pays « riche » : la consommation et la production de masse s’étendirent considérablement tandis que la circulation d’idées et de produits culturels atteignit une intensité jamais connue auparavant. Le mode de vie à l’italienne, encore largement provincial dans de nombreux endroits fut totalement bouleversé par cette révolution (Ginsborg, 1999). Continuer la lecture de Musique et contre-culture en Italie : la scène napolitaine – Giovanni Vacca

Le langage est politique – Maria Candea

Lien vers la brochure en pdf : Le langage est politique

Lire le texte sur Ballast

Texte de la brochure :

Maria Candea est enseignante-chercheuse en linguistique et sociolinguistique à l’université de Paris 3 (Sorbonne Nouvelle) et membre du comité de rédaction de la revue électronique GLAD ! — sous-titrée Recherche sur le langage, le genre et les sexualités. Pour cette chercheuse engagée, longtemps militante dans l’association féministe Mix-Cité, les convictions politiques sont parfaitement compatibles avec la recherche, à condition d’être réinterrogées en permanence. Quoi de plus normal que d’interroger politiquement un objet politique, le langage ? Oui, un objet politique, historique et social. Sait-on assez que le masculin ne l’a pas toujours emporté sur le féminin ? Que l’Académie française, qui assure décréter ce qu’est le « bon français », est pour l’essentiel composée d’absentéistes ? Que les citoyens ont un mot à dire sur les choix qui gouvernent notre orthographe ? Continuer la lecture de Le langage est politique – Maria Candea

De la transparence des femmes – Colette Guillaumin

Lien vers la brochure en pdf : De la transparence des femmes

Texte de la brochure :

Vous vous rappelez, à l’école ? « Pousse-toi, ton père est pas vitrier ! Tu me caches la vue. » Eh bien si, apparemment nous avons été engendrées par des vitrières, transparentes nous sommes : on nous voit à travers, on pourrait même dire qu’on ne nous voit pas du tout. Dans nos métiers intellectuels, par exemple. On écrit, pas mal même… c’est normal, c’est notre métier. Mais le «hic» c’est que si tout le monde le sait, personne n’a l’air de s’en apercevoir. Voyez, l’autre jour, je lisais un livre très sérieux sur l’«agression», très bien fait ce livre, très bien appuyé, très bien argumenté et pas si mal. Au moins trois cents citations, et des auteurs les plus divers. Trois cents, ça n’est pas rien (c’était peut-être plus). Grâce à un si grand nombre de citations, j’ai tout de même pu trouver une femme citée dans le texte. Après tout, il n’y en a peut-être qu’une seule qui a travaillé là-dessus, c’est possible, tout est possible, moi je n’en sais rien et c’est un domaine où jusqu’ici je n’ai entendu parler que d’hommes ; ce n’est d’ailleurs pas étonnant, l’agression «naturelle» est bien une idée de dominant, de celui qui est du bon côté du manche dans un rapport social. Bref, j’ai quand même trouvé une femme. Alors, c’est normal, j’ai voulu savoir de quel livre ou article était tirée l’argumentation qu’on lui attribuait. Et je me suis reportée à l’appareil de notes final qui donne, pour tous les auteurs cités, les indications bibliographiques des citations, page par page. C’est très bien fait, très précis et très détaillé, avec titre, année, ville, éditeur, pages concernées, etc. : trois cents comme ça. Très bien fait, sauf que je n’y ai pas trouvé la femme en question, rien, aucune référence. Comme d’habitude.

Continuer la lecture de De la transparence des femmes – Colette Guillaumin

L’homophobie vient-elle (vraiment, et seulement) d’en bas ? – Sylvie Tissot

Lien vers la brochure en pdf : L’homophobie vient-elle (vraiment, et seulement) d’en bas ?

Lire le texte sur Les Mots Sont Importants

Texte de la brochure :

Il existe aujourd’hui une condamnation officielle de l’homophobie, et une politique de reconnaissance de l’homosexualité – à travers notamment la légalisation du mariage des couples de même sexe. Cette gayfriendliness institutionnelle résulte en bonne partie de la pression des mouvements sociaux, mais elle a aussi été entérinée et organisée à des fins de diversion – et de stigmatisation parfois explicite des « autres », présentés comme homophobes : les classes populaires, les minorités racisées et le « monde musulman ». C’est ce qu’ont montré plusieurs travaux consacrés à l’« homonationalisme » – terme forgé pour critiquer ces opérations politiques menées au nom du progressisme. Plusieurs réponses ont déjà été apportées pour les contrer, certaines allant malheureusement jusqu’à disqualifier toute lutte contre l’homophobie et toute demande d’égalité des droits (et notamment des droits d’accès au mariage et à l’adoption) au nom du supposé impérialisme, du supposé racisme ou du supposé mépris de classe dont elles seraient nécessairement, comme par essence, entachées. C’est un angle d’analyse très différent que nous proposons ici. Dans son livre Gayfriendly. Acceptation et contrôle de l’homosexualité à Paris et à New York qu’elle présentera le 21 mai à 19h30 à Bonjour Madame[1], Sylvie Tissot propose un détour par la gayfriendliness revendiquée par des hétérosexuels fortunés et cultivés, pour en dégager les caractéristiques bien particulières, ainsi que les importantes limites. Le texte qui suit, et qui en est extrait, analyse et déconstruit l’autorité morale dont les habitants de quartiers gentrifiés s’investissent eux-mêmes, par le biais notamment d’une dénonciation vertueuse de certains lieux et de certaines populations. Continuer la lecture de L’homophobie vient-elle (vraiment, et seulement) d’en bas ? – Sylvie Tissot

Les femmes dans les luttes anti-carcérales – Clara Wichmann, Marie Ganz, Neal Shirley & Saralee Stafford

Lien vers la brochure en pdf : Les femmes dans les luttes anti-carcérales

Texte de la brochure :

Ces trois textes traitent des femmes dans les luttes contre la prison de points de vue très différents.

Clara Wichmann est juriste de formation et son approche est d’abord théorique. On peut tout de même signaler que son compagnon, Jo Meijer, a été emprisonné pour avoir refusé de servir durant la première guerre mondiale.

Le témoignage de Marie Ganz, issu de son autobiographie Rebels! Into Anarchy – and out again relève de son expérience personnelle. Dans son récit, elle décrit de façon sensible les effets du contrôle du quotidien sur les détenues et les liens de solidarité qu’elles arrivent à établir malgré tout.

Le dernier texte est un extrait du chapitre « We Asked for Life » de Dixie Be Damned : 300 years of Insurrection in the American South (AK Press, 2015). Neal Shirley et Saralee Stafford y reconstruisent la révolte des détenues du centre correctionnel pour femmes de Caroline du Nord pour l’inscrire plus largement dans une historiographie anarchiste du Sud des États-Unis.

Continuer la lecture de Les femmes dans les luttes anti-carcérales – Clara Wichmann, Marie Ganz, Neal Shirley & Saralee Stafford