Editer les marxismes et les sciences sociales pour armer les luttes – Alexis Cukier, Noémie Brun et Clara Laspalas

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Alors que s’est récemment finie la campagne de dons pour sauver les Éditions sociales et La Dispute et leur permettre de se développer[1], la rédaction de Contretemps a souhaité leur donner la parole, pour nous en dire plus sur les raisons de cette initiative mais aussi sur l’histoire, les lignes et les activités des deux maisons d’édition.

Dans cet entretien avec trois membres de l’équipe éditoriale et de gestion, Clara Laspalas et Noémie Brun (éditrices, aux côtés de Marina Simonin) et Alexis Cukier (philosophe qui contribue bénévolement à la coordination éditoriale), il est donc question notamment des conditions matérielles de l’édition critique indépendante, du slogan « Make marxisms great again » et plus particulièrement des collections GEME et Découvrir des Éditions sociales.

On y aborde également la ligne éditoriale de La Dispute et notamment des collections « Le genre du Monde » et « Travail et salariat », ainsi que des rapports entre marxisme et sciences sociales critiques. Au final, il s’agit aussi de faire mieux connaître le travail d’édition, et d’en comprendre les spécificités quand ce travail est conçu pour armer les luttes et contribuer à l’émancipation.  Continuer la lecture de Editer les marxismes et les sciences sociales pour armer les luttes – Alexis Cukier, Noémie Brun et Clara Laspalas

La radicalité politique du Théâtre de l’opprimé – Sophie Coudray

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Le théâtre de l’opprimé, plus souvent pensé sous la forme du théâtre-forum, est devenu l’un des passages obligés des mouvements sociaux, et même, au-delà, des happening soi-disant participatifs sous l’égide des entreprises ou des subventions publiques. À l’opposé de ses objectifs initiaux, nés du théâtre populaire brésilien et de ses apories, le théâtre de l’opprimé a été éreinté par des formes qui tiennent davantage de la communion (militante) ou du travail social. Dans cet article polémique, Sophie Coudray retrace la généalogie du théâtre de l’opprimé et relativise la place qu’a fini par y prendre le « forum », ces représentations publiques où les spectateurs sont invités à intervenir dans une scène d’oppression jouée par les acteurs. La poétique de l’opprimé est en grande partie hostile à la forme spectaculaire ; c’est une poétique de l’atelier, de l’expérimentation, du processus plutôt que du produit achevé, exposable, commercialisable. Boal propose une méthode générale de transmission des techniques théâtrales à l’usage des subalternes, pour se réapproprier le temps de la pensée et l’espace d’expression des corps. Là réside toute la radicalité de ce théâtre : refuser le spectacle pour s’exercer à la politique. Continuer la lecture de La radicalité politique du Théâtre de l’opprimé – Sophie Coudray

L’éradication des « abstractions talmudiques »: l’antisémitisme, la transmisogynie et le projet nazi — Joni Alizah Cohen

 

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Texte de la brochure :

Joni Alizah Cohen est étudiante chercheuse en féminisme marxiste, fondatrice d’Invert Journal et l’une des organisatrices de la Women’s Strike Assembly et de la Feminist Antifascist Assembly.

Cet article a été initialement publié sur le blog des éditions Verso et est issu d’une communication présentée au colloque Historical Materialism en novembre 2018. Il a été traduit de l’anglais par Sophie Coudray.

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L’année 2018 a vu une large augmentation de la violence antisémite au niveau mondial, culminant avec le massacre de 11 juifs dans une synagogue de Pittsburgh en novembre. De la même façon, la violence à l’encontre des personnes trans, et des femmes trans non-blanches en particulier, a continué d’augmenter de façon exponentielle ; il y a, à présent, pour cette seule année, 368 meurtres reportés dans le monde. Cette année a également connu une attaque concertée contre les protections limitées dont bénéficient les personnes trans aux États-Unis, avec l’inauguration de plans visant à supprimer toute possibilité de changement légal de genre ainsi que la suppression des mesures de protection contre le viol et la violence pour les personnes trans incarcérées. Cela se couple à une résurgence des politiques nationales-socialistes et fascistes dans le monde entier, ce qui rend de plus en plus urgent la compréhension des logiques qui gouvernent la pensée, l’action et les politiques fascistes de manière à mieux les combattre et à éviter leur influence rampante dans nos vies quotidiennes. Continuer la lecture de L’éradication des « abstractions talmudiques »: l’antisémitisme, la transmisogynie et le projet nazi — Joni Alizah Cohen

Théorisation de l’accumulation primitive dans L’Impérialisme et dans La condition de l’homme moderne : Hannah Arendt, lectrice de Rosa Luxemburg — Laura Aristizabal Arango

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Texte de la brochure :

L’évidence d’un héritage

En 1948, paraît L’Impérialisme, deuxième tome des Origines du totalitarisme dans lequel Arendt étudie les causes et les mécanismes de la politique impérialiste européenne de la fin du 19e siècle en tant qu’elle constitue à ses yeux, au même titre que l’antisémitisme, l’un des éléments structurels du totalitarisme. Les études qui portent sur ce tome des Origines du totalitarisme ont relevé qu’Arendt construit son étude de l’impérialisme en héritant des thèses que Rosa Luxemburg avance dans L’accumulation du capital (1913) à propos de l’accumulation primitive du capital. Cette évidence vient des textes mêmes d’Arendt : non seulement dans L’Impérialisme Arendt mentionne les « brillantes recherches de Luxemburg à propos de la structure politique de l’impérialisme » mais, en outre, en 1966, Arendt consacre un texte-hommage à Rosa Luxemburg, dans lequel elle affirme, contre les critiques marxistes « orthodoxes » de Luxemburg, que L’accumulation du capital était une « description éminemment fidèle des choses telles qu’elles se produisaient en réalité ». Par la suite, de nombreux·ses commentateur·rices ont rappelé la dette d’Arendt vis-à-vis de la compréhension luxemburgienne de l’accumulation primitive. Pour n’en citer que quelques-un·es : Elisabeth Young-Bruehl remarque dans la biographie qu’elle consacre à Hannah Arendt (1999) que les thèses de Luxemburg sur l’impérialisme étaient pour Arendt un outil théorique non seulement dans la compréhension de l’impérialisme européen de la fin du 19siècle mais aussi dans celle de l’impérialisme américain au Vietnam et en Amérique latine ; David Harvey, quant à lui, situe ses thèses sur « l’accumulation par dépossession » dans une généalogie qu’il fait remonter à Rosa Luxemburg et à Hannah Arendt ; pour sa part, Anne Amiel rappelle que dans L’Impérialisme Arendt dialogue avec « l’historiographie marxienne – à commencer par Rosa Luxemburg envers laquelle elle est débitrice ».

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Vers une union queer du marxisme et du féminisme – Cinzia Arruzza

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Texte de la brochure :

Cet article est issu de la réélaboration du dernier chapitre de mon livre Las sin parte. Matrimonios y divorcios entre feminismo y marxismo, Critica & Alternativa, 2010. Le livre est dédié à la mémoire de Daniel Bensaïd, tout comme cet article qu’il m’avait demandé pour la revue ContreTemps. Il est paru une première fois dans la revue Contretemps (n°6).

La métaphore employée par Heidi Hartmann dans The unhappy marriage of marxism and feminism[1] illustre de façon efficace la rencontre manquée entre théorie féministe et théorie marxiste, du point de vue des faiblesses du marxisme. Leur union, souligne ironiquement Hartmann, reproduit en fait la logique du mariage entre homme et femme que l’on trouve dans la loi commune anglaise: de la même façon que pour mari et femme, marxisme et féminisme sont une seule chose, et cette chose est… le marxisme. Chaque fois que la question de cette union s’est posée, elle a été l’occasion soit de nier la spécificité de l’oppression des femmes, soit de démontrer qu’il s’agit bien d’une oppression seconde, subordonnée et moins importante que l’exploitation.

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Salaire contre le travail ménager – Silvia Federici

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Texte de la brochure :

Le texte de Silvia Federici (auteure aussi de « Caliban et la sorcière », paruen juin 2014 chez Entremonde et Senonevero) « Wages against Housework » paraît en 1975 et en 1977 dans sa traduction française dans un ouvrage collectif « le foyer de l’insurrection, Textes pour le salaire sur le travail ménager » édité par le collectif féministe l’Insoumise de Genève. Ce livre collectif rassemble uniquement des textes autour de la perspective du salaire contre le travail ménager à propos des luttes importantes sur cette perspective en Italie, en France, en Angleterre, aux USA, et au Canada. Continuer la lecture de Salaire contre le travail ménager – Silvia Federici