Fraude électorale – Frédéric Lordon

Attention : Cette critique de l’électoralisme par Frédéric Lordon ne signifie pas qu’il appelle à systématiquement ne pas faire usage du vote. En effet, il en est fort critique, mais cela n’implique pas pour lui de ne pas évaluer la situation du vote et en certains cas il est pour voter mais sans en avoir des attentes délirantes. C’est ainsi que le 15 juin 2024, alors que le RN (Rassemblement National) était présenti comme ayant potentiellement la majorité absolue à l’assemblée nationale, il a publié Sale tartine.

Sale tartine / Sur les législatives 2024 – Frédéric Lordon

Avertissements

Chaque texte publié ici n’a pas l’approbation de toutes les personnes qui y participent. En fait, même l’adaptation d’un texte par une ou plusieurs personnes n’a pas pas forcément l’approbation de la ou les personnes adapteuses. Un simple intérêt suffit, et évidemment que ça respecte la vague ligne générale.

Au vue du contexte particulier (à savoir la fascisation en France et le Rassemblement National qui va vraisemblablement faire un bon score aux législatives), des propos d’actualité qui sont tenus dans la présente brochure (une critique de l’anti-électoralisme de principe et un appel à voter) et la présentation que nous en faisons, ces avertissements nous semblaient nécessaires. À bon·ne entendeur·e.

Présentation

En France, mais aussi plus généralement en Europe et pas que…, la fascisation progresse. Ça se fait sur fond de crise de la configuration actuelle du capitalisme, dont l’écologie n’y occupe pour le moment qu’une place mineure, du moins à minima en « Occident » / dans le « Nord global ». Sur son blogue « La pompe à phynance » hébergé par Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon avait déjà dédié spécifiquement plusieurs articles à ce propos pour le cas de la France : « Cap au pire », 10 novembre 2020 ; « Fury room », 22 mai 2021 ; « Sont-ils fous ? », 4 avril 2023 ; « Krach symbolique », 20 avril 2023 ; « De la république policière à la république fasciste ? », 26 juillet 2023 ; « Catalyse totalitaire », 15 octobre 2023 ; « Clarification », 17 janvier 2024.

Le 8 et 9 juin, se sont tenus en France les élections pour l’Union Européenne capitaliste. Le Rassemblement National (RN), anciennement Front National (FN), le parti historique d’extrême droite au sein de la 5e république bourgeoise de France, en a été le grand vainqueur avec un peu plus de 30%. La seconde liste, celle du parti présidentiel d’Emmanuel Macron (LREM / Renaissance), a fait plus de 2 fois moins, avec peu moins de 15%. Avec presque 14%, il y a ensuite eu la pseudo-gauche « socialiste » derrière Raphaël Glucksmann. La vraie gauche parlementariste, La France Insoumise (LFI) menée par Jean-Luc Mélenchon et avec là Manon Aubry comme figure de proue, a fait un peu moins de 10%. En non-négligeable, c’est suivi par le parti historique de droite (RPR-UMP-LR), ensuite par la pseudo-écologie (EELV), enfin par l’extrême droite bien dure (Reconquête, parti d’Éric Zemmour, avec là Marion Maréchal-Le Pen, qui a été éjectée juste après). La sociologie des élections européennes est certes particulière, tout comme les motivations pour cette élection, mais ces presque 40% pour des partis d’origine d’extrême droite sont tout de même un signe net de bifurcation.

Suite à ça, pour tenter de ré-affirmer son autorité, le président Emmanuel Macron a dissout l’assemblée nationale (AN) et donc déclenché des législatives extra-ordinaires. C’est à partir de cette situation et de ce coup de poker que Frédéric Lordon s’exprime ici.

Le texte (enfin !)

Pagnes partisans, fabrique des partis et participation politique des femmes des classes populaires au Malawi – Paul Grassin

Lien vers la brochure en pdf : Pagnes partisans

Texte de la brochure :

Élément central de la vie politique après l’indépendance en 1964, le pagne (chitenje, pluriel : zitenje) partisan – représentant les couleurs, les symboles du parti et le portrait de son leader – est aujourd’hui devenu un objet incontournable du rituel électoral au Malawi[1]. Généralement distribué lors des meetings de campagne, cet habit féminin est habituellement noué autour de la taille ou, de manière plus sophistiquée, porté en national suit lors de ces mêmes meetings[2]. Ainsi vêtues, les femmes s’engagent dans des chants et des danses collectives. En période de campagne, le pagne envahit l’ensemble du paysage : il habille les minibus qui sillonnent le territoire, décore les tribunes officielles, flotte en étendard à la cime des arbres… Mais, une fois le processus électoral achevé, le tissu partisan continue à circuler au quotidien et à occuper les espaces publics et domestiques, porté comme vêtement dans la vie de tous les jours, dans les champs et les marchés, mais aussi, plus singulièrement, utilisé comme linge de maison, comme rideaux ou pour transporter des marchandises. Le pagne n’est pas l’unique vêtement partisan à être distribué de la sorte et à circuler dans l’espace public malawite[3], mais il est particulièrement intéressant car exclusivement féminin, et permet donc de mettre en lumière la participation spécifique des femmes à la vie politique et partisane[4]. Continuer la lecture de Pagnes partisans, fabrique des partis et participation politique des femmes des classes populaires au Malawi – Paul Grassin