Des cinéastes militants en quête de sociabilité ouvrière. Prises de vues et prises de positions autour d’À bientôt j’espère – Catherine Roudé

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Catherine Roudé, docteure en histoire du cinéma et de l’audiovisuel de Paris 1, est l’autrice d’une thèse publiée, Le Cinéma militant à l’heure des collectifs. Slon et Iskra dans la France de l’après-1968 (PUR, 2017). Elle mène une recherche consacrée à la circulation et aux usages spectatoriels du cinéma militant des années 1960-1970 en France.

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La grève de la Rhodiaceta en 1967 – Nicolas Hatzfeld et Cédric Lomba

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Dans l’avant-68, la Rhodiaceta est une référence qui s’impose. Elle désigne une grève avec occupation de la principale usine de Besançon durant un mois, en février-mars 1967, au retentissement national. La référence tourne au mythe à partir d’un film, tourné par Chris Marker à Rhodia et diffusé en février 1968 à la télévision. Le titre, A bientôt, j’espère, reprenait les mots par lesquels un jeune ouvrier, Georges Maurivard, donnait rendez-vous aux patrons pour un futur combat. L’interpellation, superbe, prend en mai-juin une dimension prémonitoire et nourrit, dès lors, une lecture rétrospective des événements de 1968 : avant les étudiants de Nanterre, on peut trouver des prémisses ouvrières au mouvement. Or, ce n’est pas l’objectif visé par ce texte.

La grève de la Rhodia engage des jeunes, ouvriers, provinciaux ; croisant le fer avec l’autorité, rencontrant des gens de culture, ils osent parfois même devenir auteurs. Décentrés socialement et géographiquement par rapport à la scène plus connue des événements de 1968 sans lui être en rien étrangers, ces acteurs permettent d’affiner l’analyse de chacune des catégories qu’ils mobilisent, de travailler la pluralité des événements et d’en enrichir la compréhension générale. Mais le décentrement visé par cette étude est aussi temporel. En effet, il n’est pas question de s’en tenir à ce qui en cet hiver bisontin et industriel comprend déjà le printemps de mai, d’enserrer le temps d’avant dans une lecture téléologique. Au contraire, ce texte vise à reconstruire, autant que faire se peut, l’étrangeté d’un temps où l’on ne pensait pas 68, malgré l’expression d’espérances ou de craintes susceptibles d’en partager des éléments. Prosaïquement, il s’agit de reconstituer des faits[1], de repérer la consistance de ce qui s’est produit alors et de comprendre ce qui a fait événement à l’époque[2]. En rendant à la grève de 1967 son autonomie, l’analyse l’ancre pleinement dans la décennie des années 1960, une échelle moyenne de l’époque de la Modernité[3], reliée tant à la guerre d’Algérie qu’à 1968. Entre ces temps forts qualifiés tous deux d’« événements, l’analyse du conflit Rhodia établit un lien étonnamment fort et riche, qui mobilise les problé­matiques de la violence, de la contestation, de la solidarité et du collectif, ou de l’appropriation subversive de pratiques culturelles. La question ouvrière, ainsi traversée, devient beaucoup plus ample et complexe qu’un strict territoire de travail, et permet d’analyser des mutations plus larges dans la société française. Le cas de la Rhodia est à la fois exemplaire de cette présence ouvrière et singulier dans les manifestations qu’il en présente. Continuer la lecture de La grève de la Rhodiaceta en 1967 – Nicolas Hatzfeld et Cédric Lomba

Le cinéma pour Classe de lutte. Militantisme ouvrier et combat culturel après Mai 1968 – Catherine Roudé

 

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Classe de lutte (1969) est la première réalisation du groupe Medvedkine de Besançon. Cette expérience, initiée par l’intervention de Chris Marker et Mario Marret lors de la grève de la Rhodiaceta Besançon au printemps 1967, ambitionnait de déléguer aux ouvriers les outils de leur propre représentation. La fabrication du film tout comme ses réceptions successives en pointent les potentialités et les limites. Continuer la lecture de Le cinéma pour Classe de lutte. Militantisme ouvrier et combat culturel après Mai 1968 – Catherine Roudé

Medvedkine ou les ouvriers-cinéastes – Thibauld Weiler

 

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Le texte sur le site de Ballast

Les groupes Medvedkine ? L’histoire d’un collectif d’ouvriers-cinéastes qui, pendant près de 7 ans, de 1967 à 1974, réalisa des films de luttes — initialement orientés vers la grève qu’ils menaient dans leur usine Rhodiaceta, à Besançon et à Sochaux. Ces expériences filmiques restent aussi rares que précieuses : elles sapent les bases du mode traditionnel de production (notamment dans l’organisation du travail et la répartition des tâches, au tournage comme au montage) et défont les frontières entre filmeurs et filmés (et, dans ce cas précis, entre artistes cultivés et travailleurs modestes). Retour sur ce cinéma « armé ». Continuer la lecture de Medvedkine ou les ouvriers-cinéastes – Thibauld Weiler