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Le texte sur le site du monde diplo
Une nouvelle puissance se cristallise à Washington. Plus pressée, plus idéologisée, plus privatisée que tous les complexes militaro-industriels antérieurs, la tech autoritaire ébranle les fondations de la démocratie comme jamais cela ne s’était vu depuis les débuts du numérique. La Silicon Valley ne se contente plus de produire des applis ; elle bâtit des empires.
En juillet dernier, dans les tréfonds de la machine bureaucratique du Pentagone, l’armée américaine a tranquillement sacrifié un pan essentiel de sa souveraineté sous couvert de rationalisation administrative. Agrégation de soixante-quinze contrats distincts, l’accord de 10 milliards de dollars signé avec Palantir Technologies est l’un des plus ébouriffants de l’histoire du département de la défense. La transaction entérine le transfert de fonctions militaires cruciales à une entreprise privée dont le fondateur, M. Peter Thiel, déclare ouvertement que « liberté et démocratie ne sont plus compatibles[1] ». Des décisions relatives à la détermination des cibles, aux mouvements de troupes et à l’analyse des renseignements seront ainsi de plus en plus fréquemment prises à l’aide d’algorithmes régis non par le commandement militaire mais par un conseil d’administration responsable devant ses actionnaires. L’armée n’achète pas ici un simple logiciel : elle cède son autonomie opérationnelle à une plate-forme dont elle ne pourra plus se passer.
Au-delà de Palantir, toute une coalition d’entreprises, d’investisseurs et d’idéologues réunis sous la bannière du « patriotisme » s’emploie à construire un système planétaire de contrôle techno-politique : la « stack autoritaire », par analogie avec la « stack technique », qui désigne l’ensemble des technologies utilisées pour construire une application. Ce système de contrôle est un empilement de plates-formes de serveurs distants, de modèles d’intelligence artificielle (IA), de rails de paiement, de réseaux de drones et de constellations de satellites. Là où l’autoritarisme traditionnel recourt à la mobilisation des masses et à la violence d’État, cette forme de pouvoir s’appuie sur l’infrastructure technologique et la coordination financière, rendant la résistance classique non seulement difficile, mais organiquement obsolète. On trouve aux commandes les figures les plus droitières de la Big Tech — MM. Thiel, Elon Musk, Marc Andreessen, David Sacks, Palmer Luckey et Alexander Karp —, dont les investissements servent un projet politique clair : redéfinir la souveraineté comme une classe d’actifs privés.
Cette capture des infrastructures critiques de l’État se manifeste dans cinq domaines stratégiques : les données personnelles, la monnaie, la défense, les communications par satellite et l’énergie.
Tout commence par la prise en main de l’architecture logicielle. Le contrat à 10 milliards conclu fin juillet confirme ce que les initiés savaient déjà : Palantir — cette société dont M. Stephen Miller, chef de cabinet adjoint de la Maison Blanche, détiendrait pour quelque 250 000 dollars d’actions[2] — tient désormais lieu de système d’exploitation par défaut du gouvernement américain.
Dans le domaine militaire, il intervient sur le champ de bataille, la chaîne logistique, la gestion du personnel et le renseignement. Sa plate-forme Foundry, initialement développée pour la contre-insurrection en Irak, a fait le bonheur du département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) en automatisant, via des algorithmes politiquement orientés, l’élaboration du budget, l’éligibilité aux aides sociales, les remboursements médicaux et les pensions d’anciens combattants. Un autre outil de Palantir, ImmigrationOS, permet à la police de localiser les étrangers en situation irrégulière et de gérer les flux d’arrestations et d’expulsions.
Si Palantir forme la colonne vertébrale de l’État autoritaire en matière de données, Anduril en est le bras armé. Cette compagnie cofondée par MM. Luckey (le créateur d’Oculus) et Trae Stephens (un ancien de Palantir) transforme la maîtrise de l’information en puissance de combat autonome. Valorisée à 30,5 milliards de dollars — un montant qui reflète autant sa réussite commerciale que son emprise croissante sur des infrastructures militaires cruciales —, elle détient plus de 22 milliards en contrats de défense. Sa plate-forme Lattice combine flux satellite, images radar et photos de terrain au sein d’un système de commandement unique capable de planifier et d’exécuter des opérations à la vitesse de l’éclair. Anduril se targue d’atteindre une autonomie de « niveau 5 » : décollage, identification de la cible, frappe et retour au bercail sans intervention humaine. « Autonomie » est aussi le maître-mot de l’initiative « Unleashing U.S. Military Drone Dominance » (débrider la domination militaire américaine en matière de drones), annoncée en juillet par le secrétaire à la défense Peter Hegseth, qui vise à l’intégration complète de systèmes d’armement autonomes d’ici à 2027.
Un peu plus haut dans le ciel, Starshield, la constellation de satellites militaires secrets de SpaceX, marque la privatisation d’un domaine qui relevait jusqu’alors de la compétence exclusive de l’État : les communications en orbite terrestre basse. Promue comme une « infrastructure souveraine », elle reste en fait détenue et contrôlée par la société de M. Musk. Quand les communications sur les théâtres de guerre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) dépendent d’un homme qui soutient ostensiblement les partis d’extrême droite européens, l’autonomie de la défense devient une pure chimère. Le Pentagone étudie la possibilité d’utiliser Starship, la fusée de SpaceX, comme plate-forme logistique pour déplacer troupes et matériel à travers le globe en moins d’une heure[3]. Là encore, la « souveraineté » qu’elles promettent se traduit surtout par de l’opacité pour les citoyens, qui perdent tout droit de regard, et un fil à la patte des gouvernements, de plus en plus captifs d’infrastructures industrielles privées.
Convergences et connivences
Alimenter les fermes de serveurs qui propulsent ces outils nécessite un courant stable et puissant que seules les technologies nucléaires avancées peuvent fournir à l’échelle voulue. L’usine d’enrichissement d’uranium de General Matter — la première aux mains d’intérêts privés sur le sol américain depuis 2013 — est financée en partie par le Founders Fund de M. Thiel (lequel siège au conseil d’administration) et gérée par d’anciens ingénieurs de SpaceX. La convergence n’est pas fortuite. Pour le secrétaire à l’énergie Christopher Wright, le nucléaire de demain répond à une question de domination technologique bien plus que d’indépendance énergétique : « L’IA est une industrie énergivore. Plus vous investissez d’énergie, plus vous produisez d’intelligence[4]. »
Pour comprendre comment cette capture a pu s’opérer si rapidement, il suffit d’observer les protagonistes.
Aujourd’hui, le pantouflage ne se limite plus à un mouvement de va-et-vient entre gouvernement et industrie ; il y a imbrication de ces deux univers au sein d’une nouvelle architecture du pouvoir. M. James D. Vance, actuel vice-président, aurait probablement connu une ascension politique moins fulgurante si M. Thiel ne l’avait pas aidé, en 2022, à remporter son siège de sénateur de l’Ohio via une contribution de 15 millions de dollars — la plus importante donation individuelle à un candidat au Sénat. M. Michael Kratsios, ancien bras droit du même Thiel, dirige maintenant le bureau de la politique scientifique et technologique de la Maison Blanche. M. Michael Obadal, nommé en mai sous-secrétaire à l’armée (le deuxième rang civil dans la hiérarchie du Pentagone), a occupé un poste de direction chez Anduril et détenait encore pour 1 million de dollars d’actions de la société lors de sa confirmation par le Sénat en septembre.
- Gregory Barbaccia a passé dix ans à la division renseignement de Palantir avant de devenir directeur des systèmes d’information du gouvernement fédéral, où il supervise des programmes d’intégration de données qui enrichissent directement son ancien employeur. M. Clark Minor, son homologue au département de la santé et des services sociaux, était un haut responsable chez Palantir, compagnie qui a bénéficié de près de 300 millions de dollars de contrats de ce même département entre 2021 et 2024. Le summum est peut-être atteint avec le Détachement 201, une unité créée en juin par le Pentagone pour encourager l’«innovation », qui comprend quatre poids lourds de Palantir, Meta et OpenAI élevés au grade de lieutenant-colonel[5]. On brouille ainsi, à dessein, la frontière entre sous-traitants et commandants, entre quête de profit et défense nationale.
Maintenant, suivez les capitaux, et le plan se dévoile.
L’ossature est formée par Founders Fund, navire amiral de M. Thiel, fort de 17 milliards de dollars. En juin, il a dominé le dernier tour de financement d’Anduril avec une participation de 1 milliard. Positionné très tôt dans le renseignement et les communications satellites, il est le premier actionnaire institutionnel de Palantir et de SpaceX. À rebours du capital-risque traditionnel, plus passif, le fonds intervient directement dans les choix stratégiques d’entreprises qui redéfinissent le périmètre de l’État. M. Stephens est en même temps président exécutif d’Anduril et associé chez Founders Fund. M. Delian Asparouhov, un autre associé, est aux commandes de Varda Space Industries, qui ambitionne de construire la première station spatiale à usage industriel. M. Scott Nolan, président-directeur général (PDG) de General Matter, a lui aussi conservé ses fonctions au sein du fonds.
Créé par des proches de MM. Thiel et Vance, 1789 Capital symbolise à la fois la mutation dynastique du capital-risque et le lien qu’entretient le pouvoir présidentiel avec les profits de l’armement. L’arrivée de M. Donald Trump Jr., le fils du président, en tant qu’associé en novembre 2024 s’est traduite par un changement d’échelle. Parti de 150 millions de dollars, le fonds pèse désormais plus de 1 milliard. Champion autoproclamé de l’« investissement patriotique », il a déjà injecté plus de 50 millions dans l’empire de M. Musk (SpaceX pour la domination spatiale, xAI pour l’IA militaire)[6].
Avec 600 millions de dollars d’actifs, le fonds American Dynamism, lancé par Andreessen Horowitz (a16z), investit dans les technologies de défense et soutient les individus qui « construisent » l’Amérique. M. Andreessen lui-même avait battu le rappel des milliardaires de la Silicon Valley pour soutenir la candidature de M. Trump en 2024. Plus discrets, les géants 8VC et General Catalyst n’en sont pas moins influents. M. Joseph Lonsdale, fondateur de 8VC et cofondateur de Palantir, a œuvré avec M. Musk au sein de l’organisation America PAC, instrument essentiel de la victoire de M. Trump. General Catalyst a mené un tour de financement de 1,48 milliard de dollars pour Anduril, et 8VC a investi 450 millions dans l’entreprise de défense. La stratégie porte ses fruits : en 2025, Palantir caracole en tête de l’indice boursier S & P 500 avec des résultats trimestriels qui dépassent le milliard, tirés par une hausse de 53 % dans le secteur des contrats publics.
Quand votre client ne peut pas vous quitter parce que vous êtes devenu son système d’exploitation, cela ne s’appelle plus du profit, mais du pouvoir. Un pouvoir qui menace désormais autant la souveraineté européenne que la démocratie américaine.
En Italie, les responsables de la défense envisagent de confier à Starlink, le système de M. Musk, la gestion de leurs communications cryptées par satellite. En Allemagne, où l’utilisation des outils de surveillance de Palantir par la police de plusieurs Länder (Hesse, Bavière et Rhénanie-du-Nord-Westphalie) a provoqué de vives protestations ainsi qu’un recours devant la Cour constitutionnelle, les autorités fédérales n’excluent pas de les généraliser à l’ensemble du pays[7].
La Bundeswehr, elle, se trouve pieds et poings liés à Anduril depuis que Rheinmetall, premier groupe de défense allemand, a annoncé le 18 juin dernier son partenariat avec la société américaine : des versions « européennes » des missiles Barracuda et des drones autonomes Fury pourraient être déployées au niveau de l’OTAN. En réalité, l’architecture sous-jacente reste américaine : les systèmes européens utilisent Lattice, reçoivent continuellement des mises à jour des serveurs californiens et fonctionnent dans un cadre paramétré par la Silicon Valley.
Le Royaume-Uni a atteint un stade de dépendance encore plus avancé. Depuis 2023, le National Health Service (NHS) gère les données de dizaines de millions de patients via la Federated Data Platform de Palantir, qui lui a coûté 330 millions de livres sterling. Le gouvernement a pourtant dû payer 8 millions de livres au cabinet d’audit KPMG en mai dernier pour tenter de vaincre les réticences de certains groupes hospitaliers à adopter l’outil. Il faut croire que la bride tenue par M. Thiel n’était pas encore assez courte, puisque Londres a aussi conclu en septembre dernier un partenariat de défense à 1,5 milliard de livres qui fait du pays l’une des plaques tournantes des systèmes d’IA militaire de Palantir.
Ces décisions n’ont pas donné lieu à des débats parlementaires dignes de ce nom. Peu d’entre elles ont fait la « une » des journaux. Elles révèlent pourtant avec quel empressement les gouvernements du Vieux Continent, qui se gargarisent d’autonomie stratégique, sont prêts à céder de leurs prérogatives à des plates-formes américaines dont les dirigeants méprisent ouvertement les démocraties européennes.
Intellectuels-oligarques
À chaque nouveau contrat, le piège se resserre. Lorsque les services de l’État ne peuvent plus fonctionner sans Palantir, que les drones d’Anduril deviennent la norme au sein de l’OTAN et que les modèles d’IA qui font tourner tout le reste sont alimentés par des centrales nucléaires, il n’y a plus de retour en arrière possible.
Ce qui se dévoile alors n’est pas une mainmise industrielle classique, mais une mutation fondamentale de la souveraineté : d’autorité politique exercée via des institutions relativement démocratiques, elle se transforme en capacité technique contrôlée par des intérêts privés. Pendant qu’à Bruxelles on palabre sur la « souveraineté numérique », les pays européens signent des partenariats qui hypothèquent leur autonomie et encodent la logique antidémocratique dans les structures mêmes du pouvoir.
La métamorphose politique de la Silicon Valley marque la maturation de ce qu’Evgeny Morozov appelle les « intellectuels-oligarques », ces « nouveaux législateurs » qui utilisent l’infrastructure technologique pour propager leur évangile et bâtir une gouvernance postdémocratique[8]. Ce qui avait débuté comme un repli libertarien se métamorphose en prise de contrôle autoritaire. Ceux qui hier entendaient se soustraire à l’autorité des États en créant des nations autonomes au milieu de l’océan occupent aujourd’hui les plus hautes fonctions gouvernementales. Ayant échoué à construire des institutions parallèles, ils ont trouvé plus efficace : devenir l’infrastructure étatique.
C’est peut-être dans le domaine des cryptomonnaies que leur réussite est le plus flagrante. Dans le cadre du « Genius Act » de M. Trump, les cryptomonnaies stables (stablecoins) sont désormais érigées en « infrastructure de sécurité nationale », ce qui revient à conférer à des émetteurs privés des quasi-pouvoirs de banque centrale. En juin dernier, le secrétaire au Trésor Scott Bessent a évalué la demande de bons du Trésor ainsi générée à 2 000 milliards de dollars.
Comme les techno-autoritaires l’ont bien compris, il n’est nul besoin de gagner des élections pour exercer le pouvoir ; il suffit de décrocher des contrats. Chaque appel d’offres réduit un peu plus le choix démocratique, jusqu’à ce que seules demeurent les options techniquement permises par une infrastructure mise au service des actionnaires. Vidée de son contenu, la démocratie ne survit que comme ancienne interface, conservée dans un souci de stabilité.
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Le site authoritarian-stack.info répertorie et cartographie les firmes, acteurs, flux et généalogie de la tech autoritaire américaine et ses évolutions globales. Il n’existe pas actuellement de traduction en français.
Il est produit et géré par des équipes de chercheur·euses (Autonomy Institute[9] et xof-research[10]) dirigées par l’autrice de cet article, à partir de données libres et publiques.
[1] Peter Thiel, « The education of a libertarian », Cato Unbound, 13 avril 2009. https://www.cato-unbound.org/2009/04/13/peter-thiel/education-libertarian
[2] Nick Schwellenbach, « Stephen Miller’s financial stake in ICE contractor Palantir », Project on Government Oversight, 24 juin 2025. https://www.pogo.org/investigations/stephen-miller-conflicts-of-interest
[3] Audrey Decker, « Pentagon eyes Starship, designed for Mars, for military missions somewhat closer to home », Defense One, 15 mars 2024.
D’autres solutions telles que le GovCloud d’Amazon Web Services ou Azure Government de Microsoft — en partenariat avec OpenAI, Meta et Anthropic — font désormais partie intégrante d’opérations militaires et de renseignement secrètes. Pour une synthèse, cf. Andrea Coveri, Claudio Cozza et Dario Guarascio, « Big Tech and the US digital-military-industrial complex », Intereconomics, vol. 60, n° 2, Hambourg, 2025.
[4] « Secretary of Energy Chris Wright delivers keynote remarks at CERAWeek 2025 », U.S. Department of Energy, 10 mars 2025. https://www.energy.gov/articles/secretary-energy-chris-wright-delivers-keynote-remarks-ceraweek-2025
[5] MM. Shyam Sankar, directeur de la technologie chez Palantir, Andrew Bosworth, son homologue chez Meta, Kevin Weil, chef de produit chez OpenAI, et Robert McGrew, ancien directeur de la recherche chez OpenAI. Cf. Ashley Roque, « Palantir, Meta, OpenAI execs to commission into army reserve, from “Detachment 201” », Londres, Breaking Defense, 13 juin 2025. https://breakingdefense.com/2025/06/anduril-meta-openai-execs-to-commission-into-army-reserve-form-detachment-201/
[6] Alexandra Ulmer et Joseph Tanfani, « Trump-linked venture fund 1789 Capital tops $1 billion in assets », Reuters, septembre 2025. https://www.reuters.com/investigations/trump-linked-venture-fund-1789-capital-tops-1-billion-assets-2025-09-08/
[7] Angelo Amante et Crispian Balmer, « Italy’s defence minister says decision on Musk’s Starlink should be technical », Reuters, 15 avril 2025, et Marcel Fürstenau, « German police expands use of Palantir surveillance software », Deutsche Welle, 8 avril 2025. https://www.dw.com/en/german-police-expands-use-of-palantir-surveillance-software/a-73497117
[8] Lire Evgeny Morozov, « Les intellectuels-oligarques, nouveaux législateurs de la Silicon Valley », en deux parties, Silicon Circus, Les blogs du « Diplo », 14 et 17 avril 2025.
https://blog.mondediplo.net/les-intellectuels-oligarques-nouveaux
https://blog.mondediplo.net/les-intellectuels-oligarques-II
[10] https://xof-research.org/
